À mi-saison, Liverpool et Chelsea ne peuvent plus se cacher. Respectivement 9e et 10e de Premier League, à égalité de points (les Reds comptent un match de moins), ces deux mastodontes du football anglais déçoivent. Assujettis à la même crise sportive, leurs similitudes demeurent toutefois bien rares. Sur les bords de la Mersey, le changement se fait attendre. À Londres, il est arrivé brusquement.

Chelsea fait sa révolution, Liverpool vit sa fin de cycle

Que ces derniers mois ont été riches en rebondissements du côté des Blues. Dès le mois de mars, l'invasion de l'Ukraine par la Russie marquait un tournant pour le club londonien. Son propriétaire russe, Roman Abramovitch, se voyait alors sanctionné par le gouvernement britannique. Privé de toute activité commerciale, Chelsea est partiellement paralysé. Acculé, l'oligarque russe n'a pas d'autre choix que de mettre en vente le club dont il est à la tête depuis 2003. Après une période incertaine, Todd Boehly rachète les pensionnaires de Stamford Bridge pour 4,97 milliards d'euros. Digne successeur d'Abramovitch, il ne tarde pas à investir en masse. Cependant, après un début d'exercice décevant, l'homme d'affaires américain décide de se séparer de l'entraîneur Thomas Tuchel. Marqué par tant de bouleversements, Chelsea peine encore à trouver de la stabilité.

Todd Boehly (au centre), est le président de Chelsea. (Icon Sport)
Todd Boehly (au centre), est le président de Chelsea. (Icon Sport)

Dans le même temps, Liverpool réalise une fin de saison 2021-22 de haut niveau. Vainqueurs de la FA Cup et vice-champion d'Angleterre, les Reds jouent aussi une troisième finale de C1 en cinq ans. Malgré cette compétitivité, l'exercice suivant n'est pas à la hauteur. L'équipe apparaît usée, tant sur le plan tactique que physique, en témoigne les très nombreuses blessures. Il faut dire qu'en quatre ans, l'effectif de Jürgen Klopp a assez peu changé au regard de ce que l'on peut voir un peu partout en Europe. La recette ne fonctionne plus, mais l'Allemand a des excuses. Depuis quelque temps, la direction lui accorde moins de moyens, en dépit de résultats pourtant souvent exceptionnels. Par ailleurs, elle se montre globalement beaucoup plus discrète. Et pour cause, The Athletic révélait la mise en vente du club en fin d'année dernière. Engourdis par une baisse d'ambition venue d'en haut, les Merseysiders semblent condamnés à limite la casse avant le souffle d'un vent nouveau.

Boehly flambe

Cette saison, Chelsea se signale plus souvent sur le marché des transferts que sur le terrain. L'été dernier, Boehly avait tenu à cacheter sa prise de pouvoir. Fofana, Cucurella, Sterling, Koulibaly, Chukwuemeka ou encore Aubameyang, tous ont rejoint Londres. Pour cet hiver, il n'y a pas de baisse de régime et les arrivées de Mudryk, Badiashile, Andrey, Fofana ou encore Joao Félix le prouvent. Au total, les Blues ont dépensé 425 M€ sur l'exercice en cours. En prenant en compte les ventes, le club présente pour l'instant une dépense nette de 369M€ en termes de transferts. Pour l'instant, ce luxe n'a pas l'air de rendre service tant que cela à Graham Potter. Depuis fin octobre, l'ancien coach de Brighton connaît d'ailleurs de grosses difficultés à présenter son équipe sous son meilleur jour. En un peu plus de quatre mois, il n'a pas encore trouvé l'équilibre.

Klopp patiente

Chez les supporters des Reds, on envie sans doute un peu les dépenses réalisées par Chelsea. À rappeler la signature de Nunez, on pourrait penser qu'ils ne sont pas à plaindre. Pourtant, à y regarder de plus près, les ventes de l'été ont permis d'assumer complètement le transfert de l'Uruguayen. Dans l'entrejeu, alors que l'on assiste à l'effondrement du milieu de terrain de Liverpool depuis plusieurs mois, aucun recrutement n'a été fait. Aujourd'hui, ce secteur de jeu résume à lui seul la froideur des dirigeants à investir. Constamment interrogé sur de potentielles arrivées, Jürgen Klopp marche sur des œufs en conférence de presse. "Non", "peut-être", mais "pas n'importe qui" constituent autant de réponses données par le manager. Aujourd'hui, il est clair qu'il dispose d'un budget limité, qui le contraint probablement à réaliser le coup parfait.

Devant, le recrutement de Gakpo au début du mois fait presque figure d'anomalie. Face à la concurrence de Manchester United, Jürgen Klopp et son staff ont probablement su convaincre la direction de l'immédiateté du dossier. Cette réticence de Fenway Sports Group à investir peut sembler nouvelle, mais en réalité, elle ne date pas de cette saison. Sur les cinq dernières années, Liverpool a réalisé une dépense nette de 287M€ sur le marché des transferts. C'est bien entendu très loin des 565M€ de Chelsea, et c'est encore plus éloigné des 608M€ de Manchester United. Parmi les cadors, Arsenal (489M€) et Tottenham (368M€) ont aussi davantage déboursé. Plus surprenant, des clubs comme West Ham (407M€), Newcastle (349M€), Aston Villa (307M€) ou même Wolverhampton (291M€) n'ont rien à envier aux Reds. Sur cette période, ces derniers ont pourtant tout gagné et le club présente des bilans financiers remarquables. Pour Klopp, redevenir compétitif ne passera pas que par le terrain. La vente du club s'annonce salvatrice, alors qu'une enveloppe de 200 à 250M€ est déjà évoquée pour l'été prochain.