Chaque année, l'histoire se répète. Le PSG forme des joueurs de talent, à qui il ne donne pas de temps de jeu, qui partent voir si l'herbe est plus verte ailleurs, et souvent explosent. Mais depuis l'arrivée de Luis Campos, le club parisien semble avoir changé de direction sportive. Les meilleurs prospects sont intégrés à l'effectif professionnel et grattent du temps de jeu assez régulièrement. Ça, ils le doivent aussi, en quelque sorte, à Zoumana Camara et Yohan Cabaye, respectivement entraîneur des U19 Rouge-et-Bleu et directeur adjoint du centre de formation.

Invité sur RMC Sport pour participer à l'émission Scouting, le tandem parisien a décrypté en long, en large et en travers les principaux talents du centre de formation du Paris Saint-Germain.

Warren Zaïre-Emery, le joyau du PSG

Lui, c'est sans doute LE talent du club de la capitale. À tout juste 17 ans, le milieu de terrain compte déjà 21 apparitions sous la tunique francilienne, dont 6 titularisations. Lancé d'entrée par Christophe Galtier lors du match aller de Ligue des Champions contre le Bayern Munich, le natif de Montreuil a montré toute sa polyvalence. C'est une de ses qualités si l'on se fie à l'analyse de Yohan Cabaye.

Warren (Zaïre-Emery), c’est le type de joueur, on le met sur le terrain, on sait qu’il aura un niveau moyen élevé. Même s’il doit jouer piston, on sait que ce n’est pas son poste. Mais il ne passera pas au travers. On sait tous que c’est un milieu défensif, qui peut être aussi relayeur parce qu’il a une capacité à casser les lignes par la conduite de balle, sa puissance", a expliqué celui qui a défendu les couleurs du PSG à 57 reprises (2014-2015).

Warren Zaïre-Emery, buteur avec le PSG contre Montpellier. (IconSport)
Warren Zaïre-Emery, buteur avec le PSG contre Montpellier. (IconSport)

Si l'on écoute Zoumana Camara, en revanche, ce qu'il évoque en premier, ce n'est pas le football. "Ça, tout le monde le voit, c’est concret, il joue, il est performant", précise l'ancien défenseur. "Moi, j'insiste sur tout ce qu’il a mis en place à côté du football. Warren, c’est un exemple qu’on peut prendre et que le club doit mettre en avant. C’est le comportement, l’attitude, le sérieux, la discipline. Toutes ces choses qui font qu’il n’y a pas de hasard dans le sport de haut niveau.  C'est intégré en lui", ajoute-t-il.

El Chadaille Bitshiabu, Younes El Hannach : la relève du PSG en défense centrale

À l'image de Zaïre-Emery, El Chadaille Bitshiabu fait partie des chanceux qui ont du temps de jeu cette saison. Utilisé à 13 reprises par Christophe Galtier, pour 4 titularisations et une entrée en jeu à l'Allianz Arena, l'axial gaucher "est encore dans une phase de développement où il doit encore s’améliorer, travailler des choses. Du coup, les matchs peuvent être parfois "up and down". Ce qui est tout à fait normal à son âge", décrit son entraîneur chez les jeunes. Chez les jeunes, justement, "il y a le gabarit (1m96, ndlr) qui peut rattraper les choses". En pro, "ça ne pardonne pas".

À Munich, l'international U19 français avait rencontré quelques difficultés, qui ne semblaient pas l'avoir impacté grâce à son mental infaillible. Sur la fin de saison à venir, "Chad" aura un coup à jouer. Presnel Kimpembe s'est blessé et ne reviendra que la saison prochaine, ce qui libère du temps de jeu. À lui de "gagner en fiabilité et en stabilité dans ses performances".

Pour l'épauler, à l'avenir, Galtier pourrait faire appel à Younes El Hannach. Ce jeune joueur, formé au milieu de terrain et repositionné en défense à son arrivée en U17, "a une très bonne vision du jeu, une bonne lecture, une bonne relance", selon Zoumana Camara, qui poursuit : "Défensivement, il lit bien les trajectoires. C’est un joueur qui doit aller vers le football d’adulte. Il doit gagner dans l’impact. C’est là qu'il doit s’améliorer. Il doit gagner dans l’impact athlétique, même si ses qualités premières sont plus relance et lecture. Mais il faut qu’il arrive à avoir cette agressivité positive. Aller pour gagner le ballon, aller pour bousculer son adversaire". À l'inverse de Bitshiabu, qui, grâce à son physique, impressionne ses adversaires, El Hannach, lui, "est trop gentil". C'est le seul défaut que lui trouve son entraîneur, qui en a fait son capitaine, son "relais sur le terrain".

Ayman Kari et Ethan Mbappé dans l'ombre

Quand on parle de jeunes milieux de terrains au Paris Saint-Germain, forcément, c'est le nom de Warren Zaïre-Emery qui surgit en premier. Ça en ferait presque oublier Ayman Kari et Ethan Mbappé. Le premier, prêté à Lorient en cette deuxième partie de saison, où il n'a toujours pas disputé la moindre minute, "a d'énormes qualités", défend Camara. Dans sa description, l'ancien de l'Inter de Milan décrirait presque Marco Verratti.

"Il a une capacité d’accélération avec le ballon très impressionnante, il peut déposer les joueurs sur deux ou trois mètres. Il a une qualité technique, c’est un métronome. Quand il joue, il régule le jeu, il tranquillise ses coéquipiers, il a cette qualité technique qui fait qu’on a envie de lui donner le ballon même sous pression. Il a ce calme. Il doit être ambitieux dans ses statistiques. Quand il arrive devant le but, pour frapper il faut vraiment qu’il n’ait plus le choix. Il doit avoir envie d’améliorer ça", peint le jeune technicien français.

Le deuxième, toujours au club, est dans un contexte bien différent. Petit frère de Kylian Mbappé, le meilleur buteur de l'histoire du club et superstar mondiale, se faire un prénom est difficile. "Il doit tracer son propre chemin. Il peut remercier le bon Dieu d’être gaucher et de ne pas jouer au même poste que son frère. Au moins, il n’y a pas de comparaison possible, il trace son chemin au milieu de terrain, c’est bien pour lui", raconte Zoumana Camara, qui se veut rassurant. Pour ce qui est de ses qualités de footballeur, il détaille.

"Il a une qualité de passe, une bonne qualité de relance, joue très bien entre les lignes. Il doit améliorer sa qualité de jeu long, notamment dans la dernière passe. (Ethan) a tendance à les faire au sol, alors que ce sont des ballons qui doivent parfois arriver au-dessus. Il a un bon volume de jeu (mais) doit aussi gagner en agressivité positive. Il faut qu’il s’étoffe un peu, qu’il s’épaississe un peu", explique-t-il.

Warren Zaïre-Emery, buteur avec le PSG contre Montpellier. (IconSport)
Ethan Mbappé, jeune joueur du PSG. (IconSport)

Elyes Housni, le serial buteur en devenir du PSG

Dernier talent mis en évidence par les deux anciens internationaux : Elyes Housni. Comme tout au long du podcast, c'est celui qui les connait le mieux qui en parle le mieux. Zoumana Camara, qui dirige les U19 depuis presque deux ans, s'est montré élogieux à l'égard de son jeune avant-centre. "Sa qualité, c’est de marquer des buts. Il vit pour ça", a posé comme base l'homme de 43 ans. Ensuite, "il faut continuer à développer ça, à la fois dans ses déplacements, sa manière de garder le ballon, arriver devant la surface dans les zones dangereuses du terrain". Titulaire en Youth League, le natif de Créteil a surpris son entraîneur en sachant "élever son niveau face à des défenseurs" plus âgés.

Avec la construction de son nouveau centre d'entraînement ultramoderne, le champion de France en titre va revoir ses exigences à la hausse en termes de formation. Yohan Cabaye a profité de ce micro tendu pour le répéter. "Il y a une volonté de changer la vision. Il y a une volonté de réduire les contrats pros pour faire plus dans la qualité", a expliqué l'ancien milieu de terrain. Avec ces cinq talents, de la qualité, Paris en a. Maintenant, il faut réussir à la fructifier et la fondre dans la masse du groupe professionnel. Au boulot !