Il y a le feu à la maison OM. Un centre d'entraînement attaqué, un entraîneur qui démissionne, des résultats énervants et des joueurs à bout de nerf, des supporters qui se désabonnent en masse... Mais au lieu d'éteindre l'incendie, l'Olympique de Marseille s'apprête à rajouter de l'huile sur le feu. Comment ? En nommant un pyromane sur son banc. Jorge Sampaoli, 60 ans, entraîneur de l'Atlético Mineiro (Brésil), est plus proche que jamais de l'OM. Et le bonhomme n'est pas vraiment connu pour être du genre conciliant.
Un tempérament explosif
Il faut dire que Sampaoli est un disciple de Marcelo Bielsa, surnommé "El Loco" ("Le fou")... lui-même ancien entraîneur de l'OM lors de la saison 2014/2015. Un mentor qui lui a appris à vivre le football de la manière la plus intense qui soit. Sans concession et avec excès s'il le faut. En plus de son tempérament de feu, Sampaoli possède un certain physique qui ne laisse pas indifférent. C'est cette combinaison qui en fait un personnage aussi haut en couleur, comme le rappelle Samir Nasri, le milieu français qui a évolué sous ses ordres au FC Séville lors de la saison 2016/2017.
« Sampaoli, c'est la grinta ! Il me donnait des frissons avec ses speechs avant les matchs. Tu vois cet entraîneur, petit, avec ses tatouages, en survêtement... c'est de la bombe ce mec ! On avait une relation de dingue. C’était un ami, pas un entraîneur. Il m’a dit : ’Tu peux boire, sortir, faire tout ce que tu veux, je te couvrirai’. Il nous demandait seulement d’être bons sur le terrain le week-end. »
Samir Nasri à propos de Jorge Sampaoli, dans un live Instagram avec le journaliste Walid Acherchour.
Un entraîneur d'abord fringant puis en perte de vitesse
Sampaoli s'est révélé comme entraîneur au très haut niveau avec l'équipe du Chili. Sous ses ordres, la sélection sud-américaine atteint les huitièmes de finale de la Coupe du monde 2014, en éliminant le champion du monde en titre espagnol en phase de groupe. Un an plus tard, le Chili remporte magnifiquement la Copa America, aux tirs au but en finale contre l'Argentine de Lionel Messi.
Mais depuis, le technicien de 60 ans semble tâtonner. Il n'est dès lors jamais resté plus d'une saison sur un banc. Alors qu'il décroche le poste le plus prestigieux de sa carrière en étant nommé sélectionneur de l'Argentine en 2017, il quitte l'Albiceleste un an plus tard après son échec au Mondial 2018 (élimination en huitièmes de finale face à la France).
Des relations avec ses joueurs ou son club qui peuvent vite se dégrader
Au-delà des résultats décevants avec l'Argentine, ce sont surtout les relations tendues qu'il entretenait avec ses joueurs qui ont écorné son crédit.
« Le groupe n'a pas supporté sa manière de gérer, son caractère très fort, explosif. Il y a eu des confrontations avec certains joueurs. Sampaoli n’a jamais su se mettre Messi dans la poche. Il l’a placé tellement haut qu’il a fini par le lasser, le mettre mal à l’aise. »
Le journaliste Claudio Mauri, qui a suivi l'Argentine au Mondial 2018, à Foot Mercato
Aujourd'hui en D1 brésilienne, à l'Atlético Mineiro, Sampaoli est encore une fois poussé dehors pour les mêmes raisons. Colérique, intransigeant, il se serait aussi éloigné des salariés et des dirigeants de Mineiro. C'est ainsi que le club est maintenant prêt à le laisser partir, via une séparation à l'amiable entre les deux parties. L'OM, lui, semble sûr de son coup. Mais en ramenant un pyromane au milieu du volcan olympien, le club ne risque-t-il pas définitivement d'exploser ?