Si le Real Madrid est toujours l'un des plus grands clubs du monde aujourd'hui, il le doit notamment à Zinédine Zidane. Lorsque "ZZ" prend ses premières fonctions en tant qu'entraîneur adjoint de Carlo Ancelotti au début de la saison 2013/2014, cela fait onze ans que les Merengue n'ont plus remporté la Ligue des champions. Et sur la même période, le club de la capitale n'a connu que trois sacres en Liga.
Sitôt installé aux côtés d'Ancelotti, Zidane contribue à décrocher la fameuse Décima (la dixième victoire en Ligue des champions). Un an et demi plus tard, en janvier 2016, l'ancien "Galactique" est appelé à prendre les rênes pour remplacer Rafa Benítez. Pas encore totalement prêt, débarqué en cours de saison pour jouer les pompiers de service, le champion du monde 1998 réalise pourtant des miracles. Il décroche sa première Ligue des champions seulement cinq mois plus tard. Deux autres suivront. Une première pour un entraîneur. Et depuis son retour aux commandes en mars 2019, Zidane est encore allé chercher un titre majeur : la Liga 2019/2020. Alors pourquoi la presse madrilène se montre-t-elle aussi dure avec lui ?
Des résultats en berne
Vendredi dernier, Zinédine Zidane, qui ne s'énerve que rarement, est apparu particulièrement remonté en conférence de presse. En cause : les questions de la presse sur son avenir. Celle-ci pointe du doigt ses résultats et la qualité de jeu, qui justifieraient un changement d'entraîneur immédiat. Même si le Real est toujours en course en Ligue des champions (malgré un parcours chaotique), il semble largué en Liga. Deuxièmes, les Merengue comptent sept points de retard sur l'Atlético de Madrid, avec deux matchs en plus. Et la Casa Blanca a aussi été éliminée de la Supercoupe d'Espagne et de la Coupe d'Espagne.
Zinédine Zidane demande du "respect" à la presse
Après une nouvelle défaite embarrassante - déjà la huitième de la saison - à domicile face à Levante (1-2) la semaine dernière, la presse s’en est donné à coeur joie. Quand l’inestimable Karim Benzema a un coup de moins bien, Zidane ne semble pas trouver les clés pour booster son groupe. Les questions prennent alors de plus en plus la tournure d'une incitation à la démission. Ce à quoi Zidane, lassé et incapable de contenir sa colère, a fini par répondre :
On a gagné la Liga la saison dernière, pas il y a dix ans. Alors on a le droit de défendre notre titre. Au moins cette saison, parce qu'après il faudra peut-être des changements. Mais là, laissez-nous nous battre. Un jour je suis viré, le lendemain je ne le suis plus. J'ai accepté cette réalité, mais je suis en colère. Parce que vous faites votre travail, mais nous voulons tous faire le notre. Respectez ceux qui travaillent ici. Est-ce que ça me fait plaisir d’entendre que je suis dehors à chaque fois qu’on fait un mauvais match ? Eh bien non, je ne suis pas content. Je suis remonté car j’estime que je ne mérite pas ce traitement. J’ai envie qu’on me laisse tranquille au moins cette saison, qu’on me laisse travailler avec mes joueurs qui ont gagné la Liga l'année dernière. Je veux juste du respect.
Zinédine Zidane, en conférence de presse vendredi
Une confrontation qui dure
La sortie du "double Z" peut se comprendre, tant on lui rabâche ces rumeurs de départ depuis le début de la saison. Un mois à peine après le coup d'envoi de l'exercice, Zidane est déjà annoncé en danger après une simple défaite en Liga (à domicile contre le promu Cadix) et une cagade en Ligue des champions face au Shakhtar Donetsk (2-3). Trois jours plus tard, l'ancien maestro des Bleus met tout le monde d'accord en s'adjugeant le Clasico face au Barça (3-1).
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Mais la presse n'en a pas fini avec lui. En novembre, les journalistes reviennent à la charge. Il est frappant de constater à quel point l'échange d'alors ressemble à celui de vendredi. "Continuez à faire votre travail, et moi je fais le mien". Quelques jours plus tôt, Zidane avait déjà lâché un "qu'est-ce qu'ils sont lourds (les journalistes)" au sortir d'une conférence de presse.
Pourquoi la presse en veut à Zidane
Si la presse se montre aussi insistante et peu tendre avec Zidane, c'est aussi parce que le Marseillais n'est pas ce qu'on appelle un "bon client". Les journalistes raffolent des personnages volubiles et hauts en couleur car ceux-ci facilitent leur travail avec des déclarations qui sortent de l'ordinaire. Dans le cas de Zidane, le Madrilène est un champion de la langue de bois, qui sait esquiver à merveille les questions gênantes en ne donnant que des réponses évasives.
Logique, donc, que les journalistes s'obstinent à obtenir des réponses avec plus de "matière à travailler" de la part de Zidane. Mais l'acharnement a ses limites : le "double Z" est tout à fait dans son droit en "donnant" aussi peu aux journalistes, et personne ne peut le forcer à lui arracher des propos qui pourraient mettre en danger la stabilité de son groupe.