Après l'annonce de la création de la Super League, l'UEFA avait promis des sanctions extrêmement fortes contre les douze clubs sécessionnistes. Une exclusion des compétitions européennes, ainsi que des championnats nationaux, était évoquée. Mais après le rétropédalage de dix des douze clubs concernés, la donne semble avoir changé. Selon L'Equipe, l'UEFA est en position de force et il serait aujourd'hui plus intéressant de négocier des concessions plutôt que de sanctionner.

Une fermeté de façade

Dans un entretien à la télévision slovène, mercredi soir 21 avril, le président de l'UEFA Aleksander Ceferin a pourtant promis d'être ferme et de ne rien laisser passer. "Chacun (des 12 clubs) devra subir les conséquences de ses actes". Il a notamment évoqué une possible annulation de la demi-finale de Ligue des champions entre le Real Madrid et Chelsea, mardi 27 avril. "Il y a une chance relativement faible que ce match n'ait pas lieu la semaine prochaine".

Le président de l'UEFA Aleksander Ceferin. Icon Sport
Le président de l'UEFA Aleksander Ceferin. Icon Sport

Mais ce cas illustre bien à quel point il est compliqué pour l'UEFA de passer des paroles aux actes. En effet, divers enjeux économiques compliquent la tâche de l'instance européenne. "La clé, c'est que la saison a déjà commencé et les télévisions nous réclameraient des dommages et intérêts en cas d'annulation des demi-finales" , a souligné Ceferin. Plus globalement, la complexité des enjeux juridiques réduit la marge de manœuvre de l'UEFA. Ceferin a d'ailleurs souligné que l'étude des sanctions était toujours en cours à cause de cette problématique. "Je ne veux pas entrer dans les détails, car nous en discutons encore avec l'équipe juridique" , a précisé le président de l'UEFA.

Obtenir des compromis plutôt que sanctionner

Pour ces raisons, Ceferin sait qu'il ne peut pas frapper aussi fort qu'il le voudrait. Derrière la fermeté de circonstance, le président de l'UEFA a déjà rassuré les clubs anglais notamment.

"C'est une très bonne décision des clubs anglais (de s'être retirés de la Super League). Nous prendrons en compte le fait qu'ils ont admis leur erreur, qu'ils comprennent qu'ils ont mal agi. Nous faisons tous des erreurs."

Aleksander Ceferin à la télévision slovène

Le président de l'UEFA Aleksander Ceferin. Icon Sport
Le propriétaire de Liverpool John Henry (à droite) a reconnu que son club avait fait une erreur en rejoignant la Super League. Icon Sport

En réalité, l'UEFA est en position de force et sanctionner les clubs n'est certainement pas la meilleure option. Il serait beaucoup plus intéressant de tirer profit de la situation pour accepter des concessions de la part des dix clubs frondeurs, qui sont dans une posture de rédemption et ne sont pas tellement en position de négocier. Si L'Equipe estime que des sanctions financières restent possibles, une exclusion des compétitions nationales et européennes semble aujourd'hui hautement improbable.

Les dirigeants, la vraie cible de l'UEFA

Plus que les clubs, ce sont leurs dirigeants qui pourraient être la cible des sanctions. Des dirigeants qui ont pour la plupart joué un double jeu, comme Andrea Agnelli. Le président de la Juventus, qui était aussi président de l'Association européenne des clubs (ECA) et membre du comité exécutif de l'UEFA, a eu accès à de précieuses informations, qu'il a pu utiliser contre l'UEFA pour mettre la Super League sur pied.

Le président de l'UEFA Aleksander Ceferin. Icon Sport
Le président de l'UEFA Aleksander Ceferin (à gauche) et le président de la Juventus sécessionniste, Andrea Agnelli, travaillaient auparavant main dans la main. Icon Sport

La nature des sanctions envers ces gros bonnets reste à préciser, mais la Premier League aurait par exemple demandé aux dirigeants des six clubs "parias" de démissionner de leurs postes dans les différents conseils et groupes de travail du championnat, selon Sky Sports.