Karim Benzema - Kylian Mbappé - Antoine Griezmann. Les fans de l'équipe de France n'ont qu'une hâte : voir ce trio magique en action. Et dans le 4-2-3-1 de Didier Deschamps, il faut même ajouter un ailier pour compléter le tableau. Avec Kingsley Coman ou Ousmane Dembélé, la menace pourrait vraiment venir de partout. Les défenses adverses peuvent trembler... mais les Bleus aussi.
Benzema, les Bleus ont bien changé depuis 2015
En effet, il serait suicidaire pour l'équipe de France de se présenter avec quatre éléments aussi offensifs face à des nations comme l'Allemagne ou le Portugal en phase de groupe de l'Euro. Didier Deschamps a d'ailleurs déjà testé cette configuration face à des sélections plus modestes, et la mayonnaise n'avait pas vraiment pris. Alors contre des "gros" où la moindre perte de balle peut être sanctionnée cash... Le sélectionneur des Bleus devrait donc aligner un Adrien Rabiot dans un rôle de faux ailier gauche qu'occupait Blaise Matuidi à la Coupe du monde 2018.
En soit, la présence de Karim Benzema ne change pas grand chose à l'équation. C'est de manière plus globale que le Madrilène la complexifie. En effet, cela fait six ans que les Bleus sont habitués à évoluer sans Benzema, et avec Olivier Giroud en pointe. Six ans que le plan de jeu de l'équipe de France s'est articulé en fonction des caractéristiques de l'attaquant de Chelsea. Six ans que les Bleus ont leur repères, leurs automatismes et leurs combinaisons dans cette disposition.
Avec Benzema, les Bleus repartent d'une page blanche ou presque. Dans l'équipe-type de Didier Deschamps, seuls Hugo Lloris, Raphaël Varane, Paul Pogba et Antoine Griezmann ont déjà joué avec l'attaquant du Real Madrid sous le maillot de l'équipe de France. Et c'était il y a très longtemps (plus de cinq ans minimum). A l'époque, Antoine Griezmann n'était d'ailleurs qu'un prometteur... ailier droit. Aujourd'hui, le Mâconnais évolue à un poste de milieu offensif... que Benzema occupe quasiment dans les faits au Real Madrid.
Griezmann-Benzema, risque de collision sur la pelouse
Et c'est là que Benzema pourrait principalement chambouler le plan de jeu de l'équipe de France, dont Antoine Griezmann est le centre. Véritable lien entre le milieu et l'attaque, le joueur du Barça est la clé du système du sélectionneur. Benzema, lui, occupe le même rôle de pièce maîtresse au Real. Faux n°9 par excellence, le Lyonnais est maître dans l'art du décrochage et du dézonage... dans des zones qu'occupe souvent Antoine Griezmann chez les Bleus.
Didier Deschamps demandera-t-il à Benzema de rester plus proche des défenseurs centraux adverses pour laisser de la liberté à Griezmann ? Ou exigera-t-il du Mâconnais qu'il ménage de la place à son coéquipier, voire qu'il s'exile sur un côté ? Aucune des solutions ne semble en mesure de satisfaire les deux parties, qui devront probablement mettre de l'eau dans leur vin et accepter de jouer un peu contre-nature. De quoi faire naître certaines frustrations si les choses ne tournaient pas comme prévu...
Kylian Mbappé, de son côté, est lui aussi une certaine victime collatérale de ce retour en grâce de Benzema. La star du PSG avait commencé à s'affirmer comme l'option privilégiée de Deschamps au poste d'avant-centre. Dans la lignée de ses prestations en club, il a ainsi disputé 6 de ses 8 dernières rencontres avec les Bleus à ce poste. Mais la présence de Benzema le contraint de nouveau à faire la navette avec les ailes. Problème : c'est sur le flanc droit que Didier Deschamps devrait l'aligner pour équilibrer son onze avec Rabiot à gauche. Or, cela fait plus de six mois que Mbappé n'a pas occupé ce poste en Bleu.
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Benzema a besoin de temps, mais il en a si peu...
Après la tour de contrôle Olivier Giroud, après le dévoreur d'espaces Kylian Mbappé, les Bleus vont donc devoir s'adapter à un troisième profil d'attaquant, totalement différent. C'est connu : l'accumulation de talent brut ne suffit souvent pas à créer une osmose, et se révèle bien souvent décevante par rapport aux énormes attentes.
En sélection, encore plus qu'en club, tout est histoire de complémentarité. Le magicien Benzema est-il compatible avec l'équipe de France construite autour d'Antoine Griezmann ? Le Lyonnais a trois semaines pour montrer qu'il en est capable. Trois semaines au cours desquelles il deviendra peut-être évident que c'est autour de lui que l'équipe de France doit être axée. Mais trois semaines, à l'échelle du football international, c'est si peu...