C'était la mission de Thomas Tuchel à Chelsea : remettre d'aplomb une formation londonienne en plein marasme après le limogeage de Frank Lampard. Moins de deux mois après sa nomination, le 26 janvier dernier, l'entraîneur allemand a déjà largement rempli son contrat. Mais pas forcément celui que les fans des Blues attendaient...
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Impérial en défense, mais pas encore en attaque
Sous ses ordres, Chelsea est devenu un bunker. En 13 matchs, Tuchel est toujours invaincu (neuf victoires et quatre matchs nuls). Mais c'est surtout le nombre de buts encaissés qui est ahurissant : deux seulement. Le Chelsea qui apparaissait si fragile avec Frank Lampard s'est soudainement métamorphosé en une forteresse imprenable. Avec cinq clean sheets sur ses cinq premiers matches de Premier League à domicile, l'entraîneur de 47 ans est aussi devenu le premier entraîneur de l'histoire du championnat à réaliser une telle prouesse.
La première tâche de Tuchel (redonner des certitudes à Chelsea) est donc on ne peut plus réussie. Mais de l'autre côté, l'ancien entraîneur du PSG avait aussi pour mission de refaire des Blues une formation fanfaronnante et agréable à voir jouer. C'est pour cette raison que le propriétaire Roman Abramovitch a fait exploser son compte en banque lors du précédent mercato (223 millions d'euros dépensés pour des artistes comme Kai Havertz, Hakim Ziyech et Timo Werner).
Mais Tuchel n'a pas encore réussi à faire de Chelsea une équipe flamboyante, alors que c'est aussi là où on l'attendait. En effet, le tacticien est toujours précédé de sa flatteuse réputation acquise au Borussia Dortmund, où son équipe pratiquait un jeu souvent explosif et fulgurant.
Le jeu de possession à outrance : le symbole du Chelsea du Tuchel
En réalité, Thomas Tuchel est plutôt adepte d'un jeu de possession. Les caractéristiques du football allemand permettaient à son équipe de fondre plus rapidement vers le but adverse. Mais la donne est différente en Premier League, où les espaces sont moins présents. A Chelsea, le jeu de possession de Tuchel est donc moins efficace. Il est aussi souvent ennuyeux à regarder. Et c'est une volonté de l'Allemand, qui préfère repasser une énième fois vers l'arrière plutôt que de tenter une prise de risque avec le ballon. L'entraîneur allemand a beau regretter que ses joueurs "ne se créent pas plus d'occasions franches" , c'est avant tout lui le responsable.
Mais cette philosophie a ses avantages. C'est avant tout grâce à elle que Chelsea est aussi solide défensivement. En gardant le ballon la majeure partie du temps, les Blues laissent naturellement moins de possibilités à leur adversaire. Avec 65% de possession de balle en moyenne en Premier League fin février, Chelsea était l'équipe qui monopolisait le plus le ballon en Premier League, devançant même Manchester City (64%). Quand on sait à quel point l'équipe de Pep Guardiola est également imprenable derrière, le lien de cause à effet est plutôt clair.
Des seconds couteaux qui deviennent des terreurs : la recette de Tuchel
Mais tout de même : en jetant un œil sur la ligne de défense de Chelsea, il faut se pincer pour y croire. Les titulaires qui font office de monstres à l'heure actuelle étaient tous remplaçants sous Lampard ! Un statut particulièrement délicat à gérer au poste de défenseur central, où les repères sont essentiels. Mais Tuchel a instantanément su redonner confiance à César Azpilicueta, Andreas Christensen et Antonio Rüdiger, ainsi que Marcos Alonso en piston gauche.
Ici, tout est une question de management. Tuchel a fait sentir à tous ses joueurs, en particulier les remplaçants, qu'ils avaient chacun une importance capitale dans son esprit. Le latéral gauche Ben Chilwell, qui a pourtant perdu sa place depuis l'arrivée de Tuchel, explique en quoi la méthode est bénéfique :
"Personne ne sait qui va débuter et à quelle position, et c’est quelque chose de positif. Parce qu’on a un groupe énorme, avec des joueurs tous en compétition pour être titulaires. Et cela permet de donner le meilleur de nous-mêmes, parce qu’à l’entraînement, tout le monde se bat pour pouvoir débuter les matchs" .
Ben Chilwell, sur le site de Chelsea
Pour preuve, mercredi 17 mars en 8e de finale retour de Ligue des champions contre l'Atlético de Madrid (2-0), ce sont deux habituels remplaçants qui ont marqué : Hakim Ziyech et Emerson. Ce qui porte à 15 le nombre de joueurs décisifs (au niveau des buts et des passes décisives) avec Chelsea sous Tuchel.
Le collectif au cœur de tout
Si Tuchel avait perdu du crédit dans le domaine du management après son semi-échec avec les stars du PSG, c'est parce que ce poste n'était pas réellement fait pour lui. Tuchel n'est pas fait pour gérer des stars dans un collectif. Chez lui, c'est le collectif qui est la star. Et quel que soit le statut du joueur, ce dernier doit respecter les principes de Tuchel, qui se rapprochent de ceux de Diego Simeone à l'Atlético de Madrid comme l'Allemand les définit lui-même.
"Défendre, c'est une question d'efforts. C'est une question de volonté, de désir. C'est une question de concentration, de confiance, de courage, de hardiesse. Ce n'est pas qu'aux défenseurs que cela s'applique. Les gars devant eux doivent respecter ces principes, se serrer les coudes".
Thomas Tuchel en conférence de presse
Reste à appliquer la même chose en attaque, et Thomas Tuchel pourra déjà être considéré comme la meilleure recrue du mercato à 223 millions d'euros de Chelsea !