Au-dessus du Millerntor Stadion, à Hambourg, flotte un drapeau arc-en-ciel orné d’une tête de mort. Et si cet emblème de la communauté LGBT prend fièrement place dans le stade du FC Sankt Pauli, ce n’est pas par hasard. Ce club historique se distingue en effet par son choix de soutenir au quotidien de multiples luttes sociales : homophobie, racisme, sexisme…
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Pour comprendre comment ce club est devenu aussi marqué socialement, il faut remonter à ses origines. Situé en plein cœur du quartier des marins de Hambourg, il était témoin de la misère sociale et des trafics. Le FC Sankt Pauli s'est donc bâti avec une âme populaire, naturellement orienté vers des désirs et des revendications de justice sociale. Comme le rappelle Ouest France, il était déjà en avance sur son temps en 1963. A l'époque, il devient en effet le premier club d’Allemagne à titulariser un joueur d’Afrique noire, le Togolais Guy Acolatse. Depuis, l'engagement du FC Sankt Pauli n'a fait que s'accroître.
Le FC Lampedusa à Hambourg
Dès qu’une question sociale devient problématique, le club s’en saisit et tente de faire évoluer les choses. Ainsi, en 2015, lors de la crise migratoire, des tensions éclatent à Hambourg avec l'arrivée de près de 1000 personnes par jour. Le FC Sankt Pauli lance alors une réflexion sur le sujet, et réalise que beaucoup des individus débarqués sont des jeunes ayant déjà joué au football en amateur ou même à un niveau semi-professionnel. Le club décide alors de créer une équipe composée de ces réfugiés, le FC Lampedusa (du nom de l'île italienne emblématique de l'arrivée massive des migrants).
Et le FC Sankt Pauli ne s'arrête pas là : il offre aussi un soutien dans la recherche d’emploi et dans l’apprentissage de la langue allemande à ces déracinés, afin de faciliter leur intégration au sein de la société. Le financement de cette structure ? Intégralement assuré par les fans du club, via une campagne de crowdfunding.
Des douches pour les SDF, un refuge pour les activistes environnementaux
Entre 2002 et 2010, c'était la lutte contre l'homophobie qui était érigée en priorité, avec des actions pour faciliter l'accès au stade aux personnes de la communauté LGBT. Le combat contre la pauvreté et la précarité n'est pas en reste, avec l'aménagement de conteneurs installés derrière le stade pour permettre aux sans-abri de prendre des douches quotidiennement et gratuitement. Le FC Sankt Pauli prend même clairement position politiquement : en 2017, lors du G7 à Hambourg, il avait accueilli dans son stade des centaines de militants pro-environnement.
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Des fans adeptes de la tolérance
Un univers de tolérance et de paix sociale qui se reflète parmi les fans du club, forcés de respecter une charte éthique de bon comportement.
"A Rome comme ailleurs, j’ai souvent été au stade et je peux vous dire que quand tu compares l’ambiance dans les tribunes, il y a deux mondes. Dans tous les stades, tu peux entendre des horreurs, de la xénophobie, du racisme et surtout de l’homophobie. Au Sankt Pauli, ça n’est jamais arrivé" .
Xavier, un fan du club, à Ouest France
Le FC Sankt Pauli continue ses combats quotidiens en souhaitant entraîner d'autres clubs dans son sillage. Comme l'affirme le club, il suffit juste d'un peu de bonne volonté pour faire changer les choses.