La route vers un sacre est rarement dénuée d'obstacles. Propulsée au rang d'immense favori de cet Euro 2020 après un parcours sans faute en phase de poules, l'Italie était jusqu'à présent sur un petit nuage. C'était avant d'affronter la surprenante et héroïque Autriche en huitièmes de finale, ce samedi 26 juin. Pourtant novices à ce stade de la compétition, les partenaires de David Alaba ont livré une prestation bluffante de courage et d'intensité, au point d'étouffer la Squadra Azzurra en seconde période et de l'embarquer en prolongation. Si la fraîcheur des entrants italiens a finalement fait la différence, la troupe de Roberto Mancini a eu chaud. Et c'est peut-être la meilleure chose qui pouvait lui arriver vers son chemin jusqu'au sommet.

L'Autriche n'a pas froid aux yeux, l'Italie la refroidit

Un match déséquilibré entre un ancien vainqueur de l'Euro (1968) et un bizuth à ce stade de la compétition ? Sur le papier, seulement. Car à Wembley, les partenaires de David Alaba ne se montrent pas impressionnés par l'événement. Mieux : ils prennent le contrôle de la rencontre, non seulement en confisquant la possession, mais aussi en mettant du rythme. Ça tombe bien, la Squadra Azzurra n'est pas réputée pour son attentisme et réplique en proposant le même dynamisme.

L'Autriche est entrée dans la partie sans avoir froid aux yeux. Icon Sport
L'Autriche est entrée dans la partie sans avoir froid aux yeux. Icon Sport

Après un premier quart d'heure à subir légèrement les événements, l'Italie monte en puissance et reprend les commandes. Beaucoup plus hauts et agressifs sur le porteur, les coéquipiers de Marco Verratti se mettent à étouffer "Das Team", qui passe son temps à se débarrasser du ballon. L'intenable Spinazzola trouve la faille sur son couloir gauche et centre en retrait pour Barella, qui manque de tromper Bachmann (17e).

L'Autriche est entrée dans la partie sans avoir froid aux yeux. Icon Sport
Nicolò Barella a manqué une bonne occasion d'ouvrir le score à la 17e minute. Icon Sport

Les mouvements des attaquants transalpins au cœur de la défense autrichienne sont incessants, Immobile et Insigne se retrouvant plusieurs fois en bonne position. Mais c'est bien sur un exploit individuel que l'attaquant de la Lazio pense ouvrir le score. Sans élan, il dégaine une frappe d'une pureté absolue, qui emboutit le poteau d'un Bachmann médusé (32e).

Le milieu autrichien rapetisse le trio Jorginho-Verratti-Barella

Sur sa lancée, l'Italie démarre fort la reprise des hostilités. Mais comme en première période, l'Autriche parvient à tirer son épingle du jeu grâce à quelques fulgurances. Arnautović, notamment, fait des dégâts au sein de la défense italienne. Peut-être échaudée, la Squadra Azzurra perd en sérénité. Elle concède même un coup franc extrêmement dangereux aux abords de sa surface, qu'Alaba manque de faire fructifier (52e). Elle perd aussi quelques ballons dangereux, harcelée par l'hyperactif Schlager.

L'Autriche est entrée dans la partie sans avoir froid aux yeux. Icon Sport
Xaver Schlager a été monstrueux au point de prendre le dessus sur le milieu italien. Icon Sport

Après une nouvelle alerte de Sabitzer (63e), Arnautović croit ouvrir le score suite à une superbe remise de la tête d'Alaba... mais le grand attaquant et toute l'Autriche sont finalement frustrés par la VAR pour un hors-jeu ! Et pas qu'une fois. Quelques minutes plus tard, c'est Lainer qui est rattrapé par l'arbitrage vidéo alors qu'il aurait pu bénéficier d'un penalty.

Les entrées en jeu de Locatelli et Pessina au milieu ne changent pas franchement la donne pour la Squadra Azzurra, qui continue d'être "cuisinée" par le rôtisseur en chef Schlager et sa brigade. Le match époustouflant de Dragović et Hinteregger en défense centrale parachève l'œuvre autrichienne, au point d'embarquer l'Italie dans une incertaine prolongation.

L'Italie délivrée par ses entrants

Des doutes, l'Italie n'en connaîtra finalement jamais. Et pour cause : après avoir tant donné lors de 90 minutes, l'Autriche n'a plus d'essence dans le moteur. Surtout que son sélectionneur commet l'erreur de ne toujours pas amener de sang neuf (un seul changement à la 90e minute). Roberto Mancini, lui, a déjà envoyé quatre renforts au combat. Logiquement, donc, c'est grâce à sa fraîcheur que la Squadra Azzurra fait la différence. Et coïncidence ou non, ce sont deux entrants qui triomphent enfin de la résistance autrichienne. Federico Chiesa, d'abord, plus vif que Schlager et Alaba (1-0, 95e). Puis Matteo Pessina, plus mordant qu'Hinteregger dans la surface adverse (2-0, 105e).

On se dit que c'en est fini des chances de la valeureuse Autriche. Mais "das Team" n'abdique pas et jette ses dernières forces dans la bataille. Saša Kalajdžić, lui aussi entré en jeu, fait parler son physique imposant (2 mètres) pour reprendre un corner au premier poteau et tromper l'invincible Donnarumma (2-1, 114e). Le probable futur gardien du PSG, qui avait déjà signé une détente exceptionnelle pour repousser l'échéance (107e), ne peut rien cette fois pour sauvegarder la folle série de 11 clean sheets d'affilée de la Squadra Azzurra. Malgré quelques sursauts d'orgueil supplémentaires, l'Autriche n'ira pas au bout de son exploit et laisse une Italie encore secouée filer en quarts de l'Euro. Mais que ce fut dur.

La fiche du match

Italie 2 - 1 a.p Autriche

Buts : Chiesa (95e) et Pessina (105e) pour l'Italie / Kalajdžić (114e) pour l'Autriche

Italie : Donnarumma - Di Lorenzo, Bonucci, Acerbi, Spinazzola - Barella (68e, Pessina), Jorginho, Verratti (68e, Locatelli) - Berardi (84e, Chiesa), Immobile (84e, Belotti), Insigne (108e, Cristante).

Autriche : Bachmann - Lainer (114e, Trimmel), Dragović, Hinteregger, Alaba - Schlager (106e, Gregoritsch), Grillitsch (106e, Schaub) - Laimer (114e, Ilsanker), Sabitzer, Baumgartner (90e, Schöpf) - Arnautović (97e, Kalajdzić).