Trois ans après un titre qui a mis un terme à dix-huit saisons de disette, le Sporting Portugal a toutes les cartes en main pour récupérer la couronne de champion national. Dans ses rangs, Rúben Amorim compte une arme à destruction massive venue tout droit de Suède : Viktor Gyökeres. Portrait d'un phénomène à l'éclosion tardive. Mais surtout, d'un grand gaillard déterminé à atteindre ses rêves à force de travail, d'abnégation et de courage.

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Viktor Gyökeres, l'attaquant du Sporting CP. (IconSport)

À 25 ans, le compatriote des légendaires Henrik Larsson et Zlatan Ibrahimović éclot enfin au haut niveau. Le gamin de Stockholm, devenu en juillet dernier, et après d’interminables semaines de négociations, la recrue la plus chère du club lisboète, a pris du temps à arriver en haut de l’affiche. Maintenant qu’il y est, l’heure est venue de faire la connaissance de cet avant-centre qui fait l’unanimité dans un pays qui a vu passer quelques-uns des meilleurs talents offensifs à avoir brillé sur le Vieux-Continent.

Un premier échec en Premier League

Pourtant, ce n’était pas gagné. Car avant d’avoir sa chance, Viktor Gyökeres s’est cassé les dents en Angleterre. À tout juste 19 ans, le grand blond aux yeux bleus quitte la Scandinavie pour s’installer à Brighton. Pour sa première expérience loin de la maison, c’est donc dans la ville portuaire qu’il décide de poser l’ancre. Les débuts y sont difficiles. Pendant plusieurs mois, Chris Hughton – le prédécesseur de Graham Potter – ne compte pas sur lui. Le Suédois navigue à vue en attendant son heure. C’est en janvier 2019, soit un an après son transfert, qu’il est lancé dans le grand bain par le technicien irlandais. Un faible temps de jeu que Gaëtan Bong, un de ses camarades de vestiaire de l’époque, justifie assez facilement.

Aujourd'hui, dans le football, on veut aller vite. Entre un joueur qui est là depuis des années, qui a de l’expérience au haut niveau et qui joue régulièrement, pour un entraîneur, devoir mettre un jeune aussi talentueux soit-il, c’est faire fi de la hiérarchie. Et cette hiérarchie, il est important de la maintenir“, estime-t-il. “Il y a des joueurs qui arrivent à être précoces mais ça veut dire qu’au poste, les autres ne répondent pas présent. Sauf que dans son cas, ils répondaient présent“, a avoué le Camerounais en exclusivité pour Foot11.com.

"C'était un bon petit..."

C’est donc sur les terrains du centre d’entraînement que le talentueux attaquant luttait pour une place qu’il n’est jamais réellement parvenu à avoir. Et là aussi, il n'a rien à se reprocher. “Il était très concentré, concerné et il se donnait toujours à 200 %. Il avait faim, il avait envie de réussite. À chaque duel, il y allait à 200 %. Il ne se retenait jamais. C’était l’une de ses forces“, reprend l’ancien international avec les Lions Indomptables. Une personnalité forte qui se démarque grandement du Viktor de la vie de tous les jours. “Il était plutôt réservé. C’était un bon petit. Je l’ai pris sous mon aile, c’était un joueur qui était agréable“, décrit le latéral gauche.

En 2020, les deux hommes se séparent. Gyökeres, de son côté, commence un enchaînement de prêts ici et là. En Allemagne, d’abord, à St. Pauli. Puis au Pays de Galles du côté de Swansea avant de retrouver une certaine stabilité en périphérie de Birmingham sous les couleurs de Coventry City. Enfin. Pendant deux ans et demi, le droitier s’éclate en Championship, empile les buts comme des Lego, et finit par taper dans l’œil du Sporting. À Lisbonne, le numéro 9 fait taire les détracteurs en un rien de temps. Pour ses débuts officiels, contre Vizela lors de la première journée du championnat, “Gyö“ inscrit un doublé en moins de deux minutes. Depuis, chaque week-end, l’homme masqué enchaîne les prestations de haut vol.

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Viktor Gyökeres, le zorro suédois. (IconSport)

Viktor Gyökeres, un attaquant qui sait tout faire

En plus d’être un redoutable finisseur, Gyökeres est un attaquant très mobile, qui multiplie les courses à très haute intensité du début à la fin du match. Son physique lui permet d’être un excellent point de pivot pour les ailiers qui gravitent autour de lui. Quand il n’est pas dans l’axe, le Suédois est sur l’aile où il déboule à toute vitesse pour être servi dans la profondeur. Sa capacité d’accélération est redoutable quand on sait, en plus, qu’il est très difficile de le bouger à l’épaule sans faire de faute. Une palette de jeu très large qui fait de lui l’un des joueurs du moment. D'ailleurs, le nouveau cyborg du football nordique n'a pas encore terminé son ascension. C'est Gaëtan Bong qui l'explique.

Ça ne me choquerait pas qu’il aille encore plus haut. Il a les qualités et l’expérience pour“, nous a-t-il confié. Justement, son profil intéresserait déjà plusieurs grands clubs européens. Au cours du mercato hivernal, le nom du géant blondinet a été associé à Arsenal, Chelsea et au Paris Saint-Germain. “Pour aller dans les grands clubs, il y a aussi le timing“, précise toutefois le défenseur passé par Metz, Tours et Valenciennes. “Il ne faut pas brûler les étapes. Partir pour partir, ça va être plus compliqué. Des clubs, il va en avoir. Pour moi, il a le niveau pour aller au-dessus même s'il est déjà dans un très grand club“.

Dans ce sens, l’avant-centre n’a pas non plus fermé la porte à une saison supplémentaire avec les Lions. “Je ne sais pas ce qu’il va se passer et je n’y pense pas encore. Si j’aimerais rester ? Oui. Je me sens bien ici“, a-t-il déclaré au micro de RTP 3 au sortir d’une nouvelle prestation aboutie contre le SL Benfica en demi-finale de coupe du Portugal. Voilà qui pourrait contrecarrer les plans de certains dirigeants. Toujours est-il que, dans son contrat, Viktor Gyökeres dispose d’une clause libératoire de 100 millions d’euros. Eh oui, c’est le prix à payer pour s’offrir ce gendre idéal. Quand on aime, on ne compte pas.