Un éternel recommencement. Comme tous les étés depuis plusieurs années, le LOSC va subir un grand chambardement au niveau de son effectif. Une conséquence de la politique de trading mise en place par l'ancien propriétaire Gerard Lopez. Exemple type : Sven Botman (21 ans), arrivé l'été dernier contre 8 millions d'euros, devrait déjà filer ailleurs contre un montant trois fois supérieur. Le jeune défenseur central néerlandais devrait certes être le seul cas d'école cet été. Mais le LOSC récolte en réalité les fruits à plus long terme de sa politique. Des éléments toujours relativement jeunes, débarqués il y a quelques années et aujourd'hui arrivés à maturité, constituent notamment le gros des troupes qui vont partir cet été.
C'est déjà le cas de Mike Maignan (25 ans), cédé à l'AC Milan, et de Boubakary Soumaré (22 ans), vendu à Leicester contre 25 millions d'euros. Et ce n'est que le début. Renato Sanches (23 ans), dans le viseur de Liverpool, Jonathan Ikoné (23 ans), convoité par le Borussia Dortmund, Jonathan Bamba (25 ans), Zeki Çelik (24 ans), courtisé par des "gros" de Premier League, Luiz Araújo (25 ans)... Même les vieux briscards ne sont pas à l'abri d'un départ. Burak Yılmaz est déjà tenté d'aller voir ailleurs, tandis que José Fonte, qui devrait finalement prolonger, avait lui aussi fait part de son envie de changer d'air.
La fin du trading avec le départ de Gerard Lopez ?
C'est donc une véritable saignée qui attend le LOSC cet été. Avec le départ de l'entraîneur Christophe Galtier, cela fait beaucoup. Mais Lille a l'habitude de faire table rase pour mieux repartir. Sauf que cette saison, la donne est différente. Gerard Lopez n'est plus là. Luis Campos, le vrai-faux directeur sportif d'élite, non plus. C'est avec un nouveau fonds d'investissement, Merlyn Partners, que le LOSC repart pour un tour. Sans changer la méthode qui a fait le succès du tandem Lopez-Campos ? Cela reste à voir. Aux commandes depuis décembre 2020, le fonds d'investissement luxembourgeois n'a touché à rien la saison dernière pour ne pas perturber l'équilibre des Dogues, qui étaient déjà leaders de Ligue 1 à l'époque. Mais la période de transition est désormais révolue. Le moment d'enclencher l'ère Merlyn Partners est arrivé.
Et ce nouveau cycle devrait rompre avec la politique de trading à l'excès de Gerard Lopez, du moins en partie. Car si le succès sportif a été au rendez-vous, les finances du club ont fortement souffert de cette politique, contrairement aux apparences. Les énormes plus-values réalisées grâce aux transferts n'étaient qu'un mirage. Seule une partie mineure de la somme des transferts, en effet, atterrissait dans les caisses du LOSC. Lille n'a par exemple touché que 15 à 20 millions d'euros pour le transfert de Victor Osimhen à Naples (70 millions d'euros). Les commissions d'agents et la société Scoutly liée à Gerard Lopez engloutissaient le reste. C'est ainsi que l'homme d'affaires luxembourgeois a massivement endetté le club et a été poussé vers la sortie en décembre 2020.
Avec Olivier Létang, le grand retour de la formation au LOSC ?
Olivier Létang, le nouveau président du club chargé par Merlyn Partners de remettre de l'ordre, devrait donc réorienter la politique du club vers un modèle plus traditionnel. "On veut passer d’un modèle de trading très fort à un modèle plus mesuré de club de football plus classique" , affirmait d'ailleurs l'ancien président du PSG et de Rennes lors de son intronisation.
L'achat de jeunes à fort potentiel ne devrait pas cesser pour autant, comme en atteste les dossiers Nathanaël Mbuku (19 ans, Reims) et Cody Gakpo (22 ans, PSV). Mais les montages financiers devraient être moins opaques, afin de s'assurer que le retour sur investissement soit tangible. Et surtout, la formation devrait faire son grand retour à Lille. Complètement délaissée sous Campos, elle devrait être remise au goût du jour par Létang. "L'objectif est de remettre en place un centre de formation performant" , affirmait d'ailleurs le président lillois dans une interview au site du club à la fin mai.
Problème : ce nouveau modèle, destiné à stabiliser les comptes, ne devrait pas porter ses fruits tout de suite. Le centre de formation lillois, laissé à l'abandon, ne pourra logiquement pas sortir des pépites comme par magie. Il faudra au moins plusieurs années pour que les investissements sur le développement des jeunes du sérail montrent leurs premiers effets. Pour ces talents locaux, la transition entre le National 3 et la Ligue 1 promet d'être brutale au début. Il ne faudra donc pas attendre de miracle la saison prochaine, si le LOSC adopte bien ce modèle.
Gourvennec peut-il façonner ce nouveau LOSC ?
D'autant que Jocelyn Gourvennec, le nouvel entraîneur lillois, fait déjà l'unanimité contre lui pour mener ce projet. L'ancien entraîneur de Bordeaux n'a jamais fait mieux qu'une sixième place en Ligue 1. Il n'est pas non plus réputé pour faire exploser les recrues de son club. Sa gestion des jeunes a aussi été mise en cause (il voulait notamment décaler Jules Koundé au poste de latéral droit, doutant que le néo-international français ferait un bon défenseur central au vu de sa petite taille).
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Enfin, ses deux dernières expériences à Bordeaux et Guingamp n'ont pas duré plus d'un an et demi. La faute à une incompatibilité entre ce Breton adepte des clubs familiaux et la situation instable de ces deux clubs. Du côté de la direction du LOSC, il faudra donc vraiment apporter des gages de stabilité pour que le technicien de 49 ans exprime sa quintessence...