Octobre 2021, l'arrêt forcé

1er octobre 2021, la saison d'Amel Majri prend fin sur la pelouse des Girondins de Bordeaux. Victime d'une rupture des ligaments croisés, l'internationale française doit s'armer de patience avant de retrouver les terrains. Trop juste pour disputer l'Euro 2021, Majri décide alors de se lancer dans une nouvelle aventure, celle de devenir maman. Dans un documentaire pour Canal +, l'ancienne joueuse de l'équipe de France Jessica Houara d'Hommeaux suit le chemin parcouru par la polyvalente latérale de l'OL entre sa grossesse et son retour à la compétition.

La consultante de la chaîne cryptée, par le biais de ce documentaire, souhaitait mettre en lumière l'évolution des mœurs, dans l'espoir que certaines mentalités puissent changer. "Avoir un enfant pendant ma carrière, j'en ai rêvé" a lancé Jessica Houara d'Hommeaux, reconnaissant avoir eu peur de perdre sa place, et de ne plus jouer.

Et c'est en ce sens qu'elle est allée à la rencontre d'Amel Majri, première internationale française à devenir maman durant sa carrière. La Lyonnaise est revenue sur une décision finalement logique selon ses dires. "J'ai profité de ma blessure et je me suis dit 'je me lance'. De toute façon, je n'ai rien à perdre. J'étais blessée, donc ce n'est pas comme si je pénalisais mon club", explique-t-elle.

L'OL l'a accompagnée

Dans le flou. C'est la première réaction de Franck Pélissier, directeur médical de l'OL, qui n'avait pas la moindre idée des délais de récupération pour une femme qui revient d'une rupture des ligaments croisés et d'une grossesse. Pourtant, le club l'a soutenue. Majri venait s'entraîner avec Maryam. En attendant de trouver une nounou, ce sont ses coéquipières ou des membres du staff qui s'en occupait. "J'avais peur qu'elle m'annonce son départ, donc j'étais soulagé", souffle Jean-Michel Aulas, président de l'OL.

Amel Majri et Sara Björk Gunnarsdóttir, avec l'OL. (Icon Sport)
Amel Majri et Sara Björk Gunnarsdóttir, avec l'OL. (Icon Sport)

Mais le club lyonnais n'en était pas à son premier coup d'essai, puisque quelques mois plus tôt, l'Islandaise Sara Björk Gunnarsdóttir accouchait, elle aussi, d'un petit bébé. Mais pour la désormais joueuse de la Juventus, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Gunnarsdóttir, qui a voulu réaliser sa grossesse en Islande, n'a pas été payée pendant cinq mois. L'OL, qui s'est rattaché au droit français, a finalement dû verser la somme de 80 000 euros à l'Islandaise, qui garde une grande rancœur envers le club français.

Majri n'est pas toute seule

Avant qu'elle ne prenne la direction de la Juventus, Sara Björk Gunnarsdóttir a pu donner quelques conseils à Amel Majri, qui s'attendait à souffrir pour pouvoir revenir au plus haut niveau. Mais la Lyonnaise n'est pas seule dans son combat. D'autres joueuses de D1 Arkéma sont elles aussi maman. C'est le cas de Charlotte Fernandes, Falone Meffometou et de Manon Heil, toutes les trois joueuses au FC Fleury. Maman à 20 ans, Fernandes évoluait alors à Juvisy, lors des grandes années du club francilien. "Ils ne m'ont pas accompagnée mais je n'en ressentais pas le besoin. Pour moi, ça n'existait pas", précise-t-elle. La gardienne de but, quant à elle, venait d'arriver à Fleury et s'est posée mille questions au moment d'annoncer sa grossesse à sa direction. "Au final, le président l'a bien pris, le staff aussi, et le club a été présent pour moi pendant toute ma grossesse", explique Manon Heil.

Quatre joueuses de D1 Arkéma sont désormais mamans. Quatre exemples pour une nouvelle génération, quatre phares pour les clubs, en constante évolution depuis plusieurs années. Parce qu'après s'être rompu les croisés et avoir mis au monde Maryam, Amel Majri a retrouvé les terrains le 14 janvier dernier, sur la pelouse de Soyaux. Mieux encore, elle inscrit le 4e but de son équipe face à Rodez le 4 février. "C'est comme si je tournais la page, je fermais le livre de ce que j'ai vécu. Bon débarras", conclut-elle en se rappelant des mois de souffrance.