En Angleterre, plus que partout ailleurs, l'annonce de la création de la Super League a provoqué une onde de choc dévastatrice. Berceau du football, fondé par des ouvriers, le pays a une culture footballistique traditionnellement populaire. Le coup de force des dirigeants de la Super League, au mépris de ces valeurs, a ainsi réveillé les passions du pays pour ses origines et suscité un mouvement de contestation sans précédent.
- A lire aussi : Super League : avec trois clubs encore debout, le projet est-il déjà mort et enterré ?
Les autres clubs déclarent la guerre aux six déserteurs
Les clubs anglais non concernés par le projet ont rapidement crié leur indignation au visage des six clubs frondeurs, considérés comme des parias. Leeds a été le premier à réagir de façon concrète. Avant le match de Premier League contre Liverpool (1-1), lundi 19 avril, les joueurs de Marcelo Bielsa ont affiché un maillot avec l'inscription "Football is for the fans" ("Le football est pour les fans").
Everton a lui fracassé les six sécessionnistes dans un communiqué. "Six clubs qui agissent uniquement dans leur propre intérêt. Qui choisissent de manquer de respect à tous les autres clubs de la Premier League. Qui prennent pour acquis, voire trahissent, la majorité des supporters de football." Wolverhampton, enfin, a tout bonnement rayé les "vendus" de la carte. Les Wolves se sont en effet proclamés champions d'Angleterre 2019, après leur septième place derrière les six "traîtres".
Entraîneurs et joueurs des six frondeurs sonnent la révolte
Choqués par l'hostilité affichée par les autres clubs, les décideurs de Manchester City, Manchester United, Liverpool et les autres n'étaient pas au bout de leurs peines. Au sein même de leurs clubs, ils ont été confrontés à une opposition toute aussi farouche. Jürgen Klopp (Liverpool) et Pep Guardiola (Manchester City) ont été les premiers entraîneurs à manifester leur désapprobation.
Les joueurs, eux non plus, ne se sont pas fait prier. Marcus Rashford (Manchester United) et tant d'autres ont fait part de leur colère sur les réseaux sociaux. James Milner (Liverpool) a lui été le premier à prendre publiquement position, face caméra, contre la Super League. Jordan Henderson, le capitaine des Reds, est même allé plus loin. Il aurait convoqué les 19 capitaines de Premier League pour communiquer une réponse commune contre la Super League.
Le déferlement de rage des supporters
Ce sont surtout les supporters, garants de la tradition du football anglais, qui ont été les plus véhéments. Sur les réseaux sociaux, la réplique a été quasi immédiate. De nombreux groupes de fans des six clubs frondeurs ont immédiatement craché leur hostilité. Un groupe de Chelsea a notamment dénoncé une "trahison ultime". Un autre d'Arsenal a déploré "la mort du club en tant qu'institution".
De façon plus concrète, des supporters de Liverpool ont marqué le coup à Anfield. Devant leur stade mythique, ils ont affiché des banderoles hostiles au projet. "Honte à vous. R.I.P Liverpool. 1892-2021" , pouvait-on lire notamment.
Mais ce sont probablement ceux de Chelsea qui ont réalisé la plus grande démonstration de force. Ils ont ainsi manifesté dans Londres, puis devant Stamford Bridge avant le match des Blues contre Brighton (0-0), mardi soir 21 avril. A cette occasion, la légende du club Petr Čech a été violemment pris à partie.
Un sponsor de Liverpool se retire
Pour ne rien ajouter, des sponsors et des diffuseurs ont asséné le coup de grâce. Le sponsor Tribus a ainsi mis fin à son partenariat avec Liverpool. Sky Sports et BT, diffuseurs du football en Angleterre, se sont aussi positionnés contre le projet. Et c'est probablement ce qui a fait le plus mal aux patrons des six parias, puisque l'impact visé portait directement sur le portefeuille.
Les menaces de la Ligue anglaise et du gouvernement font céder les 6 frondeurs
Mais ce sont probablement les menaces de la Ligue anglaise (FA) et du gouvernement britannique qui ont le plus effrayé les patrons dissidents. La puissante FA a ainsi menacé de bannir les clubs concernés de toutes les compétitions nationales.
Quant au Premier ministre Boris Johnson, il est tout de suite monté au créneau contre la Super League. "Cela toucherait au coeur de notre jeu national" , a-t-il indiqué. Il a aussi précisé que son gouvernement "ferait tout son possible" pour empêcher la Super League. Et ce n'était pas que de la communication. En effet, selon le Guardian, le gouvernement envisageait ainsi de ne plus délivrer de permis de travail pour les joueurs étrangers des clubs dissidents.
L'argent de l'UEFA, la réelle raison derrière le retrait ?
Enfin, un dernier argument, et pas des moindres, aurait convaincu les frondeurs de rebrousser chemin. Outre les sévères menaces d'exclusion des compétitions que l'instance a fait planer, le quotidien espagnol Mundo Deportivo révèle que l'UEFA aurait carrément proposé "une somme importante d'argent" aux six clubs anglais pour qu'ils se rétractent. Née par l'argent, morte par l'argent, la Super League ?