Bien jouer au football, ça veut dire quoi ?
Il n'y a pas une seule façon de bien jouer au football. Pas une seule et unique manière de gagner, non plus. Et le football moderne nous le prouve chaque semaine. Chaque équipe joue avec ses armes pour prendre le maximum de points, en prenant plus ou moins de risques. Des entraîneurs téméraires qui préfèrent aller à l'attaque puisque l'objectif restera toujours de marquer un but de plus que l'adversaire. D'autres qui préféreront attendre pour contrer. Patienter. Analyser. Et piquer.
Bien jouer, c'est d'abord savoir faire déjouer son adversaire. Réagir à temps pour contrecarrer les plans de l'entraîneur adverse. La médiatisation du football force les acteurs à être bons avant, pendant et après. Dans les déclarations, les intentions et les actes. Pourtant, dans un monde de plus en plus aseptisé, il est difficile de sortir quoi que ce soit d'une conférence de presse d'un entraîneur. Là où il est préférable de le titiller sur telle ou telle polémique plutôt que de parler du jeu. Du vrai. Et les coaches le savent. Ils ne s'aventurent plus dans des explications à rallonge qui pourraient être retenues contre eux.
Leur objectif doit rester le terrain. Et il en est de même pour les joueurs. Devenus des stars, parfois trop tôt, ils en oublient l'essentiel : le football. Parce que si l'entraîneur peut faire passer des messages, il ne pourra contrôler ou frapper à la place de ses joueurs. Si le joueur ne sait pas qu'il doit venir cadrer son adversaire, coulisser, couvrir son défenseur, dézoner pour apporter du surnombre... Alors il ne peut bien jouer. Contrôler-passer ne devrait pas être mentionné, et pourtant...
Entre la peur de perdre et le manque de temps
Trop d'entraîneurs, et donc d'équipes entament un match dans l'unique objectif de ne pas le perdre. Parce que les enjeux sont bien trop importants. Une équipe défaite et un entraîneur affaibli. Et dans le football moderne, plus personne n'a le temps. Une série de revers propulsent l'entraîneur sur la sellette, voire au chômage en quelques semaines. Il prônera donc plus facilement un football défensif, conservateur, a fortiori s'il joue le maintien.
Mais en tant que grand consommateur de football, cela nous offre un spectacle parfois proche du ridicule. Si les enjeux sont grands et compréhensibles, le football n'en reste pas moins un sport dédié aux (télé)spectateurs. Chacun joue avec ses armes, mais ces dernières n'ont quelques fois plus rien à voir avec le football : gain de temps dès les premières minutes de jeu, fautes à répétition, jeu "sale" basé sur la destruction. Trop souvent, la notion d'envie revient, comme si elle devait être la première qualité d'un footballeur, professionnel qui plus est. Technique, tactique, mental et physique, c'est dans cet ordre qu'un joueur devrait être jugé. Mais s'il ne court pas vite, ne saute pas haut, ne frappe pas fort, alors il est considéré comme un joueur moyen. Surtout en Ligue 1. À tort.
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Un écart trop grand entre les clubs
Villarreal a été durement critiqué par certains consultants britanniques après leur prestation pour le moins conservatrice à Anfield demi-finale de Ligue des champions contre Liverpool. L'Atlético de Madrid s'était attiré les foudres des observateurs après son 5-5-0 en quart de finale aller (qui a bien failli fonctionner).
De nombreuses équipes se cassent les dents sur des blocs bas, resserrés, qui n'ont pour objectif que de ne pas encaisser de buts. Tactiquement, c'est intéressant. Laisser le moins d'espace possible entre les lignes et dans le dos de la défense pour éviter d'être pris dans la profondeur. Visuellement, c'est moins joli. Et heureusement, de temps en temps, un Man City-Real Madrid sort de son chapeau pour nous offrir un match d'anthologie. Un vrai spectacle où à 3-1, Pep Guardiola a refusé de reculer pour donner le ballon au Real. À la fin, ça fait 4-3. Un score qui ne ravirait pas la moitié des entraîneurs, mais qu'importe. Le spectacle était au rendez-vous.
Pour autant, il ne faut pas occulter la différence de niveau existante, voire grandissante, entre les équipes d'un même championnat. Laquelle force aussi à un jeu plus défensif, plus attentiste. De peur de prendre une valise, l'objectif premier est d'aller chercher un point. Pour autant, cela ne fonctionne que très rarement. Mais il y a trop d'enjeux pour qu'il en soit autrement. Et le premier à en pâtir, malheureusement, est le consommateur.