La fameuse arrogance de l'Ajax ? Mardi 7 décembre, après la nouvelle victoire du club néerlandais en Ligue des champions contre le Sporting (4-2), l'entraîneur Erik ten Hag a laissé entendre qu'il ne craignait aucun adversaire en huitième de finale de la compétition. Au contraire, ce sont plutôt les autres équipes qui devraient se faire du souci à l'approche du tirage au sort, ce lundi 13 décembre...
"Je ne regarde jamais les tirages au sort. On verra sur qui on tombe. On sait que ce sera difficile, mais nous sommes en confiance. Nous savons que nous pouvons réaliser quelque chose. Aucune équipe n'appréciera d'être tirée au sort contre l'Ajax."
Erik ten Hag, l'entraîneur de l'Ajax, après le match contre le Sporting
L'Ajax, cet épouvantail
Il faut dire que Ten Hag a de quoi appuyer ses propos. Son équipe, qui a réalisé un carton plein (6 succès en autant de journées), a littéralement roulé sur ses adversaires dans son groupe de Ligue des champions. Le Borussia Dortmund, vice-champion d'Allemagne, et le Sporting, champion du Portugal, ont été passés à la même moulinette que Beşiktaş. Le BvB a notamment été corrigé 4-0, puis 3-1 au Signal Iduna Park. Le Sporting a été humilié 5-1 chez lui, avant d'encaisser quatre buts supplémentaires lors de la dernière journée. C'est simple : avec 20 buts inscrits, l'Ajax est la deuxième meilleure attaque de la phase de groupes derrière le Bayern.
Il y a donc de quoi être inquiet pour les autres huitièmes de finalistes, surtout lorsqu'on regarde quelques années en arrière. Lors de la saison 2018/2019, c'est un Ajax tout aussi affriolant et intrépide qui s'était hissé en demi-finales de la Ligue des champions, avec déjà un certain Erik ten Hag à la baguette...
Un homme fait notamment figure d'épouvantail : Sébastien Haller. L'attaquant franco-ivoirien est devenu le deuxième joueur de l'histoire à marquer lors des 6 journées d'une phase de groupes de Ligue des champions. Et il s'agissait tout simplement de ses 6 premiers matchs dans la compétition ! Haller, qui termine la phase de groupes avec 10 réalisations, avait déjà écrit l'histoire en devenant le premier homme à inscrire un quadruplé pour son premier match en Ligue des champions.
Pourquoi l'Ajax ne doit pas s'emballer
On l'aura compris, l'Ajax fait peur. Mais beaucoup moins qu'en 2018/2019, quand on y regarde de plus près. Certes, des tauliers comme Dušan Tadić, Daley Blind et Noussair Mazraoui sont encore là. Mais à l'époque, les Lanciers pouvaient compter sur des diamants comme Frenkie de Jong, Matthijs de Ligt, Hakim Ziyech et Donny van de Beek. Ces perles ont été remplacées par des joueurs certes très emballants, mais dont la qualité individuelle reste moindre. C'est le cas des gauchers Antony (ailier droit) et Steven Berghuis (milieu offensif), qui résistent moins bien au jeu sous pression. Et si Sébastien Haller est un buteur impressionnant, il traîne aussi un certain déchet technique, y compris face aux cages.
En réalité, l'Ajax n'a pas encore été réellement testé. Le Borussia Dortmund a été méconnaissable, le Sporting redécouvrait la Ligue des champions... La formation d'Erik Ten Hag n'a pas eu de mal à prendre ces équipes à la gorge pour jouer loin de son but. Le tacticien néerlandais s'est aussi retrouvé face à des entraîneurs qui n'avaient pas les armes tactiques pour contrecarrer le jeu de combinaisons et le pressing haut des Lanciers. La défense de l'Ajax a ainsi souvent été peu exposée. Mais face à une équipe qui sait ressortir le ballon proprement sous pression, cela pourrait être une autre histoire...
Une défense qui pourrait exploser
Même s'il possède la troisième meilleure défense de la phase de groupes de Ligue des champions (5 buts encaissés), l'Ajax ne brille pas par sa sérénité derrière. Lisandro Martínez est un défenseur central au jeu risqué, capable de signer un tacle mal maîtrisé à tout moment. Son compère Jurriën Timber n'a que 20 ans et découvre le haut niveau cette saison. Daley Blind, lui, dépanne au poste de latéral gauche, mais le trentenaire est souvent dépassé par l'explosivité et la vitesse des ailiers adverses.
Au milieu, le "Pogba néerlandais" Ryan Gravenberch manque encore d'expérience et peut mettre son équipe en danger s'il joue trop avec le feu. Enfin, c'est... le troisième gardien Remko Pasveer (38 ans) qui garde les cages de l'Ajax, André Onana étant en instance de départ après son retour d'une suspension de 10 mois.
Ten Hag, l'ensorceleur ensorcelé ?
Jusqu'à présent, l'Ajax s'est imposé comme une machine de guerre grâce au génie tactique d'Erik ten Hag. Mais l'ancien entraîneur d'Utrecht devrait trouver à qui parler face aux meilleurs "cerveaux" du continent. Et cet hiver, c'est bien le sien (de cerveau) qui pourrait exploser. En effet, Ten Hag est un homme courtisé par de gros clubs, qui pourraient bien lui faire tourner la tête.
Tottenham avait notamment voulu en faire le successeur de José Mourinho, mais le mariage ne s'était finalement pas fait. Newcastle l'a aussi sondé récemment, et Manchester United songerait à lui confier son banc l'été prochain. Même Manchester City penserait à lui pour en faire le successeur de Pep Guardiola. Et Ten Hag a bien conscience que, cette fois, il ne doit pas laisser filer le train du prestige. Lors d'une récente interview au Volkskrant, il a ainsi fait savoir qu'il était "prêt" à rejoindre un club étranger de premier plan. Le magicien Ten Hag ferait bien de ne pas trop se disperser car, sans lui, cet Ajax fait tout de suite moins peur.