Pep Guardiola, le révolutionnaire
De nombreux entraîneurs ont eu la chance d'entraîner Leo Messi au quotidien. De Frank Rijkaard à Mauricio Pochettino en passant par Ernesto Valverde, tous ont eu des méthodes de management bien différentes avec Leo Messi. Et si c'est le Néerlandais qui l'a lancé sur le devant de la scène, c'est son successeur qui a fait évoluer l'Argentin et l'a amené à un autre niveau. Pep Guardiola est arrivé sur la pointe des pieds au Barça et en est parti en héros. Et pour cause. L'entraîneur catalan a tout raflé sur son passage et avait fait de son FC Barcelone une machine à gagner (et à bien jouer).
C'est lui qui, en gardant le système en 4-3-3, avait placé Leo Messi en faux numéro 9, lors d'un Clasico face au Real Madrid. Résultat : une victoire 6-2 face à l'éternel rival et le début d'une histoire particulière entre Messi et Guardiola. Comme l'explique RMC Sport dans son documentaire "Leo, le film", ce Messi-là voulait absolument tout et ne partageait rien. En témoigne son envie d'aller aux JO de Pékin en 2008 avec l'Argentine, malgré la réticence de son coach, alors que le Barça devait jouer un tour préliminaire de Ligue des champions. "À ton retour, je veux te voir au top", avait prévenu Guardiola, conscient que le bien-être de Leo Messi était primordial à l'harmonie du groupe et par conséquent aux résultats du club.
Pep Guardiola a cherché en permanence un équilibre, et l'a trouvé. Bien aidé par une génération dorée, le replacement de Messi et un tiki taka au sommet de son art, le Barça a tout raflé sur son passage, et Messi a décroché son premier Ballon d'Or, en 2009. Le début d'une histoire où Messi rend à Guardiola ce qui lui donne, à base de buts, et inversement.
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Luis Enrique, le rebelle
"Si tu joues au Barça, tu es le domestique de Messi", affirme l'auteur de "The Barcelona complex" Simon Kuper. Certains en ont fait les frais, comme Zlatan Ibrahimović ou encore Alexis Sánchez. D'autres l'ont accepté, comme David Villa, Pedro ou encore Ivan Rakitić. "S'il faut courir 10 000 mètres pour Messi, on le fait", déclarait le Croate en 2015. Un Barça qui tournait logiquement autour de la Pulga, mais parfois au détriment du collectif. Si cela était flagrant lors de ses dernières années en Catalogne, son association avec Tata Martino n'a pas fonctionné.
Une saison marquée par des blessures à répétition et une première baisse de régime pour Leo Messi, malgré l'arrivée de Neymar. Le management de l'Argentin, trop souple et trop permissif, tranchait avec celui de son successeur, Luis Enrique. L'actuel sélectionneur de l'Espagne a certes permis au Barça de remporter le deuxième triplé de son histoire, bien aidé par la MSN, mais le parcours n'en a pas moins été chaotique. Comme lors d'une rencontre de Liga face à Eibar au Camp Nou, en 2014. Le Barça mène 3-0, Luis Enrique veut faire sortir Messi. Il refuse. Le coach espagnol accepte et sort finalement Neymar.
En janvier 2015, sur la pelouse de la Real Sociedad, Luis Enrique décide de laisser sur le banc Neymar et Messi, tous les deux de retour de vacances en Amérique du Sud et qu'il ne juge pas prêt. Le Barça s'incline 1-0 et la tête du coach des Asturies est mise à prix. Certains journaux espagnols affirmaient même que Messi avait demandé à Josep María Bartomeu l'éviction de Luis Enrique. Mais le caractère bien trempé de l'Espagnol lui a permis de rester en poste et de réaliser une deuxième moitié de saison mémorable. Une victoire en Liga sur la pelouse de son bourreau de la saison précédente, l'Atlético de Madrid, en Coupe du Roi contre l'Athletic Bilbao au Camp Nou avec notamment un slalom exceptionnel de Messi. Enfin, une cinquième Ligue des champions à Berlin face à la Juventus Turin.
Ernesto Valverde, le faux diplomate
La victoire de Luis Enrique, c'est aussi et surtout d'avoir gagné le respect de Lionel Messi. Un joueur "difficile à gérer" car "renfermé sur lui-même", déclarait Alexandre Juillard, auteur du livre Insubmersible Messi, capable de bouder parce qu'il est remplacé. Obligeant même Guardiola en personne à aller le chercher pour l'amener à l'entraînement, de peur de le perdre. Luis Enrique avait réussi à gagner la confiance de Leo Messi, tout en sachant qu'il fallait la cultiver pour qu'elle perdure.
Ernesto Valverde est arrivé au Barça à l'été 2017, où les problèmes débutent. Neymar s'en va au PSG, et la MSN est réduite à la MS, Messi et Súarez. Ousmane Dembélé débarque, mais se blesse rapidement, et Valverde doit réinventer une équipe arrivée en fin de cycle. Plus défensive, plus costaud. Valverde joue la carte de la diplomatie. Il choie Messi, dont le jeu évolue au fil des années, et d'autant plus après le départ au Qatar, Xavi. Messi veut marquer mais aussi faire jouer. Un joueur total qu'Ernesto Valverde parviendra à mettre en valeur, à sa façon. Invaincu jusqu'à l'avant-dernière journée et ce Levante-Barça lunaire (victoire 5-4 des locaux), le Barça réalise le doublé Coupe-Championnat, avec notamment une finale exceptionnelle contre le FC Séville (5-0). Cette saison est aussi la dernière danse d'Andrés Iniesta, le magicien favori de Leo Messi, qui perd un nouveau soldat.
Avec Valverde, c'est aussi le début des cauchemars européens. Celui de Rome après avoir gagné 4-1 au Camp Nou au match aller. Un match qui laissera des traces dans les têtes catalanes, qui répéteront pire scénario une année plus tard, sur la pelouse de Liverpool. Et ce malgré un triplé de Messi en demi-finale aller. Cette image, énième image de Messi, tête basse, regagnant les vestiaires, impuissants.
Parce que Leo Messi a avant tout la haine de la défaite. Cette haine qui l'avait poussé à prendre sa retraite internationale après une nouvelle défaite conte le Chili en Copa América. Celle qui l’anéantit à chaque but adverse, où il semble groggy au milieu de terrain. Mais Valverde avait une relation particulière avec Leo Messi. Car la diplomatie a eu ses limites. Les défaites à répétition ont provoqué de la friture sur la ligne entre les deux hommes. "C'est mieux que personne ne sache la vérité sur Messi", avait déclaré l'entraîneur Valverde lors d'une interview en 2021.
Griezmann-Messi, l'entente impossible
Ont suivi Quique Setién et Ronald Koeman. Le premier n'a pas fait long feu, remercié peu de temps après la défaite en Ligue des champions 8-2 contre le Bayern Munich. Le Néerlandais, lui, aura été le dernier entraîneur de Leo Messi au Barça. Les deux hommes avaient la lourde tâche d'intégrer Antoine Griezmann au sein de l'équipe de la Pulga. Et l'amalgame n'a jamais pris. Sans doute parce que le mal était déjà fait lorsque le Français décidait de rester à l'Atlético de Madrid à l'été 2018 malgré les appels de pied de Messi. Grizou n'aura jamais trouvé sa place. Et la relation entre les deux hommes étaient très compliquée. Les éloges pleuvaient de la part de l'international tricolore, mais l'Argentin n'en avait que faire. Et dans son documentaire, RMC Sport affirme que la communication entre les deux cracks était inexistante.
Sur le terrain, pourtant, tout était fait pour que Griezmann et Messi parle la même langue. Mais le positionnement excentré du Français ne lui a pas permis de s'exprimer. Souvent oublié par un Messi boudeur, il a mangé son pain noir avant finalement de retourner là où il était heureux, à l'Atlético de Madrid. Et ce malgré le départ de Messi au PSG. Les comptes catalans en avaient besoin.
Paris, en terres inconnues
À Paris, Messi se montre plus discret, mais son statut parle pour lui. Et sa haine de la défaite ne s'est pas envolée. Son envie de tout jouer, aussi. En témoigne sa réaction lorsque Mauricio Pochettino avait décidé de le sortir face à Lyon, pour le préserver. Messi est tiraillé entre le désir de jouer chaque match, et d'écouter son corps, très/trop sollicité toutes ses années. Parce que la Pulga devait jouer toutes les rencontres, y compris les premiers tours de Coupe du Roi. Et les 90 minutes de chaque rencontre, à la recherche du but s'il lui échappait, du quatrième s'il en avait planté trois avant. Toujours plus loin. Toujours plus.
Parce que Leo Messi est avant tout un amoureux du football. Sa vie, c'est cette conduite de balle si unique. Ce ballon qui lui colle au pied. Celui qu'il caresse pour qu'elle aille se reposer dans le filet adverse. Ceux, dorés, qu'il a soulevés à six reprises. Certainement l'un des meilleurs joueurs que ce sport ait connu. Un génie qu'il faut choyer, comprendre, aider, aimer. Un génie parfois compliqué à gérer, mais un tyran, jamais.