Président de l'OM depuis 2016, Jacques-Henri Eyraud avait tout contre lui… sauf la confiance de Frank McCourt. Bilan financier désastreux, hostilité des salariés et des supporters, absence de reconnaissance dans le milieu, communication suicidaire… Les fans de l'OM se demandaient bien quel genre de secrets compromettants "JHE" détenait sur McCourt pour que ce dernier le maintienne aux commandes, contre vents et marées.
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Aux yeux du grand public, et surtout des mordus de l'OM, c'était inexplicable. D'autant que Jacques-Henri Eyraud n'a rien fait pour arranger son cas. Qu'il ait voulu transformer l'OM à son image (une start-up orientée sur le marketing) était certes une hérésie à Marseille, mais il en avait le droit et la légitimité de par sa fonction de président. Sauf que "JHE" n'a même pas répondu aux attentes sur les fondamentaux du métier, comme le renforcement
de l'institution OM et la gestion des finances du club. Un comble pour cet expert en la matière, passé par les meilleures business schools !
Eyraud, un expert en déficit
Au niveau des chiffres, Eyraud a fait dégringoler le déficit de l'OM de 42,4 millions d'euros en 2016/2017 à plus de 100 millions d'euros estimés en 2019/2020. Son bilan global en
matière de transferts fait froid dans le dos : - 120 millions d'euros ! C'est sous sa présidence que les erreurs de casting se sont accumulées. Les Kevin Strootman (acheté 25 M€), Kostas Mitroglou (15 M€) et Dario Benedetto (14 M€) n'ont non seulement rien apporté à l'OM, mais ils ont fait basculer le club dans le rouge financièrement à cause d'indemnités de transfert excessives et de salaires outranciers.
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Eyraud et l'OM, une incompatibilité criante
Eyraud aurait malgré tout pu conserver la confiance des suiveurs du club en se faisant le porte-drapeau des valeurs de l'OM, le garant suprême de l'institution. Mais il n'en a rien été. Ses efforts pour "marketer" l'OM ne se sont jamais fait en douceur, et il a préféré imposer sa vision plutôt que de composer avec les passions locales.
L'ex-champion de France junior de taekwondo ne voulait pas seulement transformer l'OM en surface, il voulait en modifier l'essence même, comme l'illustre sa déclaration surréaliste de décembre 2020 : "quand je suis arrivé à Marseille, j'ai été frappé de voir que 99%
des collaborateurs du club étaient marseillais. C'est un danger et c'est un risque." Logiquement, la rupture a été très rapide entre ce président déconnecté et les supporters. Qu'importe : Eyraud reste le chouchou de Frank McCourt, même après l'attaque du centre d'entraînement de la Commanderie par certains supporters en colère, le 30 janvier.
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Eyraud déclare la guerre aux supporters... et va le regretter
Mais "JHE" va commettre "l'erreur fatale" , comme l'annonce l'un de ses proches. Le 15 février, il annonce le projet "Agora OM" , officiellement pour amorcer "une grande concertation avec les supporters" , officieusement pour les mettre au pas. Le point de non-retour est atteint lorsqu'Eyraud adresse une lettre de mise en demeure à plusieurs groupes de supporters. Evidemment, ceux-ci ne se laissent pas faire. Les ultras font l'union sacrée et se réunissent main dans la main pour organiser une conférence de presse très médiatisée, le 16 février, où ils interpellent McCourt pour réclamer le départ d'Eyraud.
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La vague de soutien est telle que même le maire de la ville, Benoît Payan, se range du côté des insurgés et demande à Eyraud de "calmer le jeu" sur Twitter. McCourt comprend alors qu'il doit arrêter les frais s'il ne veut pas voir l'OM exploser. Le 26 février, il se retrouve contraint - bien malgré lui - de couper la tête pour apaiser la colère du peuple.
Longoria - Sampaoli : le football "remis au cœur du jeu" à l'OM
Il faut "remettre le football au coeur de l'OM" , comme le déclare officiellement McCourt pour justifier son choix d'écarter Eyraud et de le remplacer par le jeune Pablo Longoria, jusqu'alors directeur général du club et spécialiste du recrutement. Un virage à 180° qui concerne aussi le poste d'entraîneur, où le volcanique Jorge Sampaoli succède au fluctuant André Villas-Boas.
"On m’a dit toute ma vie que l’OM est une passion. Que le Vélodrome s’allume quand l’équipe se rend au stade. Marseille est un club du peuple et je me sens moi-même dans cette chaleur" , déclare Sampaoli dans le communiqué du club annonçant son arrivée. En trois phrases, le survitaminé bonhomme de 60 ans tire un trait sur quatre années maussades
estampillées Jacques-Henri Eyraud, tout en annonçant une suite radieuse. Le Champions Project n'est peut-être pas encore au rendez-vous, mais l'OM revit, et c'est bien là l'essentiel.