C'est avec le coeur lourd que Marcelino avait pris la décision de quitter l'Olympique de Marseille. Arrivé cet été pour succéder à Igor Tudor, le technicien espagnol n'est finalement pas resté très longtemps sur le banc phocéen. En effet, après avoir été menacé de mort - lui et sa famille -, l'ancien coach de l'Athletic Club avait pris la décision de quitter le navire. Muet dans la presse depuis le 20 septembre dernier et son départ, Marcelino a accordé une entrevue à L'Equipe. Pour le quotidien sportif français, il se livre sans prendre de pincettes à l'égard de son ancien club.

"Le lundi, nous nous sommes entraînés normalement. Ensuite, le soir, Pablo m'a appelé et m'a raconté ce qui venait de se passer au siège du club. Lui et les autres dirigeants avaient reçu des menaces, et on les obligeait pratiquement à quitter leur fonction. Il était triste, surpris, secoué aussi car il avait été menacé et il était envahi par la frustration. Il y a certaines choses qu'on ne peut pas accepter. Dans la vie, et donc dans le football. Ce ne sont pas des comportements habituels. Ce lundi soir, nous n'avons pas eu une discussion très longue, parce qu'on savait qu'on se verrait le mardi matin", raconte-t-il d'abord.

Le départ de Marcelino, une décision générale ?

Alors qu'il est finalement le seul à avoir pris la décision de quitter l'OM, Marcelino révèle que c'était pourtant une décision commune au départ. "Je n'ai pas pris la décision de partir, ce fut une décision générale, étant donné les menaces absolument répréhensibles", explique-t-il avant de revenir sur les menaces. "C'est l'illogique qui s'invite dans le monde réel. Moi, jamais je n'accepterai des menaces dans le cadre de mon travail. Mon métier me passionne, je prends des décisions en tant qu'entraîneur, et j'assume toujours mes responsabilités. Mais personne, ni dirigeants, ni supporters, ni journalistes, ni joueurs ne pourront influencer mes décisions."

Marcelino revient ensuite sur son ressenti au moment de prendre la décision de partir. "Très en colère, déçu et triste. Nous avions mis tout notre enthousiasme pour développer un projet super attractif, dans un grand club. En tout cas, on pensait que c'était un grand club dans tous les sens du terme, mais ces événements déplorables démontrent que ce n'est pas un club aussi grand que ce qu'il voudrait être. Certains supporters radicaux qui veulent influer en permanence sur les événements l'empêchent d'être un grand club."

L'OM et ses supporters chargés

Dans cet entretien, Marcelino n'a pas épargné les supporters marseillais, tout en expliquant que l'OM ne progressait pas. "Mon expérience très courte me fait penser que c'est un club où créer un projet est absolument impossible. Parce qu'un club aussi grand ne peut pas être manipulé par quelques-uns. Les clubs sérieux sont dirigés par le haut, et chaque problème, chaque situation est gérée et sanctionnée si besoin. Les supporters sont des supporters, ils transmettent de la passion et ils sont nécessaires."

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Le Stade Vélodrome n'a pas longtemps accueilli Marcelino. (Icon Sport)

Avant de conclure avec des mots durs concernant le club. "Donc les supporters encouragent, les dirigeants travaillent et, à la fin de la saison, on fait les comptes. Mais pas après deux mois. Cela semble vouloir dire que tout a été orchestré bien en amont. Les clubs doivent évoluer, pas régresser. Et l'OM, comme le montrent les résultats depuis un bout de temps, est un club qui, au lieu d'évoluer, régresse."