Enfin ! Les supporters de l'Olympique de Marseille ont dû pousser un grand ouf de soulagement, vendredi 26 février, quand ils ont appris que leur président honni, Jacques-Henri Eyraud, avait été débarqué. C'est le propriétaire américain Frank McCourt qui l'a annoncé en personne dans un communiqué. Et c'est avec un mélange de satisfaction et de circonspection que les fans de l'OM ont accueilli le nom de leur nouveau président : Pablo Longoria.
A 34 ans, celui qui occupait la fonction de directeur du football va devoir se mettre au niveau de ce nouveau poste particulièrement difficile, sans expérience précédente sur laquelle s'appuyer. Si ses compétences dans le domaine sportif sont exceptionnelles, le poste de président de club couvre bien d'autres prérogatives. Et surtout, les méthodes de Pablo Longoria ne font pas l'unanimité. Alors, si rassurés que ça, les supporters de l'OM ?
L'incarnation de l'OM nouveau, c'est lui
Il ne faut pas se fier à son visage juvénile, sa grande discrétion et son côté homme de l'ombre : la promotion de Pablo Longoria ne doit rien au hasard. Si sa prise de pouvoir peut sonner comme une surprise, l'Espagnol a tout fait pour manœuvrer dans ce sens. Avec un propriétaire absent, un président (Jacques-Henri Eyraud) en conflit permanent avec les supporters et un entraîneur (André Villas-Boas) qui n'avait plus vraiment la tête à l'OM, Longoria est devenu la seule incarnation fiable du club marseillais.
Son bilan lors du dernier mercato parle pour lui. Si l'OM fut l'un des rares clubs à pouvoir s'estimer satisfait de son mercato hivernal, c'est parce que Longoria a presque tout réussi de A à Z. Son chef d'œuvre ? L'arrivée d'un attaquant renommé, Arkadiusz Milik, qui semblait inaccessible pour l'OM. Il a aussi comblé les besoins à certains postes (Pol Lirola, Olivier Ntcham). Et surtout, il a fait encore plus fort dans le sens des départs. Longoria s'est d'abord débarrassé des salaires énormes de Kevin Strootman et Kostas Mitroglou. Et il a réussi à vendre Morgan Sanson pour 18 millions d'euros, une montagne d'argent en ces temps de pandémie.
Une main de fer dans un gant de velours
Aussi réussi fut son mercato, la méthode de Pablo Longoria n'a pas fait que des heureux. A commencer par André Villas-Boas. L'entraîneur portugais et le directeur du football espagnol avaient un deal : le premier avait un droit de regard et de prise de position sur les transferts. Un droit que Longoria n'a pas respecté, en forçant l'arrivée d'Olivier Ntcham alors que le "Special Two" avait catégoriquement spécifié qu'il ne voulait pas du milieu français du Celtic. La goutte de trop pour Villas-Boas, qui a invoqué cette raison pour poser sa démission.
A Valence, Pablo Longoria, alors directeur technique en charge de recrutement, s'était déjà fait des ennemis pour sa façon de faire. Le chef scout Vicente Rodriguez, ancienne gloire du club ché, n'avait pas eu de mots assez durs pour décrire sa rancœur :
« La personne qui m'a fait le plus de mal est Pablo Longoria. Il m'a pris pour un con. Dès qu'il est arrivé, il m'a très mal traité et il a dit au président que le mieux était que je parte. Le plus important, c'est de travailler en bonne harmonie et de se parler. Mais ce mec était du genre à aller au bal tout seul. Il a montré à tout le monde qu'il n'était qu'un lâche et un type peu recommandable. »
Vincente Rodriguez, ancien chef scout de Valence, à Las Provincias
Le risque pour l'OM est que Pablo Longoria reproduise la même chose avec les employés du club. André Villas-Boas en a été la première victime. Et le remplaçant du Portugais, l'Argentin Jorge Sampaoli, n'est pas du tout du genre conciliant. Entre lui et Longoria, ça peut vite faire des étincelles. Mais l'OM n'est jamais meilleur que quand il évolue sur un volcan...