Et dire que Lille aurait pu s'en sortir avec une victoire 1-0 contre l'Ajax, jeudi 18 février, en 16e de finale aller de Ligue Europa. Mais l'arbitre du match en a décidé autrement, en sifflant un penalty très sévère contre le LOSC en fin de match. L'Ajax, revigoré, a alors pu planter un deuxième coup de poignard dans le dos des Dogues (2-1).

Boubakary Soumaré a passé son match à courir après les attaquants adverses, comme ici Antony. Photo Icon Sport
Boubakary Soumaré a passé son match à courir après les attaquants adverses, comme ici Antony. Photo Icon Sport

Si les Lillois peuvent s'estimer floués dans la forme, cette victoire n'est que justice rendue à l'Ajax pour sa partition enthousiasmante. Tout le contraire d'un LOSC qui a passé 90 minutes à subir les événements. Pourtant, le leader de Ligue 1 s'avançait en pleine confiance au moment de défier l'Ajax. Que s'est-il passé pour que les Nordistes se liquéfient comme ça ?

Lille perd la boule contre l'Ajax

Christophe Galtier, l'entraîneur de Lille, ne le sait pas lui-même. Il l'assure : son équipe avait tout préparé pour faire de ce match un grand soir. En premier lieu, le jeu de l'Ajax avait été minutieusement décortiqué. Le but : élaborer un plan de bataille adapté aux forces et aux faiblesses de l'adversaire. Mais à en croire Christophe Galtier, ses hommes ont tout simplement oublié de mettre en place ce fil directeur.

« Certes, il y avait la qualité de l'Ajax, mais qu'on ne découvre pas. Ces rotations, l'organisation dans les sorties de balle, tout ça, on l'avait vu. Tout est très bien réglé dans leur jeu, mais il y avait des espaces à exploiter, qui avaient été identifiés. Pour faire quelque chose contre l'Ajax, il faut faire défendre cette équipe. On avait insisté là-dessus parce que ce n'est pas un hasard s'ils butent en Ligue des champions. Par rapport à ce qui était prévu, par rapport à notre jeu, on a été en deçà de ce qu'on aurait dû faire. »

Christophe Galtier, l'entraîneur de Lille, en conférence de presse d'après-match

Boubakary Soumaré a passé son match à courir après les attaquants adverses, comme ici Antony. Photo Icon Sport
Renato Sanches est le seul Lillois à avoir montré du caractère contre l'Ajax. Mais il a aussi provoqué le penalty de l'égalisation... Photo Icon Sport

Un "accident" contre l'Ajax ?

Est-ce vraiment un "accident", comme l'espère Christophe Galtier ? Pas vraiment. Comme souvent avec les clubs français en Coupe d'Europe ces dernières années, le LOSC n'a pas su se mettre à la hauteur de l'enjeu. Les exploits ne manquent pas, pourtant, comme la demi-finale de Lyon en Ligue des champions l'an passé ou le beau parcours de Rennes en Ligue Europa il y a deux ans (sans compter la finale de Ligue des champions du PSG la saison dernière). Cette saison, le LOSC lui-même avait réussi l'impensable à San Siro en écrasant l'AC Milan (0-3), invaincu jusque-là, en phase de poule de Ligue Europa.

Le mode passif plutôt que le mode actif

Mais au moment d'entrer dans le vif du sujet, les clubs français oublient trop souvent de prendre leur destin en main. La faute à un football encore trop pragmatique, où le souci d'être bien en place tactiquement reste trop souvent la priorité des entraîneurs. Ce n'est pas un hasard si Christophe Galtier a insisté sur le plan de jeu de l'Ajax plutôt que le sien.

Boubakary Soumaré a passé son match à courir après les attaquants adverses, comme ici Antony. Photo Icon Sport
L'ailier Jonathan Bamba, dépité, a le sentiment d'avoir passé sa soirée à défendre contre l'Ajax. Photo Icon Sport

Le principal enjeu de ce LOSC n'était pas d'imposer son jeu à l'Ajax, de dicter le cours du match, mais avant tout de faire déjouer son adversaire. Ce manque de "personnalité dans le jeu" - comme l'a reconnu Christophe Galtier - explique pourquoi les clubs français n'arrivent pas à forcer leur destin en Coupe d'Europe. Heureusement pour Lille, il reste une manche retour. Où, cette fois, les Dogues seront bien obligés de prendre les choses en main.