Nous avons tous cette image en tête. Nous sommes le 30 juin 2016, la Pologne et le Portugal n’arrivent pas à se départager dans le quart de finale de l’Euro. Avant la séance de tirs au but fatidique, une image fait le tour du monde. Cristiano Ronaldo harangue ses coéquipiers et motive Moutinho. Il lui rappelle alors qu'à propos des pénaltys, "c’est dans les mains de dieu, maintenant".

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Cet adage est en effet très populaire dans le monde du ballon rond. La séance de tirs au but serait une simple loterie, un 50/50 entre les deux équipes dont seul le hasard serait maître du résultat. Nous sommes en total désaccord avec cela. Le pénalty est un geste technique comme un autre. Il peut donc être réussi ou raté et son résultat dépend totalement du tireur.

Un pénalty bien tiré est au fond

Bien entendu, la technique pure n’est pas la seule composante d’un tir au but marqué. Le mental ou encore la forme physique du joueur ont leur rôle à jouer (comme pour tout autre geste technique). La grande différence souvent oubliée est que le tireur est en position de force au moment de se présenter face au gardien adverse.

Pourquoi un joueur comme Harry Kane a un ratio de pénalty marqué si impressionnant (90% en Premier League à 26 sur 29) ? Tout simplement parce que ce dernier ne s’embête pas à lire le plongeon du gardien : un pénalty frappé fort dans les coins ne peut être arrêté !

Les pénaltys de Harry Kane combinant force et précision ont un ratio de réussite impressionnant

Qu’est-ce qu’un tir au but bien tiré ?

Les statistiques précises relevées par le site d’analyses statistiques InterMathematics mettent bien en valeur cette analyse. D’après leurs chiffres (prenant en compte les penalties tirés dans les compétitions internationales entre 1998 et 2010), seuls 5% des pénaltys marqués durant cette période ont été tirés au centre du but. À l’inverse, les quatre coins du but représentent près de 60% des pénaltys marqués.

Lorsqu’on prend l’analyse côté gardien, on découvre finalement que les pénaltys tirés au ras du sol sont les plus arrêtés (71% des penalties arrêtés). Au contraire, 0% des arrêts ont été effectués dans le tiers haut du but. Cela peut sembler logique, mais les tirs au but tirés en lucarne ont infiniment plus de chance de rentrer que les autres.

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Un tir au but tiré en l'air n'a, d'après ces statistiques, aucune chance d'être arrêté (source : InterMathematics)

Mais alors, pourquoi un joueur pro ne marque pas tous ses pénaltys ?

Les chiffres analysés jusque-là nous font nous poser une question. Si tous les pénaltys tirés en lucarne font mouche, comment se fait-il que les joueurs professionnels ne marquent pas tous leurs pénaltys ? En effet, tout joueur international est capable de tirer un pénalty en lucarne sans problème. C’est donc là que viennent s’ajouter les composantes hors techniques.

L'intervention du public peut être une composante importante de la réussite d'un pénalty, n'est-ce pas M. Salah ?

Effectivement, comme tout geste technique au football, le contexte influence le résultat d'un pénalty. La fatigue du joueur, sa confiance au moment de se présenter face au gardien, le stress de l’importance du tir ou encore le stade augmentant encore cette pression. Les composantes jouant sur la réussite d’un pénalty sont donc nombreuses. Malgré tout, elles restent dans les mains du tireur : si ce dernier sait gérer son stress, sa fatigue et réussit son geste technique, le pénalty sera au fond. Non, le pénalty n’est pas une loterie ou un geste "dans les mains de Dieu".