Tout le monde était prévenu. Mais tout le monde s'est encore laissé avoir. Même Didier Deschamps. Le sélectionneur des Bleus pensait qu'il aurait du mal à compter sur Olivier Giroud lors de l'Euro, à cause de son temps de jeu "problématique" en club. "Rien ne remplace les matchs, en termes de temps de jeu. Et il en a eu très peu (à Chelsea cette saison)" , affirmait encore Deschamps en conférence de presse lundi 7 juin. Soit la veille du dernier match de préparation des Bleus à l'Euro contre la Bulgarie. 24 heures plus tard, Olivier Giroud a répondu. Par un doublé. Alors qu'il était remplaçant face aux Bulgares (3-0), et qu'il aurait pu ne jamais entrer en jeu si Karim Benzema ne s'était pas blessé.
Giroud, ce héros français
C'est à se demander si Olivier Giroud est vraiment humain. S'il ressent des émotions, s'il est parfois touché dans son orgueil. Si le fait de l'enterrer ne l'affecte pas. En réalité, Giroud est sans doute la version la plus évoluée et la plus puissante de l'humanité, en termes de gestion des émotions et de réaction aux événements. Sa résilience est telle qu'elle fait écho à des héros mythologiques comme Ulysse ou Hercule. Plus on l'accable, plus on le pousse au bord du gouffre, et plus le colosse de Chambéry se battra pour revenir encore plus fort. Si on l'admire autant, c'est parce que Giroud est le reflet de nos aspirations à faire preuve d'une force de caractère inébranlable à chaque nouveau défi.
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Car cette fois-ci, le géant semblait définitivement relégué sur le bas-côté. Méprisé à Chelsea (137 minutes de jeu depuis le 4 mars), tancé par Deschamps, dans l'ombre totale de Karim Benzema depuis le retour du prophète en son pays, Giroud est passé d'un statut de deuxième meilleur buteur de l'histoire des Bleus à celui de faire-valoir, complètement exclu du "trio magique" Benzema-Griezmann-Mbappé.
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Le "phénix" se relève, encore
N'importe qui se serait effondré d'une chute de statut aussi brutale. Mais lui a continué à faire comme si de rien n'était. A se préparer comme si tout le monde était sur la même ligne de départ. "Les personnes qui me soutiennent savent que je suis là pour apporter ma pierre à l’édifice, sans faire trop de bruit. Je fais ma part du travail, je suis à fond derrière l’équipe, je n’ai aucun état d’âme, aucune rancune, je suis en paix" , confiait-il en conférence de presse dimanche 6 juin.
Et une nouvelle fois, le miracle s'est produit. Logiquement en manque de rythme et de repères lorsqu'il a remplacé Karim Benzema à la 39e minute, Giroud n'a quasiment pas pesé sur le jeu des Bleus. Jusqu'à cette 83e minute, où il a senti le bon coup. En un éclair, Giroud est sorti de sa boîte, signant un vrai appel de buteur et un vrai geste de buteur pour marquer le deuxième but des Bleus. Puis le troisième, six minutes plus tard. Comme si c'était facile après tout ce qu'il a subi. Et à l'entendre, ça en a l'air :
"Ça ferait rire certains de mes potes, parce qu'ils m'appellent comme ça, le phénix grenoblois. Ça veut dire que peu importe les circonstances, on ne lâche rien. Quand on fait appel à moi, le plus important est de faire le boulot."
Olivier Giroud au micro de M6
Ne reste plus qu'à espérer une chose : que les détracteurs de Giroud continuent à le railler pendant l'Euro. Que l'attaquant de Chelsea ne le prenne pas mal : c'est pour son bien. Et celui de l'équipe de France, par la même occasion.