A priori, il n'y a qu'à se baisser pour achever la bête blessée. Le Portugal, taillé en pièces par l'Allemagne (2-4) lors du dernier match, est à l'agonie. La Selecção avait tout simplement laissé la Nationalmannschaft lui rouler dessus sans résistance. Le scénario peut-il se répéter contre les Bleus, dont le potentiel offensif (Benzema, Griezmann, Mbappé, Pogba) est encore plus impressionnant ? Cela est moins évident.
Les Bleus sont déjà qualifiés, le Portugal en mode carapace
La première raison est d'ordre mental. Les Bleus sont déjà qualifiés pour les huitièmes de finale de l'Euro 2020. Ils ne devraient donc pas avoir la même envie brûlante que l'Allemagne de faire exploser le Portugal. La Nationalmannschaft, elle, jouait pour sa survie après sa défaite initiale contre la France (0-1). Le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps n'a d'ailleurs même pas prononcé le mot "victoire" ou le verbe "gagner" , mardi 22 juin, en conférence de presse d'avant-match contre le Portugal. "On veut obtenir le meilleur résultat possible" , s'est contenté de glisser le patron des Bleus.
Le Portugal, de son côté, a beaucoup plus à perdre qu'à gagner contre la France. En cas de résultats défavorables dans le groupe E de l'Espagne ce mercredi 23 juin, la Selecçao prendrait la porte si elle perd par trois buts d'écart face aux Bleus. Les Portugais ont donc toutes les raisons d'assurer leurs arrières et de chercher, avant tout, à ne pas encaisser (trop) de buts. D'autant qu'après une lourde défaite, toutes les équipes cherchent d'abord à se rassurer défensivement plutôt qu'à se jeter à l'attaque en laissant des espaces.
L'Allemagne a trouvé la recette pour couler le Portugal
Mais c'est aussi d'un point de vue tactique que la France a moins de possibilités de faire mal au Portugal que l'Allemagne. Si la Nationalmannschaft a pu étriller le Portugal comme elle l'a fait la semaine dernière, c'est d'abord grâce à son dispositif moderne, en 3-4-2-1. En étant positionnés haut et sur la largeur, les défenseurs centraux excentrés (Ginter et Rüdiger) mobilisaient les ailiers portugais (Bernardo Silva et Diogo Jota). Les latéraux de la Selecçao (Semedo et Guerreiro) devaient eux se recentrer pour gérer les électrons libres Havertz et Müller, qui venaient régulièrement se placer dans les demi-espaces. Ainsi, les pistons allemands (Kimmich et le bluffant Gosens) avaient tout le loisir de s'engouffrer dans les gouffres béants laissés par le naufragé Semedo et son compère à gauche.
Tactiquement, les Bleus ne sont pas l'Allemagne
Mais les Bleus, eux, ne peuvent pas et ne devraient pas faire peser ce genre de menace au Portugal avec leur composition traditionnelle à deux latéraux. Et encore moins avec le onze prévu face à la Selecçao. En effet, c'est Jules Koundé, habituel défenseur central, qui devrait connaître son grand baptême du feu en compétition internationale au poste de latéral droit. Inutile de préciser que le Sévillan devrait la jouer de manière prudente pour sa première titularisation. Et devant lui, c'est Corentin Tolisso qui devrait occuper le poste d'ailier droit. Pour le milieu relayeur du Bayern, qui a évolué sentinelle lors des matchs de préparation, ce sera aussi une découverte. Enfin, de l'autre côté, Lucas Hernandez n'est pas connu pour être le plus offensif des latéraux.
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Ainsi, c'est plutôt une configuration classique qui attend Français et Portugais sur les côtés, avec les latéraux qui défendent sur les ailiers et inversement. Le Portugal devrait d'ailleurs jouer plutôt bas pour empêcher Mbappé de faire vivre un enfer à Semedo. Enfin, en phase offensive, la France compte un élément de moins (Griezmann au soutien de Mbappé). L'Allemagne, elle, avait deux poisons entre les lignes avec Havertz et Müller pour accompagner Gnabry. L'apport de Paul Pogba sera donc déterminant si la France veut déguster le Portugal à la sauce allemande.