A la fin du mois de mai, l'Olympique lyonnais a ouvert un nouveau chapitre en nommant Peter Bosz comme nouvel entraîneur. Technicien réputé pour ses qualités humaines mais surtout pour son projet de jeu ultra-spectaculaire et offensif, le Néerlandais concentrait tous les espoirs de l'OL suite au passage mitigé de Rudi Garcia. Evidemment, les dirigeants de Lyon avaient conscience que la greffe ne prendrait pas tout de suite après ce brusque changement de cap. Impossible de transformer les Gones en experts des relances courtes et du pressing très haut en un été. Mais trois mois plus tard, l'OL n'est pas seulement en phase de rodage. Il paraît tout simplement au bord de l'implosion.
La mentalité des joueurs mise en cause
Au-delà des résultats en Ligue 1 (1-1 contre Brest et 0-3 contre Angers), c'est la manière qui a indigné Peter Bosz. "On était 11 joueurs qui ont fait leur truc dans leur coin. On n’a pas vu une équipe qui voulait gagner, et ça me dérange. Qu’est-ce qu’on a donné aux supporters ? Rien, rien du tout. Si on veut gagner quelque chose, la mentalité doit changer vite. Je n’ai pas du tout aimé ce que j’ai vu aujourd’hui" , éructait-il après la débâcle contre Angers.
Et comme si cela ne suffisait pas, Marcelo s'est chargé d'illustrer les propos de son entraîneur de la pire manière qui soit après la rencontre. Coupable d'avoir souri ironiquement à des propos du capitaine Léo Dubois lors du discours d'après-match de ce dernier, le défenseur brésilien a été immédiatement écarté du groupe par l'OL. L'ancien de Beşiktaş a rapidement contrattaqué en déclarant qu'il allait "raconter ce qu'il s'est vraiment passé" , semblant être soutenu par Lucas Paquetá, Bruno Guimarães et Jason Denayer sur Instagram. Plus globalement, cinq joueurs (Maxwel Cornet, Thiago Mendes, Houssem Aouar, Rayan Cherki et Islam Slimani) suscitent l'agacement à Lyon à cause de leur attitude, au point que Bosz et Juninho souhaiteraient se débarrasser d'eux.
Les recrues réclamées par Bosz sont invisibles
Alors est-ce Peter Bosz qui n'arrive pas à poser la main sur son groupe ou est-ce ses joueurs qui font figure de mauvais élèves ? Le réel coupable est plutôt à chercher en plus haut lieu. C'est la direction lyonnaise qui a précipité l'OL dans cette situation. Comment ? En ne donnant pas les moyens à l'entraîneur néerlandais de mettre son projet de jeu en place. Pire : en laissant traîner des dossiers qui allaient forcément devenir explosifs cette saison.
L'intersaison de l'OL devait être agitée. Il fallait d'une part assurer la succession du leader Memphis Depay (20 buts et 12 passes décisives en Ligue 1 la saison dernière). Il fallait également trouver les profils ciblés par Peter Bosz. L'entraîneur néerlandais a notamment besoin d'un gardien doté d'un excellent jeu au pied, de défenseurs à l'aise à la relance sous pression, d'ailiers de débordement, d'un avant-centre... Soit un renfort par ligne au minimum réclamé par l'ancien coach de l'Ajax.
Des besoins clairement identifiés... mais qui n'ont toujours pas été comblés après trois mois. En attendant le prêt d'Emerson (Chelsea), l'OL réalise jusqu'à présent un mercato indigne avec les seules arrivées de deux joueurs d'appoint : le latéral gauche Henrique et le défenseur central Damien Da Silva.
Aouar, Cornet... l'OL doit faire le ménage mais ne s'active pas
Indigent, Lyon l'est aussi dans le sens des départs, un autre gros chantier. Houssem Aouar n'a plus vraiment la tête à l'OL depuis plus d'un an. Sauf que la direction n'a toujours pas effectué son transfert, pourtant voulu par les deux parties. Le cœur de Maxwel Cornet penche lui pour le Hertha Berlin. Mais Lyon préfère tergiverser devant l'intérêt de Burnley pour son latéral gauche ivoirien. Thiago Mendes, lui, rêve de rentrer au Brésil. Sauf que l'OL fait traîner les choses en longueur avec Flamengo. Moussa Dembélé, quant à lui, ne sait pas sur quel pied danser concernant son avenir.
Cette brochette de joueurs dont l'implication est logiquement brinquebalante, Bosz est pourtant obligée de la faire jouer devant l'absence de recrues et les états de forme quelconques de plusieurs cadres (Bruno Guimarães se remet toujours des Jeux Olympiques dont la finale remonte au 7 août, Lucas Paquetá de la Copa América et Jason Denayer du Covid-19). Et le pire, c'est que l'OL a vendu l'excellent relanceur Joachim Andersen, l'un des seuls joueurs "Bosz-compatibles" de son effectif, à Crystal Palace. La balle est donc dans le camp de Jean-Michel Aulas et Juninho, qui doivent impérativement passer à l'action, et vite. Car pour l'instant, leur union prometteuse avec Peter Bosz s'apparente plutôt à un mariage blanc.