Avant l'extase, il y a eu la consternation. Si le cœur des supporters de l'équipe de France s'est intensément rempli d'amour au terme des 90 minutes contre la Belgique (3-2), jeudi 7 octobre, il ne faut pas oublier que leurs sentiments étaient beaucoup plus hostiles 45 minutes plus tôt. A la mi-temps de cette demi-finale de Ligue des nations face aux Diables Rouges, les Bleus étaient en effet retombés dans leurs travers, peu déterminés en attaque et terriblement friables en défense. Et le plus grave, c'est qu'en l'état des choses à ce moment-là, on voyait mal cette équipe de France en berne renverser la vapeur.
"On a ressenti une énergie, vraiment..."
A tel point que ses fans pouvaient légitimement se poser une question : les Bleus retrouveraient-ils un jour ce feu sacré, cette flamme qui leur permettait de soulever des montagnes, de contrôler des rencontres avec le sentiment d'être intouchable, de faire basculer les événements dans la folie comme au Mondial 2018 ?
La réponse est donc oui. Cette flamme, les partenaires de Paul Pogba l'ont rallumée contre la Belgique. Pourquoi, comment ? La réponse se situe en grande partie dans les vestiaires des Bleus à la pause, comme l'a immédiatement confirmé Paul Pogba après le match. "Ce qu'on s'est dit à la mi-temps ? Vous le verrez sûrement sur des vidéos. Vous allez voir ce qu'on a ressenti, une énergie vraiment... Je ne peux pas l'expliquer. S'il y a une vidéo, vous verrez ça et vous comprendrez."
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La renaissance de l'équipe de France à la mi-temps contre la Belgique
S'il faudra donc attendre la vidéo en mode "revivez le match des Bleus de l'intérieur" que publie traditionnellement la FFF après les rencontres, un premier enseignement peut être tiré : Didier Deschamps a toujours la main sur son groupe. Son discours à la mi-temps a visiblement reboosté ses hommes et ses messages ont apparemment été reçus 5 sur 5. RMC Sport précise d'ailleurs que le sélectionneur a tenu "un discours offensif" , martelant à ses hommes qu'il "y croyait encore" , en leur "demandant de l'orgueil et du caractère." Le Basque a aussi mis de l'ordre dans la maison bleue, en insistant sur "le pressing et le bloc équipe pour attaquer et défendre ensemble."
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D'autre part, il est rassurant de savoir que la voix des tauliers (Hugo Lloris et Paul Pogba) porte toujours autant. Elle a d'ailleurs résonné avec un écho encore plus puissant ce jeudi. "Si on met un but, on va les faire douter... On est la France" , a tonné le milieu de Manchester United, cité par RMC Sport. Quant au capitaine Lloris, il a piqué l'orgueil de ses coéquipiers, en leur rappelant qu'un tel manque de détermination n'était pas digne d'une équipe championne du monde.
L'équipe de France redevient conquérante et mordante
Les Bleus sont donc revenus avec le couteau entre les dents. Et la différence s'est rapidement fait ressentir. Les Tricolores ont soudainement paru plus unis, plus soudés, plus solidaires. Il semblait y avoir davantage de Bleus pour soutenir la défense, et davantage de Bleus pour épauler les attaquants. Les hommes de Deschamps ont aussi été plus mordants et cohérents au pressing. Ils ont ainsi récupéré les ballons plus hauts et ne se sont pas privés pour mettre la tête des Belges sous l'eau dès le cuir dans les pieds. Si l'équipe de France a réussi à revenir dans la partie (Benzema) et égaliser (penalty de Benzema), c'est parce qu'elle s'est rapprochée de la surface adverse et qu'elle a cessé de calculer dans ces zones dangereuses.
Et même après l'égalisation, on a vu à plusieurs reprises les coéquipiers de Karim Benzema acculer la défense des Diables Rouges devant la surface de Thibaut Courtois. Privant ainsi les Belges de solution à la relance. Et c'était aussi une question de rapport de force, d'orgueil : les Bleus tenaient à montrer qu'ils n'étaient plus cette victime qui subissait les événements, mais une force collective qui ne reculerait devant rien pour prendre le dessus sur son adversaire. Et c'est une grande différence par rapport à leurs rencontres des précédents mois. Car si l'équipe de France avait déjà montré sa capacité de réaction (cinq matchs nuls consécutifs après avoir été menée au score à chaque fois avant la victoire contre la Finlande), il lui manquait ce supplément d'âme pour ne pas se contenter de l'égalisation. Il lui manquait ce désir brûlant d'aller plus loin, de viser plus haut : la victoire.
La victoire et rien d'autre
Et c'est donc ce que les Bleus ont fait contre la Belgique. Ils ont non seulement pressé de plus belle, mais ont attaqué avec toujours plus d'ardeur après l'égalisation. Le but de l'euphorie de Théo Hernandez dans le temps additionnel le montre bien. La lumière est venue des deux pistons, toujours pas lassés d'aller de l'avant après 90 minutes d'allers-retours. Fréquemment tancé pour son manque de vigueur à se projeter dans son couloir, Pavard s'est montré transformé. A la 90e minute, il a donc signé un nouvel appel fougueux dans le dos de la défense et a centré en première intention, sans calculer... Et c'est l'autre piston, Théo Hernandez, qui était là pour libérer les Bleus. Comme un symbole de cette équipe de France qui n'accepte plus que la victoire ?