Noël Le Graët a démissionné ce jour de sa fonction de président de la Fédération française de football, et n'a pas tardé à prendre la parole dans la presse. Dans une interview dans Le Monde, le Breton se dit victime d'une "cabale politico-médiatique bien organisée". Mais Le Graët s'est également exprimé dans L'Équipe, où il affirme n'avoir jamais harcelé personne.
Le Graët a "quitté" la Fédération
Noël Le Graët vient de quitter son poste de président, mais lui refuse de parler de "démission". En revanche, il reconnaît avoir passé "un moment émouvant ce (mardi) matin". "J'ai employé le verbe 'quitter', car je n'aime pas 'démissionner'. Je les ai remerciés pour tout le travail que nous avons réalisé ensemble. Après, il y a eu un dialogue où chacun a pu intervenir. J'ai été touché par des discours émouvants... De Jean-Michel (Aulas), Marc (Keller), Hélène (Schrub), Laura (Georges), Pascal (Parent)... Certains étaient très émus. Cela m'a même étonné, dans le bon sens du terme, et touché que certains versent une petite larme. Le Comex ne m'a pas lâché, comme j'ai pu le lire" a précisé le désormais ancien président de la FFF.
Comme l'a annoncé son avocat dans l'émission de France 5 "C à vous", le clan Le Graët va contre-attaquer et porter plainte pour diffamation contre la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. "Je vais contester le rapport, déjà. Mes avocats vont le faire par toutes les voies juridiques qui leur sont offertes. Ils vont contester l'irrégularité de l'enquête administrative au sein de la Fédération et demanderont l'annulation du rapport de la mission d'enquête. Je vais aussi continuer à m'occuper du bureau de la FIFA à Paris" a déclaré le Breton.
"Mon petit doigt n'a jamais touché Hardouin"
Noël Le Graët se dit prêt à aider son successeur, Philippe Diallo, qui selon lui "connaît bien les réglements". Par ailleurs, il a affirmé que Florence Hardouin, mise à pied en janvier dernier, lui devait beaucoup. Accusé de harcèlement par l'ancienne directrice générale de la FFF, l'ancien dirigeant français s'est défendu dans les colonnes de L'Équipe.
"Mon petit doigt n'a jamais touché le sien. Je lui ai sauvé sa place à plusieurs reprises. En 2019, quand 14 directeurs sur 17 ou 18 demandaient son départ, puis une seconde fois après le rapport d'audit de Plein Sens que j'avais commandé. Je l'ai protégée car elle se faisait démolir. Et avant la dernière Coupe du monde au Qatar, le comex souhaitait son départ."
Noël Le Graët, dans L'Équipe.
Et le Breton a enchaîné sur l'enquête ouverte contre lui pour harcèlement sexuel et les propos de la ministre du Sport, qui pointe du doigt son comportement inapproprié envers les femmes. "Je le conteste totalement et je ne me présenterais pas devant vous si je mentais. Et je n'ai jamais harcelé personne, ni moralement ni sexuellement. Je suis surpris par toute cette cabale, je ne sais pas qui est derrière, mais je finirai par le savoir. Je n'ai rien fait de mal et j'attends de voir les suites avec mes avocats" a poursuivi Le Graët, qui s'est également exprimé sur les accusations de l'agent de joueurs Sonia Souid.
"Je ne l'ai jamais agressée et je ne lui ai jamais envoyé de SMS à caractère sexuel. Donc, quelle est l'histoire ? Et qu'est-ce qu'elle vient faire là-dedans ? On voit bien que c'est un coup et qu'il a été monté."
Noël Le Graët sur Sonia Souid
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Zidane, Diacre et Deschamps
L'ancien président de la 3F, par ailleurs, reconnaît "être en décalage dans sa manière de s'exprimer", mais que cela ne fait pas de lui "une mauvaise personne." En revanche, Le Graët a éprouvé des regrets quant à ses dires sur Zinédine Zidane lors d'une émission sur RMC, lesquels l'avaient placé dans le collimateur de nombreuses personnes. "Mes déclarations étaient très maladroites. Je venais de rentrer de Paris et c'était le troisième journaliste qui me posait la question sur Zidane, j'avais été aimable avec les deux premiers et avec le troisième, je ne sais même pas qui c'était, j'étais au téléphone, j'ai craqué. C'est malin, je me mettrais des claques. Je n'aurais jamais dû dire cela. Mais je me suis tout de suite excusé" a-t-il précisé.
S'il n'a pas voulu commenter l'actualité autour de l'équipe de France féminine et Corinne Diacre. En revanche, il a tenu à défendre le mandat de la sélectionneure des Bleues, sous contrat jusqu'en 2024. "Elle ne fait pas pire en tout cas que certains hommes qui étaient là avant elle. Elle a connu trois défaites depuis la Coupe du monde (2019) où on a été éliminé par les États-Unis, dont deux lors d'une tournée qu'elle a souhaité disputer en Suède et en Allemagne avec une équipe bis. En revanche, elle a fait une erreur d'enlever le brassard à Wendie Renard sans la prévenir et au travers de la presse" a expliqué Le Graët.
Par ailleurs, il a une nouvelle fois défendu son choix de conserver Didier Deschamps à la tête des Bleus. "Qui n'aurait pas mis Didier après une finale de Coupe du monde perdue à une chaussure près ? Vous-même vous l'auriez choisi. Le couple que l'on a formé n'a jamais été guidé par l'argent."
Le Graët fait le bilan
Enfin, Noël Le Graët a dressé le bilan des 12 années passées à la tête de la Fédération française de football. Pour lui, c'est évidemment une réussite, tant sur le plan sportif qu'économique. "Je crois avoir fait progresser la Fédération, aussi bien sportivement qu'économiquement, au niveau de son budget global. Il y a aussi Clairefontaine. Les sommes données au foot amateur ont été portées à un niveau jamais vu avant. La Fédération compte des partenaires solides et fidèles. Depuis 2011, la FFF a remporté 11 titres. Le football féminin a progressé comme jamais en nombre de licenciées. La formation française est aujourd'hui considérée comme l'une des meilleures du monde. Cela ne va pas si mal, même si on aime bien se plaindre de tout et de rien, parfois... Il y a eu beaucoup de bonnes choses de faites" a conclu l'ex-président de la FFF.