Un Vélodrome incandescent, un Geoffroy Guichard chaud bouillant, un Stade Bollaert-Delelis en fusion... Après un an et demi d'abstinence, les stades de Ligue 1 retrouvaient enfin leur raison de vivre cette saison. Mais ce ne sont pas ces images réjouissantes que le public français retiendra au terme de la troisième journée. Les incidents de Nice-Marseille, dimanche soir 22 août, ont tristement retenu l'attention. Dans l'opinion publique, la grande majorité des supporters va encore se retrouver prise en otage par les excès d'une minorité qui la décrédibilise.
La Ligue brille par son laxisme
Encore. Car les maux du supporterisme de cette minorité dans les stades français ne datent pas d'hier. Chants homophobes et racistes, échauffourées dans les tribunes, banderoles insultantes et jets de projectiles, entre autres. Un jet de projectile qui, dimanche 22 août, a entraîné un engrenage infernal à Nice. Envahissement du terrain par des supporters, joueurs marseillais blessés, joueurs niçois frappés par le service sécurité de l'OM... Comment cela a-t-il pu se produire ? Parce que la Ligue de Football Professionnel (LFP), en un an et demi, ne s'est toujours pas saisie de ces problématiques à bras le corps.
Actuellement, en cas de jet de projectile dans un stade, la procédure est de demander au speaker de rappeler les supporters à l'ordre. Mais lorsque ce dernier se montre aussi laxiste que celui de l'OGC Nice, les effrontés n'ont aucun mal à reprendre leur entreprise de déstabilisation tant que l'arbitre n'intervient pas. Et c'est donc à la suite d'un énième jet de bouteille que Dimitri Payet, qui a reçu l'objet rempli en plein dans la nuque, a fini par perdre ses nerfs.
Et c'est bien le manque de fermeté de la LFP qui a conduit à cette situation. Dès le premier jet de projectile, le règlement devrait être appliqué de manière systématique : interruption du match. Les fauteurs de trouble devraient également être identifiés et exclus du stade avant que les choses n'empirent comme dimanche. Prévenir les débordements, plutôt que les sanctionner après-coup.
Message déplorable et absence de prévention
Au lieu de ça, la Ligue a fait passer le pire message possible. En accord avec les autorités locales et la police, elle a autorisé la partie à reprendre, malgré les graves incidents constatés. Comme si ce qui s'est passé n'était qu'une petite perturbation sans conséquence. Autoriser un match à reprendre après un tel épisode de violence, c'est implicitement cautionner celle-ci.
Et le pire, c'est que la Ligue était prévenue. Deux semaines plus tôt, à Montpellier, des jets de projectiles avaient déjà conduit à la blessure du milieu marseillais Valentin Rongier. Mais dimanche 22 août, à Nice, ce précédent n'a visiblement pas servi de leçon. Et cela même alors que les ultras de Nice sont réputés pour leur potentiel explosif, et que la rivalité entre les supporters niçois et marseillais ne cesse de s'envenimer. La Ligue n'a manifestement pas pris conscience du "danger" puisqu'elle n'a pas été en mesure d'exiger des mesures renforcées, la sécurité du stade se retrouvant vite dépassée.
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Volontairement ou non, la Ligue a donc occulté le revers de la médaille du retour du public dans les stades. Un revers de la médaille qui promettait en outre d'être exacerbé par le contexte. Le stade, qui est déjà un exutoire en des temps "normaux" , l'est encore davantage après une telle période de privation. Dans une société à cran, les ultras ne font pas exception. Mais la Ligue a préféré fermer les yeux et croiser les doigts pour que tout se passe bien. A ses risques et périls...