José Mourinho, voici un nom qui aura, sans conteste, marqué son époque. À la manière d'un Arigo Sacchi, le technicien portugais n'a nullement connu une carrière de footballeur florissante. Au contraire, il s'est fait un nom en tant que coach. C'est notamment au FC Porto qu'il se fait connaître au sein de la planète football en remportant sa première Ligue des Champions. C'était face à Monaco en 2004. Depuis, entre frasques, titres et punchlines dont seul lui a le secret, il est devenu un personnage des plus ambivalents.

José Mourinho, de l'anonymat à la gloire

Ambivalent, car José Mourinho ne laisse pas indifférent, loin s'en faut. Et des grosses écuries, il en a côtoyé tout au long de ses 22 ans de carrière : le FC Porto, mais aussi Chelsea, l'Inter, le Real Madrid ou encore Manchester United. Des étapes de sa carrière qui ont fluctué entre succès ahurissants et déceptions fâcheuses. Mais avant toute chose, José Mourinho est un gagnant. Il a notamment inscrit son nom en lettres d'or sur les registres continentaux en devenant le premier entraîneur à remporter toutes les compétitions européennes, rien que ça.

José Mourinho était très remonté après le match nul de la Roma sur la pelouse de Sassuolo (iconsport)
José Mourinho était très remonté après le match nul de la Roma sur la pelouse de Sassuolo (iconsport)

Vainqueur de la Ligue des Champions à deux reprises (FC Porto 2004 et Inter 2010), il a également glané l'Europa League à deux reprises (Porto 2003 et Manchester United 2017). Pour finir, il a amené l'AS Roma en finale de la Conférence League et a, une nouvelle fois, triomphé. C'était face à Feyenoord en mai dernier (1-0). Cinq finales disputées et cinq finales remportées. Un bilan tout bonnement exceptionnel en somme pour un homme qui semble avoir la gagne dans le sang.

Un homme difficile à jauger

Mais il y a souvent le revers de la médaille avec ce genre de personnage. On se rappelle forcément les tensions avec Pep Guardiola, alors coach du FC Barcelone, lors des Classiques lorsqu'il était à la tête de l'effectif du Real Madrid. Mais également des tensions avec sa propre direction. Là, on pense forcément à son limogeage de Manchester United en décembre 2018. José Mourinho est un homme qui possède ses propres principes, extrêmement encrés du reste. Paul Pogba, alors dans son viseur à l'époque, peut largement en témoigner.

Au premier plan des critiques qui peuvent être proférées à son égard, la principale reste, sans nul doute, le style de jeu pratiqué par ses équipes. José Mourinho est un homme qui pense avant toute chose au résultat. Un état de fait qui a une résultante sur ses différentes équipes entraînées : l'organisation et la défense priment sur le reste. Du côté de l'AS Roma, on a eu tout le loisir de s'en apercevoir. Intronisé le 4 mai 2021 à son nouveau poste au sein du club de la Louve, José Mourinho a donc réussi l'exploit de remporter une Coupe d'Europe.

Un entraîneur hors du temps

Aucune équipe transalpine n'avait remporté de Coupe d'Europe depuis 12 ans et c'était déjà José Mourinho à la baguette à l'époque du côté de l'Inter. Avec la Roma, le technicien lusitanien souffle ainsi le chaud et le froid. Il agace autant qu'il a été acclamé lors du succès des siens devant le Feyenoord. Mais la constante reste identique : le jeu pratiqué par la Roma peine à faire lever les foules. Le problème étant que très peu d'équipes évoluent encore de cette façon.

José Mourinho était très remonté après le match nul de la Roma sur la pelouse de Sassuolo (iconsport)
José Mourinho, l'entraîneur de la Roma (Icon Sport)

Le cas de Diego Simeone avec l'Atlético de Madrid, qui n'est pas vraiment similaire, serait également intéressant à mettre en exergue. Toujours est-il que José Mourinho use de codes qui ne sont plus vraiment au goût du jour. À désormais 60 ans, il ne changera pas son fusil d'épaule, il faut se rendre à l'évidence. Il ne changera pas une méthode qui a largement fait ses preuves en 22 ans, et encore à ce jour. Reste que ces velléités défensives et sa façon de toujours rejeter la faute sur autrui sont des facteurs qui le poussent, généralement, à conclure ses aventures dans le fracas et la colère. La Gazzetta dello Sport écrivait une chose très juste à ce sujet il y a quelques semaines de cela : "Mourinho, excuses et accusations, mais l'autocritique fait défaut. L'entraîneur de la Roma fait, défait, accuse, casse, juge tout et tout le monde, sauf son propre travail."

José Mourinho, des critiques à foison

Car c'est aussi ça José Mourinho : un homme qui n'hésite pas à critiquer ses propres joueurs devant la presse. À critiquer cette même presse, qu'il abhorre. Si dans les faits, son travail reste plus que convenable avec la Roma, actuelle cinquième de Serie A à une unité de la deuxième position, on est en droit de s'interroger sur la place qu'occupe aujourd'hui José Mourinho dans le paysage footballistique actuel. Lui qui parait être un personnage de l'ancien temps. Un coach qui a magnifiquement fait la transition entre deux types de football. Mais en 2023, il ne parait plus avoir les cartes en mains pour retrouver un banc prestigieux. Trop de choses lui font défaut. Néanmoins, dans un club aussi historique que la Roma, il a su redonner quelques lettres de noblesses à ses supporters. C'est tout cela à la fois José Mourinho.