S'il y a bien une chose dont on peut être sûr à propos à propos du football, c'est que ce sport est une fabrique à souvenirs. Chacun, œil aguerri ou simple spectateur occasionnel, en a, à un moment donné de sa vie, créé un lien avec ce que les Anglais appellent le beautiful game. En France, l'une de nos références est sans nul doute liée à un soir d'été 1998 où, pour la première fois de l'histoire, la fête nationale fût célébrée le 12 juillet. Car ce dimanche, sur la pelouse du Stade de France de Saint-Denis (93), la France est sacrée championne du Monde pour la première fois.

Un chemin semé d'embuches

Avant le début de la compétition mondiale, peu étaient ceux qui pensaient l'équipe de France capable de se hisser au sommet du football international. En témoigne notamment la guerre ouverte entre le journal L'Équipe et Aimé Jacquet, le sélectionneur national. Mais les Bleus, après trois matchs préparatoires à leur Mondial, sont bien présents au rendez-vous. Au premier tour, les coéquipiers de Zinédine Zidane ne font pas dans le détail. Car, tombeurs de l'Afrique du Sud (3-0), de l'Arabie Saoudite (4-0) et du Danemark (2-1), l'équipe de France se qualifie tranquillement pour la phase finale de la compétition.

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Auteur d'un doublé face à la Croatie, Lilian Thuram est entré dans la légende des Bleus (Icon Sport)

En huitièmes de finale, les choses se corsent. Tenue en respect par le Paraguay, la sélection tricolore arrive finalement à en venir à bout à la faveur d'un but en or inscrit par Laurent Blanc. En quarts, c'est au tour de l'Italie de se dresser à ceux qui seront, dans les prochains jours, sacrés champions du Monde. Et là encore, il s'en est fallu de peu. Mais, poussés au tirs au but, les hommes d'Aimé Jacquet profitent d'un pénalty raté par Luigi Di Biagio pour rallier le dernier carré. En demi-finale face aux Croates, Lilian Thuram inscrit un doublé (2-1), ses deux seuls buts avec l'équipe de France (en 142 sélections), suffisant pour se rapprocher encore un petit peu plus du Graal.

Éternel français

Pour la première finale de coupe du Monde de son histoire de la sélection, les Bleus affrontent le Brésil, favori naturel des grandes compétitions et impressionnant depuis le début du tournoi. Dans un Stade de France logiquement acquit à sa cause, l'équipe de France domine la meilleure équipe de la planète. Zidane permet aux siens, d'un coup de tête, de prendre l'avantage dès la 27e minute de jeu. Un autre coup de casque juste avant la mi-temps permet ainsi à la France de faire le break, au grand damn de la sélection auriverde.

La deuxième période est plus difficile. Marcel Desailly écope de deux cartons jaune (47e, 68e) et laisse ses coéquipiers terminer le match à dix. Impérial, Fabien Barthez préserve les filets tricolores. Alors que le trophée tend les bras à la sélection tricolore, Emmanuel Petit entérine cette victoire historique dans le temps additionnel de la seconde période. Quelques secondes plus tard, Saïd Belqola, arbitre marocain de cette finale, délivre les 80.000 supporters massés dans les tribunes de l'enceinte construite pour l'évènement. L'équipe de France est championne du Monde. Et si l'émotion est palpable sur la pelouse et dans les gradins, elle l'est tout autant en tribune de presse. Ainsi, Thierry Roland, commentateur pour TF1, l'exprime à sa manière : "Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Enfin, le plus tard possible, mais on peut. Ah c'est super. Quel pied, ah quel pied ! Oh putain ! Olalala !" Pour l'éternité.