Thierry Henry a repris les rênes de l'équipe de France Espoirs, après le départ de Sylvain Ripoll. L'ancien joueur des Bleus a retrouvé le coq, Clairefontaine, mais dans un nouveau rôle. Un rôle que le nouveau patron des Espoirs expliquent en long, en large et en travers dans une longue interview à L'Équipe.

Le passé l'a forgé

Tout le monde se souvient du Thierry Henry entraîneur de l'AS Monaco, remercié au bout de deux semaines. Son passage à l'Impact Montréal, en période de Covid, l'a fortement aidé à évoluer. "Je n'ai pas changé, mais j'ai évolué avec les années et surtout l'apprentissage. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais tu te retrouves pendant quatre mois au même endroit, tous ensemble. Si tu n'apprends pas là, sur le groupe et sur toi-même, tu n'apprends jamais. Ça m'a permis d'évoluer humainement. J'ai été obligé, parce que j'étais au pied du mur" a-t-il déclaré, avant de revenir sur son statut d'ancienne gloire du football, lequel ne l'aide pas vraiment dans son nouveau rôle de sélectionneur.

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Thierry Henry, nouveau sélectionneur de l'équipe de France espoirs. (Icon Sport)

"Le truc le plus dur, avec un ancien grand joueur qui devient coach, c'est que tout le monde te rappelle toujours tes moments de joueur. J'arrive dans un stade et on me dit : 'Thierry, tu as marqué ici', et je réponds : 'Oui, d'accord, mais là je suis coach des Espoirs.' Mais je comprends ça, alors qu'à Monaco je ne le comprenais pas. Ma carrière me précède, OK, mais là elle ne m'aide pas, là. Ça n'a plus rien à voir. Donc il ne faut pas trop s'attarder dessus."

Thierry Henry, dans L'Équipe

Thierry Henry : " Je pars toujours du principe que le joueur ne sait pas faire"

Interrogé sur son exigence avec le niveau de ses joueurs et sa tendance à ne pas comprendre certaines erreurs, Henry n'y est pas allé par quatre chemins. "C'est faux et archi-faux, c'était même tout le contraire. Je ne serais pas venu coacher les Espoirs si c'était le cas. Je suis juste comme ça, je l'ai toujours eu en moi. Maintenant, attention, j'évolue, et donc je me dis : comment essayer de ne pas y penser ? Eh bien, dans ma tête, je vais à l'extrême. Je pars par exemple du postulat que mon joueur ne sait pas dribbler, et je vais mettre en place un système dans lequel il sera à l'aise avec toujours plusieurs options de passes. Je pars toujours du principe que le mec ne sait pas faire, car ça me permet de faire un travail sur moi, en fait" a-t-il martelé.

Évoquant ses idées de jeu, très proche de ce que fait Pep Guardiola, avec qui il a énormément appris, Thierry Henry sait ce qu'il veut : "mon idée, c'est de presser et d'avoir la balle. En possession, le ballon doit voyager, et non dribbler. Dribbler, c'est le dernier truc", explique-t-il. Pour lui, "personne n'a de liberté quand il n'a pas le ballon. Sans la balle, je suis désolé, mais tout le monde doit courir. Chacun sait ce qu'il a à faire quand il n'a pas le ballon. On veut le récupérer, donc on presse, mais on est morts si un joueur se jette et qu'un adversaire casse notre pressing avec un crochet ou une passe" poursuit le coach des Bleuets.

Henry rêve de l'or olympique

Difficile d'interroger le nouveau sélectionneur des Espoirs, et donc de l'équipe olympique, sans évoquer les JO de Paris, qui se profilent à l'été 2024. Et s'il ne veut pas encore se tourner vers cet événement "par respect pour cette génération", Thierry Henry sait ce qu'il vise. "Moi, mon rêve, pour que vous compreniez mieux, c'est l'or. Je l'ai dit au président. Maintenant, comment ? C'est un autre débat. Allez demander aux Brésiliens ce qu'est leur rêve ? Pareil. Je ne rêve pas de terminer deuxième moi", a affirmé le sélectionneur français. Avec ou sans Kylian Mbappé ? Lui-même ne le sait pas. "Je n'ai pas parlé avec Kylian de tout ça. Même si, comme tout le monde, j'ai entendu qu'il aimerait bien les faire" a-t-il conclu.