Lorsque Neymar est arrivé au Paris Saint-Germain en 2017 contre la somme de 222 millions d'euros, Nasser al-Khelaïfi considérait qu'il avait enrôlé "le meilleur joueur du monde." Le milieu offensif brésilien avait alors 25 ans et, supposément, ses plus belles années devant lui. Quatre ans plus tard, le bilan comptable global est certes très bon, mais l'impression laissée, beaucoup moins.
Arrivé comme un Ballon d'Or en puissance, Neymar n'en a pas gagné un seul, et n'est pas parvenu – pour le moment – à porter le PSG vers le sacre tant attendu en Ligue des champions. "Ney" a certes hissé le club parisien en finale lors du Final Four en 2020, à Lisbonne, puis en demi-finale contre Manchester City la saison passée. Mais Neymar à Paris, ce sont aussi quatre saisons marquées par de nombreuses absences, la faute à des blessures à répétition, ainsi que des suspensions. Et c'est surtout dans l'investissement, le comportement et sa progression dans le jeu que le bât blesse chez le Brésilien.
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Un bilan statistique au PSG qui empire
Neymar au PSG, c'est 123 matchs joués pour 88 buts. Cependant, son ratio chute d'année en année, comme le rappelle RMC Sport. Il est d'un but toutes les 562 minutes cette saison, alors qu'il marquait toutes les 97 minutes lors de sa première saison parisienne. En 7 rencontres depuis la fin août, l'ancien Barcelonais n'a donc trouvé la cible qu'à une reprise, et sur penalty, lors du choc contre l'OL (2-1) dimanche 19 septembre.
La question est : sur quels points Neymar s'est-il amélioré depuis son arrivée au Paris Saint-Germain ? Sur penalty, certainement. Du point des onze mètres, peu de joueurs peuvent se targuer d'avoir le ratio du Brésilien. Il compte 23 buts sur 25 penaltys tentés sous le maillot parisien. Mais pour le reste, Neymar est devenu brouillon, et de moins en moins juste, aussi bien dans le dribble que dans la passe.
L'ancien de Santos ne compte par exemple que deux passes décisives en sept matchs cette saison, alors qu'il en avait claqué 6 au même stade lors de sa première année. Pire, Neymar se montre plus timoré et moins entreprenant dans ce qui est pourtant l'une de ses spécialités : le un contre un. "Ney" déplore ainsi son plus faible total de dribbles tentés en cinq ans (7,9 par match). Et le constat vaut aussi pour les tirs tentés (1,8 toutes les 90 minutes cette saison, contre 4,2 la saison dernière).
Neymar, parfois génial, souvent prévisible
En réalité, ce qui est sans doute le plus désolant est que Neymar, aussi génial soit-il, est devenu prévisible. Prévisible comme lorsque, dos au but, il va chercher la faute ou le contact au lieu de libérer pour redemander le ballon en suivant. Prévisible comme ses crochets ou ses feintes de corps, trop rarement salvateurs comme par le passé.
Et son caractère ne l'aide en rien. Les adversaires savent qu'il est assez simple de faire sortir Neymar de ses gonds, et donc de son match. Une mauvaise gestion de la frustration qui lui vaut parfois des avertissements – voire des expulsions – plus qu'évitables.
S'inspirer de son ami Messi
Moins frais, moins habile et moins alerte physiquement, son jeu de dribbles et de percussions s'en ressent. Le Brésilien est souvent obligé de surjouer pour forcer la décision, mais fait finalement pire que mieux. Cette saison, il a pourtant la chance de retrouver son grand ami Lionel Messi, avec qui il avait formé l'une des attaques les plus prolifiques de l'histoire au FC Barcelone avec Luis Suárez. À l'époque, certains doutaient de la cohabitation entre les trois cracks sud-américains, mais l'intelligence combinée des trois joueurs avaient permis au Barça d'avoir une attaque surpuissante.
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Et ce grâce notamment à Leo Messi, qui avait fait évoluer son jeu pour faire briller Neymar et Suárez. Plus reculé, moins finisseur, Messi était alors devenu un joueur total, capable de marquer, faire marquer, décaler et participer. Au PSG, l'arrivée de "la Pulga" est évidemment un vrai plus pour le club parisien. Mais si et seulement si les membres de la "MNM" – Messi, Neymar, Mbappé – jouent les uns pour les autres. Et pour le moment, cela ne saute pas aux yeux.
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Neymar peut pourtant avoir un rôle primordial dans cette attaque au potentiel extraordinaire. Pour cela, il lui faudrait modifier son jeu, le simplifier, pour briller et faire briller ses coéquipiers. Sa technique largement au-dessus de la moyenne doit lui permettre d'avoir un temps d'avance sur son adversaire, qu'il perd systématiquement en s'entêtant dans des dribbles très souvent superflus.
Aussi génial soit-il balle au pied, Neymar doit, à 29 ans, élargir sa palette s'il ne veut pas devenir la caricature de lui-même. La question est de savoir s'il en a l'envie et surtout, s'il en a les capacités. Car pour le moment, son génie ne suffit plus.