Hugo Lloris est à l'aube battre le record de sélections de Lilian Thuram (142), lui qui fêtera sa 140ème cape en équipe de France. Il débutera également sa quatrième Coupe du monde, et cette fois-ci avec le statut de champion du monde. Ce qui change considérablement la donne, lorsque l'on connaît le sort des derniers tenants du titre.
Lloris et les Bleus, "champions du monde à vie"
Hugo Lloris et l'équipe de France affronteront l'Australie pour débuter leur Coupe du monde 2022. Le capitaine des Bleus, qui ne portera finalement de brassard arc-en-ciel, s'est longuement entretenu pour L'Équipe. Une interview dans laquelle le portier de Tottenham évoque le nouveau statut des Bleus. Celui de champions du monde en titre. À l'instar de ses prédécesseurs de 98, Lloris estime que les Bleus de 2018 resteront champions du monde à vie, qu'importe l'issue du Mondial au Qatar.
"C'est quelque chose qu'on ne nous enlèvera jamais, ça nous appartient. Les champions du monde 1998, on les voit toujours comme des champions du monde, et nous, ce sera pareil. Ce sera dû à notre mérite, et aux belles choses qu'on a vécues ensemble. Ce sera toujours un immense souvenir. Champion du monde, tu l'es à vie. Après, tous les quatre ans, il y a un nouveau titre en jeu. Et des champions du monde en titre. Et c'est comme cela qu'on est jugés et regardés, pendant toute cette période."
Hugo Lloris, dans une interview à L'Équipe
Pour autant, le capitaine de l'équipe de France sait que les Bleus seront attendus. Et alors que quatre des cinq derniers champions du monde n'ont pas passé le premier tour, Lloris se dit "prévenu". Pour autant, il ne croit pas à une quelconque malédiction. "Non, je ne crois pas à ces choses-là. Mais il y a un autre élément à considérer : chez les champions du monde en titre, il y a parfois pas mal de renouvellement, et au Qatar, d'ailleurs, il n'y aura pas tant de champions du monde que cela. On ne peut pas encore savoir si ce sera un avantage ou un inconvénient, mais on ne pourra pas, en tout cas, nous qualifier d'équipe vieillissante. Il y a une nouvelle génération et un passage de témoin, que le coach a bien gérés. En fait, on n'a pas un titre à défendre : on a un titre à aller chercher" a confié l'ancien Lyonnais.
Comment il a géré le titre de champion du monde
Pas vraiment du genre à étaler sa vie, Hugo Lloris n'a pas non plus changé d'un iota depuis son titre de champion du monde en 2018. Et alors qu'il aurait pu prendre la grosse tête ou penser de trop à son nouveau statut, le gardien de Tottenham est resté fidèle à lui-même. "Ça fait partie de mon éducation, mes parents et mes grands-parents m'ont élevé avec ces valeurs, l'humilité, la pudeur, le travail. Une Coupe du monde peut monter à la tête, cela se comprend, mais je pense avoir des bases assez solides autour de moi" a expliqué le portier des Bleus. Le Français est revenu sur la folle nuit de Moscou de juillet 2018, et les cinq/dix minutes qui ont suivi le coup de sifflet final de Nesto Pitana.
"Il y a entre cinq et dix minutes où tu ne sais pas trop ce qui t'arrive, où tu te perds un peu, où émotionnellement, c'est très fort. C'est la remise de la Coupe du monde qui te ramène dans le réel. Mais en fait, tu es heureux tout le temps. À Moscou, sur la pelouse, à Paris, dans le bus sur les Champs-Élysées, et à Nice, après, où il y avait un monde incroyable. Je n'ai jamais été trop attiré par la lumière, mais là, tu es obligé de dire merci, de participer au bonheur collectif."
Hugo Lloris, interview à L'Équipe
Lloris évoque les absences de Kanté et Pogba
Le plus dur pour Lloris n'est pas de revenir et repartir de l'avant après un sacre mondial. Les Bleus ont notamment l'occasion de faire ce qui a été très peu fait, valider leur titre. "Faire quelque chose qui a été aussi rarement fait dans l'histoire du football, c'est aussi un grand défi. Et il faut le regarder comme ça. Et puis c'est la plus grande compétition. Le monde s'arrête, les meilleurs sont là" a précisé le capitaine de l'équipe de France.
Pour autant, les Bleus de Didier Deschamps devront se passer de deux hommes forts - notamment - avec les forfaits de Paul Pogba et N'Golo Kanté, plus qu'importants lors du titre en 2018. Mais Hugo Lloris, bien qu'il déplore les absences de ses deux coéquipiers, souligne l'importance d'avoir un collectif fort pour aller au bout, au-delà des individualités. "Le but reste toujours de former un collectif, une force, avec ceux qui sont là. Paul et Ngolo sont tellement importants, par leur talent, mais aussi leur personnalité. Quand ils sont dans la pièce, il se passe quelque chose. On ne peut pas les remplacer. Mais on peut faire une équipe, sans eux. Avec des joueurs qui peuvent aussi se révéler en étant confrontés à la responsabilité. Le coach a toujours donné aux jeunes joueurs la chance de s'exprimer et de franchir des paliers" a conclu le gardien de l'équipe de France.