En changeant de sélectionneur en août dernier, l'équipe du Maroc a pris un risque évident. Succéder à Vahid Halilhodzic, qui avait pourtant qualifié les Marocains pour cette Coupe du monde 2022 au Qatar, n'avait rien d'une évidence sportive. Mais en l'espace de quelques semaines, Walid Regragui, avec des idées claires, est parvenu à hisser cette nation africaine jusqu'en demi-finale. Un authentique exploit gravé à jamais. Dans les colonnes de L'Equipe, le technicien de 47 ans a tenté de dresser un bilan de cette compétition planétaire.
Un vaste chantier avant et pendant le Mondial pour le Maroc
À quitte ou double. En nommant un entraîneur qui avait certes le vent en poupe avec le titre national, la Ligue des champions africaine et une finale de Coupe du côté du Wydad Casablanca, mais inexpérimenté (en tant que coach) d'un point de vue international, la Fédération marocaine prenait un risque. Un risque mesuré, diront certains. Toujours est-il que Walid Regragui a eu du pain sur la planche dès son arrivée. Il faut "définir un style" et "dire aux joueurs ce que j'attends d'eux", a ainsi expliqué le natif de Corbeil-Essonnes. Tout en gérant le cas Hakim Ziyech, le joueur de Chelsea, en froid avec Vahid Halilhodzic, qui "était fâché de la situation" et "ne répondait plus".
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Dans une poule composée de la Belgique, des vice-champions du monde croates et d'un surprenant Canada, le Maroc pouvait clairement redouter de prendre la porte d'entrée. "J'ai dit à mes joueurs : 'On a une équipe qui peut battre n'importe qui.' Le but est ensuite de les convaincre de ça. À l'arrivée, je pense qu'ils y ont cru plus que la normale. (...) Le plus dur pour nous, c'était donc la phase de poules", a ainsi estimé Regragui conscient que quelque chose de grand était peut-être en train de se passer après cette qualification pour les huitièmes de finale.
"À la mi-temps, j'ai dit à mes joueurs que la France était la moins bonne équipe", révèle Regragui
En huitième, le Maroc a éliminé l'Espagne. "C'est la meilleure équipe qu'on a jouée. Si on ne les sort pas, ils peuvent aller au bout", a analysé Walid Regragui. Puis le Portugal en quart de finale. "Mes mecs après le Portugal se disaient : "On va prendre cette Coupe', a lâché l'ancien latéral droit de l'AC Ajaccio. En demi-finale, l'équipe de France a donc barré la route des Lions de l'Atlas.
"À la mi-temps, j'ai dit à mes joueurs que c'était la moins bonne équipe depuis le début des matches à élimination directe. Attention, je parle sur ce match, bien sûr, pas de la France en général, qui est une grande équipe ! C'est pour ça qu'il y avait ce regret à la fin, mais je ne suis pas naïf. Le très très haut niveau, tu penses toujours que tu n'es pas loin mais, en fait, tu es loin. La marche était un peu trop haute pour nous."
Walid Regragui, le sélectionneur du Maroc, sur l'équipe de France, dans les colonnes de L'Equipe.
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Finalement quatrième au Qatar, le Maroc a marqué l'histoire de tout un royaume. Lors du retour au pays, l'émotion était au rendez-vous : "Ces mères de famille, ces grands-mères, ces petites filles, ces petits garçons... Là, tu comprends que tu as touché même des gens éloignés du foot, que tu as rendu fier un peuple." Désormais, Walid Regragui, ressourcé, a les yeux rivés sur la prochaine grosse échéance : "L'objectif, c'est de gagner la CAN en Côte d'Ivoire (début 2024, NDLR)". Le décor est planté. L'appétit, intact.