Bordeaux s'endort pour de bon
Les lumières du Matmut Atlantique ne se rallumeront pas de sitôt. Sauf si Soprano, Indochine, Céline Dion ou BigFlo et Oli décident d'y donner de la vie. Sans eux, il restera vide, triste, mort. Pourtant, certains se sont attelés à lui donner une âme, en vain. Les Ultras, comme ils le disent très bien, n'oublieront jamais tous les moments passés à Lescure, devenu Chaban-Delmas. De cet antre citadin, désormais occupé par l'UBB, ne reste plus grand-chose. Le Matmut est esthétiquement réussi, mais n'est jamais parvenu à devenir le stade des Girondins de Bordeaux. En Ligue 1, il était trop souvent feutré, malgré les tentatives trop souvent vaines des Ultramarines d'emmener avec eux le public bordelais. Ce dernier, d'ailleurs, a déserté ces dernières années. Mais joueurs et dirigeants n'y sont (vraiment) pas étrangers.
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Au fil des années, Bordeaux s'est enfoncé dans une indifférence indigne de son statut. Le passage express (et calamiteux) de GACP et de Joe DaGrosa a signé l'arrêt de mort du club aux six titres de champion de France. En entérinant la vente du club, Nicolas de Tavernost a contribué à la disparition d'un club vieux de 140 ans. Ironie du sort, c'est en 2021, en ce début de saison, que les Girondins fêtaient leur anniversaire. Certaines anciennes gloires du club étaient venues s'affronter sur la pelouse du Matmut, ou plutôt du René Gallice. Pauleta, Laslandes, Wiltord, Trémoulinas, Chamakh et même des plus anciens. Tous ceux qui ont contribué à écrire l'histoire d'un des plus grands clubs du championnat de France. Tous ceux qui ont fait briller le scapulaire.
Arrivé en pompier de service à l'été 2021 pour reprendre un club à l'agonie et à la limite du dépôt de bilan, Gérard Lopez n'aura finalement que retardé l'échéance. Un an plus tard, devant la DNCG, son dossier était balayé d'un revers de main par le gendarme du foot français. Très (trop) loin du Haillan, ses prises de paroles rares et vides de sens n'auront pas aidé à améliorer une ambiance plus qu'électrique au sein du club et entre ses supporters.
Le fruit d'un mauvais travail
C'est en cultivant cette indifférence et ce manque d'ambition que les Girondins sont là où ils se trouvent aujourd'hui. En 2009, Laurent Blanc et sa troupe faisaient le doublé Ligue 1-Coupe de la Ligue, avant de jouer les quarts de finale de Ligue des champions. C'était il y a douze ans. Depuis, des passages ridicules en Coupe d'Europe, une Coupe de la Ligue glanée contre Evian Thonon-Gaillard en 2013, puis une longue et inéluctable descente aux enfers.
Des mauvais choix structurels et sportifs ont causé la perte du FC Girondins de Bordeaux. Déjà à la limite de la relégation en 2021, il n'y aura pas eu de miracle la saison dernière. Une dernière place, un record de buts encaissés (91) pour finalement toucher le fonds quelques semaines plus tard devant les instances du football français. Trop d'entraîneurs se sont succédé pour lancer un quelconque projet. Depuis le départ de Laurent Blanc, treize coachs ont été à la tête de l'équipe bordelaise. De Jean Tigana à David Guion, en passant par Francis Gillot, Willy Sagnol, Jocelyn Gourvennec, Gustavo Poyet, Paulo Sousa ou encore Eric Bédouet. Trop de noms, mais pas d'identité de jeu. Pas de projet. Et Bordeaux le paye aujourd'hui.
Le corps du FCGB a été retrouvé sans vie le 05 juillet 2022, aux alentours de 16h30, devant le siège de la FFF, à Paris. Après une première autopsie, il aurait succombé à ses blessures, laissé pour mort par ses dirigeants. Les Girondins coulent en National 1, avant très certainement de déposer le bilan et de retourner en National 3. C'est assez particulier de l'écrire. Et pourtant, c'est bien réel. Silence, les Girondins de Bordeaux sont morts ce soir.