Le mercato du Paris Saint-Germain cet été n’a pas été le plus animé en volume ni le plus dépensier en valeur. Paris a même été plutôt "raisonnable." Du moins plus qu’à son habitude, ne versant "que" 83 millions cet été en indemnité de mutation (environ 60 pour Hakimi, 7 pour le prêt payant de Nuno Mendes et 15 pour transférer définitivement Danilo Pereira selon Transfermarkt). Pourtant, à la clôture de ce ronflant marché des transferts, le mercato du PSG est sans commune mesure celui qui provoque le plus de débats, soulève le plus de questions et génère le plus d’attentes.
Des renforts galactiques, mais peu de ventes
Côté pile, Paris s’est offert du leadership, attirant les capitaines du Real Madrid (Sergio Ramos), du FC Barcelone (Lionel Messi) et des Pays-Bas (Georginio Wijnaldum). Paris a aussi mis la main sur des diamants bruts, à commencer par Gianluigi Donnarumma. Le gardien italien a été désigné meilleur joueur d’un Euro 2020 qu’il a survolé avec la Squadra Azzurra. Ensuite, le PSG a (enfin) comblé ses lacunes aux postes de latéraux, attirant l’un des meilleurs à droite (Achraf Hakimi) et l’un des plus grands espoirs à gauche (Nuno Mendes). Enfin, puisqu'un mercato réussi implique aussi de conserver ses meilleurs éléments, Paris a su retenir Kylian Mbappé.
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Côté face, le montant des ventes est à des années lumières des projections et Paris se retrouve toujours avec des éléments indésirables. Le club et Mauricio Pochettino auront aussi fort à faire pour que les promesses du mercato trouvent un prolongement sportif et résistent à l'épreuve du terrain et à la seule vérité du football, celle des résultats. Outre la gestion de la concurrence - et notamment celle au poste de gardien de but -, l'entraîneur argentin devra trouver son système et ses associations. En proposant du spectacle - c'est en tout cas ce que cet effectif demande - mais aussi en garantissant un équilibre.
Paris, loin des folies anglaises
On le sait, Paris et ses propriétaires qataris n’aiment pas perdre. Alors, quand un club (le LOSC) vient lui chiper le titre de champion de France, le PSG expose son courroux à la terre entière. En 2017, quand le brillant Monaco de Leo Jardim confisquait l’Hexagoal aux Parisiens, le club de la capitale avait déjà frappé (très) fort en attirant coup sur coup Neymar et Kylian Mbappé pour près de 400 millions d’euros. Cet été, après avoir manqué de soulever son dixième titre de champion, Paris a remis le couvert. Avec Ramos, Hakimi, Donnarumma, Wijnaldum et surtout Messi, les Rouge et Bleu ont signé un nouveau mercato "galactique." Cette fois pourtant, Paris a fait preuve de plus de "mesure."
Loin des folies anglaises, le PSG n’a donc dépensé "que" 83 millions, soit à peine plus que le Stade Rennais, 9ème club le plus dépensier du Vieux Continent. Cette fois, les pensionnaires du Parc des Princes ont tenté de recruter malin et se sont offert un mercato au rapport qualité/prix inégalable. Alors que les joueurs en fin de contrat semblaient systématiquement hors des radars du club jusqu'à cet été, Leonardo a flairé les bons coups nommés Donnarumma, Wijnaldum, Ramos et surtout Messi. Si un joueur gratuit ne l’est jamais totalement, et que Paris n’a pas prévu de rémunérer ses recrues en tickets resto, valider une bonne partie de son marché des transferts à moindre coût est une vraie prouesse.
Des latéraux, enfin !
Et il est un autre point sur lequel le directeur sportif brésilien semble avoir appris des étés passés. Talons d'Achille du club propriété de QSI, les postes de latéraux ont (enfin) été placés au cœur de la stratégie parisienne. À droite, Achraf Hakimi est l’une des meilleures recrues de l’été et l’a déjà montré lors de ses premières apparitions en Rouge et Bleu. Terminés les replis défensifs aléatoires et les centres les yeux fermés, Paris s’est offert l’un des plus fiables spécialistes du poste. À gauche, si les supporters parisiens ont dû attendre au-delà de l'heure butoir, ils ont vu débarquer en Nuno Mendes un latéral moderne et extrêmement talentueux. Il y a fort à parier que le Portugais de 19 ans, prêté avec option d'achat, fera vite oublier Mitchel Bakker.
Avec ces deux renforts de choix, qui s'ajoutent à ceux déjà cités, Paris a indéniablement couvert ses besoins, agrémenté de leaders un groupe qui en manquait tant et offert à Mauricio Pochettino des solutions supplémentaires. Ainsi, le technicien argentin a désormais le loisir d'imaginer un système à trois défenseurs centraux et deux pistons si l'envie lui venait.
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Mbappé est resté, les indésirables aussi
Le mercato, ce sont des joueurs qui arrivent, mais ce sont aussi des joueurs qui partent. Si à Paris la première partie est toujours vraie, la seconde l'est beaucoup moins. Alors que la vente de Kylian Mbappé au Real Madrid aurait permis au club d'assurer ses objectifs de vente, le PSG en a profité pour réaffirmer sa toute puissance financière en refusant jusqu'à 220 millions d’euros pour un joueur dont le contrat expire l'été prochain. Dans ce dossier, Paris a fait le choix de privilégier l’aspect sportif. Une stratégie déconnectée des aspects financiers et motivée par le "rêve" de Leonardo et de Doha. Celui d'associer la star française avec les monstres Messi et Neymar une année de Coupe du monde.
Le PSG a ainsi conservé sa colonne vertébrale, de sorte que les recrues sont toutes venues enrichir un effectif déjà particulièrement étoffé. Et même plus que prévu, Leonardo ayant une fois de plus montré ses limites au moment de négocier les ventes. Alors que Paris avait tablé sur 180 millions d'euros de cessions devant la DNCG, il n’en a obtenu que 9, ceux de Bakker - parti s’exprimer dans le couloir gauche du Bayer Leverkusen - et d'Alphonse Aréola - prêté à West Ham.
Si Pablo Sarabia a été envoyé à Lisbonne in extremis (dans le deal avec Nuno Mendes) et qu'Arnaud Kalimuendo a été prêté à Lens, le bilan des sorties reste considérablement négatif. Au moment de clore le marché, Kurzawa, Rico, Kehrer et Rafinha sont toujours Parisiens.
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Un milieu de terrain toujours "Verratti dépendant" ?
Enfin, si Georginio Wijnaldum est venu renforcer le milieu de terrain, l’entrejeu parisien pourrait bien encore une fois manquer de consistance, voire de maîtrise à l'arrivée des très hauts sommets. Et ce, sans compter une potentielle absence de Marco Verratti dont une blessure et plus certainement une suspension finira bien par handicaper Paris dans la saison. Longtemps sur le coup Paul Pogba, le club francilien n’est pas parvenu à attirer le Français dans ce secteur de jeu. Comment, dès lors, Mauricio Pochettino organisera-t-il sa "salle des machines" , notamment au regard de son attaque peu réputée pour apprécier les efforts à la perte de balle ?
Déjà vrai la saison dernière, ce constat l'est encore plus avec l'arrivée de Messi, alors que Di Maria - l'attaquant parisien le plus impliqué à la récupération - pourrait voir son temps de jeu fondre. C’est aussi à cela que se mesurera la réussite et la cohérence du mercato parisien.
La périlleuse gestion des gardiens pour Pochettino
Pochettino risque aussi de marcher sur des œufs toute la saison avec la gestion de la concurrence Donnarumma / Navas. L’Italien n’est certainement pas venu à Paris pour visiter la Tour Eiffel, lui qui rêve de goûter à la Ligue des champions après s'être affirmé cet été comme l'un des meilleurs portiers au monde. L’addition de stars n’a jamais fait une équipe et le technicien doit en être conscient. L’exemple des "Galácticos" du Real Madrid n’a jamais été si parlant. À la seule différence que les venues en 2001 de Zinédine Zidane, Ronaldo et Beckham avaient coûté plus de 150 millions d’euros à la Maison Blanche.
L’issue d’un mercato n’est pas le meilleur moment pour en mesurer la réussite. L’avancement de la saison apportera des réponses et des éclaircissements sur le travail estival du board parisien. Un numéro d'équilibriste attend donc Pochettino, qui se retrouve à la tête de l'effectif le plus riche de l'histoire du PSG. Après avoir touché du bout des doigts les étoiles ces deux dernières années, Paris s’est offert les moyens de décrocher la lune. Et ce n’est qu’à cette condition que son été pourra être lu comme une réussite.