Simeone a transformé la défense en art

Diego Simeone a révolutionné le football à sa manière. Dans une Liga ultra-dominée par le Real Madrid et le FC Barcelone, il est parvenu à remporter le championnat espagnol à deux reprises, en 2014 et 2021. Dans un style de jeu défensif et basé sur les contre-attaques rapides, les Colchoneros ont réussi à se faire une place sur la carte européenne. Des finales de Ligue des champions en 2014 et 2016, et des victoires en Ligue Europa en 2012 et 2018. Les supporters marseillais s'en souviennent encore.

Diego Simeone, le coach de l'Atlético de Madrid / Icon sport
Diego Simeone, le coach de l'Atlético de Madrid / Icon sport

S'il a toujours eu de très grands joueurs dans ses équipes, c'est le collectif qui a toujours primé dans l'équipe du Cholo Simeone. Tous les joueurs qui posent leurs valises au Wanda Metropolitano savent où ils mettent les pieds. Ils savent aussi qu'ils ne seront jamais les stars de l'équipe, ou en tous les cas pas considérés comme tel. À l'Atlético de Madrid, on travaille les uns pour les autres et les uns avec les autres. Une solidarité à toute épreuve qui leur permet de rivaliser de toi à moi avec n'importe quelle équipe, et Manchester City en a (presque) fait les frais ce mardi soir en quart de finale aller de Ligue des champions.

Man City a goûté au 5-5-0

À l'Etihad Stadium, Diego Simeone a poussé ses préceptes défensifs à leur paroxysme. Un 5-5-0 compact, avec des Antoine Griezmann et João Félix aux côtés de leurs latéraux, de chaque côté, pour empêcher Man City d'utiliser la largeur comme aiment le faire les Skyblues.

Et le résultat, sur le plan défensif, a été une réussite, surtout en première période. Les hommes de Pep Guardiola ont été contraints de centrer de façon trop souvent forcée. Et dans les airs, les Felipe, Savic et compagnie se sont régalés. Mais un tel schéma tactique demande une débauche d'énergie importante et surtout, une concentration de tous les instants. Et c'est d'ailleurs sur l'une des rares erreurs des Colchoneros que Phil Foden et Kevin De Bruyne ont trouvé la faille, pour donner un léger avantage aux Citizens avant le match retour au Wanda Metropolitano.

Diego Simeone, le coach de l'Atlético de Madrid / Icon sport
Kevin de Bruyne et Man City ont dû être patients contre l'Atlético de Madrid. Icon Sport

Griezmann-João Félix, talents gâchés ?

Une défaite logique tant la domination de Manchester City a été sans partage durant toute la rencontre. Pour autant, les Colchoneros peuvent se targuer de ne pas avoir souffert le martyre contre l'une des meilleures équipes d'Europe, vue comme un rouleau compresseur aussi bien en Premier League qu'en Ligue des champions.

Et si l'Atlético a fait preuve d'une grande solidité, c'est aussi parce que tout le monde défend, sans vraiment rechigner. Contre City, Antoine Griezmann et João Félix, alignés en attaque par Diego Simeone, ont passé plus de temps dans leur propre camp que dans celui des Skyblues. Et lorsqu'ils avaient le bonheur de récupérer le ballon, ils avaient encore 80 mètres à parcourir pour s'approcher du but d'Ederson. Les deux attaquants madrilènes ont été parfaitement muselés par les milieux de terrain anglais, et n'ont pu montrer leur talent.

Diego Simeone, le coach de l'Atlético de Madrid / Icon sport
Antoine Griezmann et João Félix, sous les couleurs de l'Atlético de Madrid. Icon Sport

Un match qui ne pèsera pas dans les têtes en cas de qualification la semaine prochaine à Madrid. Dans le cas contraire, il pourrait laisser des traces. Il n'y a qu'à voir le visage de Griezmann et de João Félix, au moment d'être remplacé. Le Français a d'ailleurs été le premier à quitter la pelouse de l'Etihad Stadium, dès l'heure de jeu. L'occasion de se demander, donc, si le dispositif mis en place par Diego Simeone ne nuit pas grandement aux talents offensifs de son équipe. Si Griezmann a pu se rendre compte que l'herbe n'était pas forcément plus verte ailleurs, le jeune João Félix pourrait lui sérieusement se poser la question, lui qui n'a jamais caché son envie d'évoluer dans une équipe qui joue. Ce qui, de toute évidence, ne sera jamais le cas à l'Atlético de Madrid.