Le football est petit à petit en train de mourir. Et ses acteurs, pour des raisons financières qui dépassent ou désintéressent un grand nombre d'amoureux d'un des sports les plus populaires, deviennent des pions et des victimes d'un système ubuesque, et d'un calendrier infernal. Nombreux sont ceux qui ont osé s'en plaindre et tirer la sonnette d'alarme, en vain.
Un calendrier surchargé, des joueurs surutilisés
Qui parviendra à finir la saison de tous les records sans le moindre souci physique ou mental ? Après une Coupe du monde 2022 en hiver pour remplir les poches de certains, après des saisons de plus en plus remplis, après une refonte de la Ligue des champions pour encore plus de matches, la FIFA a eu la bonne idée de mettre en place une Coupe du monde des Clubs à l'été 2025. Encore plus de matches, encore plus de pression, physique et morale, sur des joueurs déjà au bout du rouleau. Certains ont pris la parole, mais ne sont pas écoutés. Rodri a averti, et le soldat de Pep Guardiola est tombé au combat. Victime d'une rupture des ligaments croisés, il ne rejouera pas de la saison. En attendant, Raphaël Varane, qui avait pris les devants en alertant des risques de jouer autant de matches, a décidé de mettre un terme à sa carrière après une énième blessure.
Des joueurs à qui l'on rabâche l'importance du travail invisible, d'une grande hygiène de vie, mais que l'on conseille que très peu sur la préparation et l'accompagnement mental. Certes, ils ont le plus beau métier du monde. Celui de jouer dans les plus beaux stades du monde, devant des milliers de personnes. Certes, ils gagnent tous très bien leur vie pour la moitié d'heure de travail du commun des mortels. Mais ce sont eux aussi qui font les frais du cyberharcèlement, cyberacharnement, des critiques de moins en moins constructives, et d'un enchaînement infernal de matches.
Un football différent
Jules Koundé, joueur du FC Barcelone, s'est lui aussi positionné sur la charge physique et mentale des saisons interminables. Tout comme Kevin De Bruyne, Pep Guardiola, Jürgen Klopp et dernièrement Bernardo Silva. Des acteurs majeurs de notre sport qui ne sont pas écoutés, et trimbalés d'un stade à un autre. L'entraîneur de Man City, d'ailleurs, a déjà prévenu qu'il mettrait une équipe bis en Carabao Cup. Parce que trop c'est trop. Parce que leurs immenses salaires ne font pas d'eux des robots.
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Pourtant, de nos jours, la consommation du football a drastiquement changé. Karim Benzema le disait dans une interview donnée à Zack Nani après avoir remporté son Ballon d'Or. "Le foot d’aujourd’hui ce n'est pas terrible. On ne pense qu’aux stats, tu n'as pas le temps de regarder le match, tu ne regardes plus le foot. Aujourd’hui le foot ce n'est que des statistiques" fustigeait-il. Désormais, les matches se résument à la feuille de match. Celui qui marque est bon, celui qui rate est mauvais. Et tous les trois jours, les joueurs passent un examen. Balancés dans une lessiveuse d'août à juin, ils doivent répondre présents, jouer et se taire. Se taire face aux critiques, se taire face aux blessures, face à la fatigue. Mentale et physique. La surutilisation des acteurs du football et leur déshumanisation conduiront à la perte du plus beau sport qui soit. Et s'il n'est pas encore mort, il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre.