Il a quitté la Juventus sans se retourner. Sans jeter un seul regard en arrière. Ce n'était plus un secret pour personne : Cristiano Ronaldo faisait tout pour quitter Turin avant la clôture du mercato. Mais pourquoi un tel mal-être chez les Bianconeri ? Et pourquoi la Juve a-t-elle accepté de céder aussi facilement sa superstar à Manchester United ?

"CR7", un constat d'échec à la Juventus

Il convient de replacer les choses dans leur contexte. Lorsque Cristiano Ronaldo arrive à la Juventus en 2018, c'est pour faire gagner la Ligue des champions aux Bianconeri. Trois ans plus tard, le constat est sans appel. La Juve a été éliminée deux fois en huitièmes de finale, et une fois en quarts de la prestigieuse compétition.

Cristiano Ronaldo a échoué à trois reprises à faire franchir les quarts de finale de la Ligue des champions à la Juventus. @iconsport
Cristiano Ronaldo a échoué à trois reprises à faire franchir les quarts de finale de la Ligue des champions à la Juventus. @iconsport

Dans l'esprit des fans et des dirigeants de la Vieille Dame, Cristiano Ronaldo a donc échoué. Il n'a pas rentabilisé l'investissement consenti. A savoir une indemnité de transfert évaluée à 115M€ et un salaire brut de près de 60M€ par saison. Pire : il aurait même fait perdre de l'argent à la Juve. Celle-ci n'a en effet augmenté ses revenus liés aux sponsors et la publicité que de 42M€ entre 2018 et 2020. Et l'année dernière, la Juve annonçait encore des pertes de près de 90 millions d'euros.

Cristiano Ronaldo n'était plus désiré à Turin

Sportivement et financièrement, la Vieille Dame ne pouvait donc plus assumer Cristiano Ronaldo. Au mois de février, le Corriere dello Sport assurait déjà que la Juve était prête à tout pour lâcher sa star. Selon le quotidien italien, la Juve avait à l'époque fixé son prix à la somme dérisoire de 29 millions d'euros. C'est d'ailleurs légèrement plus que ce que devrait verser Manchester United aux Bianconeri...

Cristiano Ronaldo a échoué à trois reprises à faire franchir les quarts de finale de la Ligue des champions à la Juventus. @iconsport
Le patron de la Juventus, Andrea Agnelli (à gauche), et le vice-président Pavel Nedved (à droite), n'étaient plus forcément désireux de conserver Cristiano Ronaldo, qui n'a pas engendré les bénéfices économiques espérés. @iconsport

Malgré les discours de façade du vice-président Pavel Nedved ou du nouvel entraîneur Massimiliano Allegri, Cristiano Ronaldo n'était donc plus forcément le bienvenu à Turin. Si la Juventus avait fait tapis sur "CR7" en 2018, incitant les entraîneurs successifs à confier les pleins pouvoirs au Portugais sur le terrain, cet été devait être celui de la révolution pour la Vieille Dame. Pour enclencher le retour vers les sommets, les dirigeants ont donné carte blanche à un nouvel homme : Allegri. Or, Cristiano Ronaldo faisait plutôt figure d'épine dans le pied du projet de jeu du technicien italien. Ce dernier souhaitait dès le début confier les clés du camion à un autre joueur : Paulo Dybala. Cristiano Ronaldo était alors devenu un problème plutôt qu'une solution.

Cristiano Ronaldo à la Juve, un ego malmené et frustré

Il n'en fallait pas plus pour que le quintuple Ballon d'Or renforce sa propre volonté de quitter Turin. Car selon la presse italienne, les envies de départ de "CR7" remonteraient à la deuxième partie de saison dernière. Le nouvel échec en Ligue des champions face à Porto a été un élément déclencheur. Après cette déroute, le Corriere dello Sport avait accusé le Portugais d'avoir "trahi" la Juve. D'autres titres de la presse italienne avaient eux réduit la star à un mot : "fiasco" . Mais même avant cette nouvelle désillusion, "CR7" avait été accusé de manquer de respect à l'Italie. Et des anciens joueurs se succédaient pour faire pleuvoir les critiques sur le Portugais, comme Pasquale Bruno ou Antonio Cassano.

Cristiano Ronaldo a échoué à trois reprises à faire franchir les quarts de finale de la Ligue des champions à la Juventus. @iconsport
Cristiano Ronaldo a souvent été malmené par la presse italienne et les anciens joueurs lors de son passage à la Juventus. @iconsport

Dans ce climat d'hostilité, Cristiano "ne se sentait plus heureux" , comme l'a affirmé le journaliste spécialisé Gianluica Di Marzio. Et pour le quintuple Ballon d'Or, c'est la Juve qui était en partie responsable de cette situation. Car si les Bianconeri ont fait des pieds et des mains pour attirer "CR7" en 2018, ils n'ont jamais renforcé l'équipe à la hauteur de ses espérances. Cristiano Ronaldo avait donc le sentiment de se battre pour réussir la mission qui lui était confiée (gagner la Ligue des champions), mais sans en avoir les moyens pour le faire. Et en mars dernier, l'ancien du Real Madrid a réaffirmé ses exigences. Il s'était même déclaré disposé à rester à la Juventus à condition que le club bâtisse une équipe solide autour de lui.

Le point de non-retour atteint dimanche 22 août

Mais la Vieille Dame n'a donc pas suivi le chemin réclamé par Ronaldo. Ce n'est pas sur le mercato que la Juve a enclenché les grandes manœuvres, mais bien en interne avec le départ du directeur sportif Fabio Paratici et l'arrivée d'Allegri en remplacement d'Andrea Pirlo sur le banc. Et l'entraîneur italien n'a même pas cherché à user de faux semblants avec le Portugais de 36 ans. Selon le Corriere della Sera, il aurait indiqué clairement à "CR7" que son statut avait changé. D'intouchable, le quintuple vainqueur de la Ligue des champions allait devenir un joueur presque lambda, amené à débuter des matchs sur le banc ou être remplacé en cours de jeu. C'est d'ailleurs ce statut de remplaçant que Cristiano Ronaldo a vécu contre l'Udinese (2-2), dimanche 22 août, pour la première fois depuis... 2003. Autant dire que l'ego déjà très malmené du quintuple Ballon d'Or n'a fait qu'un tour... pour la suite que l'on connaît.