Guardiola s’attendait à plus ambitieux

Personne n’imaginait l’Atlético de Madrid se présenter à l’Etihad Stadium avec de grandes ambitions offensives. Mais on ne s’attendait pas non plus à ce qui a ressemblé à une parodie de football, entre des Skyblues déployant leur jeu de possession et des Colchoneros déterminés à ne laisser aucune brèche dans leur arrière-garde. Pep Guardiola non plus.

"On sentait qu'ils allaient jouer en 5-3-2, puis ils se sont ajustés et ils sont passés en 5-5."

Pep Guardiola sur l'Atletico Madrid - Propos recueillis par RMC Sport

Après une première mi-temps complètement cadenassée, Manchester City a fini par trouver la faille. Kevin De Bruyne a marqué et n’est pas passé loin d’un doublé. Pas grave, les Citizens se satisferont de ce 1-0 au match aller. Face à un tel bloc défensif, qui n'a pas eu le début d'une occasion, difficile d’espérer mieux.

Pour Pep Guardiola, la clé était de garder foi en sa philosophie. L’Espagnol sentait ses joueurs capables de déstabiliser la défense de l’Atletico malgré un premier acte frustrant : "Ils sont forts, nous sommes petits et légers. C'est une question de patience. J’ai dit à mes joueurs à la mi-temps que nous étions bien. Le jeu en deuxième mi-temps était cassé."

L’entraineur espagnol est du genre modeste, car ce sont surtout ses changements qui ont fait la différence. Phil Foden pour dynamiser la circulation du ballon (il est passeur décisif sur le but) et Jack Grealish pour faire sortir certains adversaires de leur match. En maintenant son plan de jeu, Guardiola savait que ne pas se faire surprendre en contre était au moins aussi important que de faire sauter le verrou. Histoire de ne pas vivre le même match au retour.

Les blocs bas, le défi du siècle

La stratégie de l’Atletico Madrid n’est pas une surprise, car Diego Simeone aborde souvent les grands matchs de cette manière. Solidité et état d’esprit sont les maîtres-mots de ses plus grandes conquêtes. Aujourd’hui, de plus en plus d’équipes en position d’outsider installent le rapport de force avec la même idée, un bloc bas voué à piéger l’adversaire. Dernier exemple marquant : l’Égypte lors de la CAN, pas passée loin de remporter le trophée en ne marquant que deux buts à partir des huitièmes de finale. Selon Pep Guardiola, la tâche des adversaires de ces équipes est très compliquée, voire impossible.

"Dans la préhistoire, aujourd'hui et dans cent mille ans c'est très difficile d'attaquer un 5-5, c'est qu'il n'y a pas espaces."

Pep Guardiola - Propos recueillis par RMC Sport

La saison actuelle de Ligue 1 en est une autre illustration. En première partie de saison, de nombreux poursuivants du PSG ont avancé lentement en championnat tout en obtenant de bons résultats en coupes d’Europe (Lille, Monaco, Lyon, Rennes). Car ils se cassent régulièrement les dents sur les blocs bas des équipes de bas de tableau.

Simeone et Guardiola, deux visions du football bien distinctes. (Icon Sport)
Simeone et Guardiola, deux visions du football bien distinctes. (Icon Sport)

Ce mardi soir, un autre facteur a poussé Diego Simeone à adopter cette stratégie : la fin de la règle du but à l’extérieur. Jadis, l’équipe qui se déplaçait à l’aller avait tout intérêt à tenter de marquer, mais plus maintenant. Alors, il est clair que les équipes comme Manchester City n’en ont pas terminé avec les blocs bas. Réussir à les contourner sera probablement le défi du siècle, pour performer sur le long terme en championnat et remporter ce genre de confrontations. Guardiola le sait et prend chacune de ces rencontres comme une leçon : "Nous avons gagné un match, il reste le match retour et nous verrons. Nous apprendrons du match d'aujourd'hui et essaierons d'être un peu meilleurs."

Avec foi et humilité, Pep Guardiola n’est pas loin de remporter la première Ligue des champions de l’histoire de City.