Alors qu’elle avait eu recours aux prolongations pour éliminer la Croatie en huitième de finale de l'Euro 2020, la Roja a cette fois eu besoin des tirs au but pour éteindre une étonnante équipe suisse, en quart de finale ce vendredi 2 juillet. Face aux tombeurs des Bleus, l'Espagne n’a d’abord pas eu à forcer son talent pour prendre les devants par l’intermédiaire de Denis Zakaria, auteur d’un but précoce contre son camp. Mais, à Saint-Petersbourg, l’équipe de Luis Enrique, coupable d’avoir trop géré son avance au score, s’est fait rejoindre en deuxième période sur une erreur défensive que Xherdan Shaqiri a fait fructifier.
En souffrance durant les prolongations, la Suisse a finalement dû céder aux tirs au but face à un grand Unai Simon. L’Espagne peut désormais suivre tranquillement les autres quarts de finale. Et se reposer alors qu’elle a disputé 240 minutes de jeu cette semaine. Elle affrontera le vainqueur de Belgique - Italie le mardi 6 juillet à Wembley. Pour une place en finale.
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L'Espagne dicte le tempo et étouffe la Suisse
Le pied sur le ballon d’entrée, l’Espagne dicte immédiatement le tempo de la partie. L'équipe s’installe très haut dans le camp adverse et ne laisse aucun moment de respiration à une formation suisse prise à la gorge. Grâce à un pressing intense à la perte, la Roja ne laisse aucun confort à la relance à son adversaire. De quoi donner des regrets à Didier Deschamps si le sélectionneur de l'équipe de France a passé son après-midi devant sa télévision. Alors qu'ils avaient brillé par leur inefficacité lors de leurs deux premières rencontres de l’Euro, les Espagnols trouvent cette fois la faille très vite. À la retombée d’un corner, Jordi Alba frappe très fort et voit sa tentative du gauche être repoussée dans le but de Sommer par Denis Zakaria (0-1, 8e). Le 10e CSC de la compétition, le 3ème en faveur de l’Espagne...
Remplaçant malheureux d’un Granit Xhaka suspendu, le jeune milieu de Mönchengladbach souffre de la comparaison avec le joueur d'Arsenal. Brillant contre les Bleus, celui qui se plaît à se muer en initiateur des offensives suisses manque alors cruellement à son équipe, contrainte de subir le rythme dicté par les chefs d’orchestre espagnols. Sans Xhaka, seul un exploit de Breel Embolo ou Xherdan Shaqiri laisse espérer aux Suisses un meilleur sort. Mais le premier, touché, doit quitter ses coéquipiers. La Suisse manque ainsi logiquement d’idée. Et son regain de forme après la demi-heure ne fait pas réellement peser de menace sur le but d’Unai Simon.
Gestion, faux-rythme et erreur de relance
Arrivée en Russie avec la jauge de confiance au plus haut après deux matchs à 5 buts et un feu d'artifice contre la Croatie, l’Espagne gère tranquillement. Avec près de 70% de possession du ballon, elle fait courir la Suisse. Homme fort de la qualification contre la France, Haris Seferovic erre lui comme une âme en peine. Sans être brillante, la Roja profite de son avance face à une Nati réorganisée en 4-4-2. Luis Enrique procède à deux changements d’hommes (Dani Olmo pour Pablo Sarabia, Gerard Moreno pour Alvaro Morata). Et la physionomie du match s’inverse quelque peu au retour des vestiaires.
Alors que la rencontre s’enlise doucement dans un faux rythme sous le double coup de la possession espagnole et de la timidité des offensives suisses, la Nati sort peu à peu la tête de l’eau. Zakaria puis Zuber se montrent d'abord. Et c’est finalement sur une erreur conjointe d’Aymeric Laporte et Pau Torres que la 13e nation au classement FIFA recolle. La relance du plus Français des Espagnols retrouve l’axe après avoir été remise en jeu par le joueur de Villarreal. Le ballon revient alors sur Remo Freuler qui décale brillamment Xherdan Shaqiri pour égaliser (1-1, 69e). Sentant la menace d’une nouvelle prolongation, l’Espagne reprend le chemin des derniers mètres adverses. Et Freuler celui de la douche après un tacle jugé dangereux sur Moreno (78e). Un nouveau coup dur pour la Suisse, réduite à dix, qui ne l'empêche pas de conduire son adversaire en prolongations.
Simon et Oyarzabal envoient l'Espagne dans le dernier carré
Au cours des 30 minutes de jeu supplémentaires, seule l’Espagne se montre. Sommer brille, Moreno croque, la Roja joue, la Suisse s’accroche et Rodriguez réalise l’un des sauvetages de l'Euro devant Olmo. La séance de tirs au but se transforme ensuite en un duel de gardiens. Si Sergio Busquets n'a besoin de personne pour envoyer le premier tir au but de la séance sur le poteau, Sommer sort d'une belle détente la tentative de Rodri en réponse à la parade de Simon sur Schär. Le portier espagnol frustre ensuite Akanji avant de déstabiliser Vargas, qui voit sa frappe s'envoler dans les tribunes russes. Et c'est Oyarzabal, déjà décisif face à la Croatie, qui envoie l'Espagne dans le dernier carré !
Façonnée par Luis Enrique, cette Roja sans star peut continuer à croire en son rêve européen. Elle retrouve les demi-finales pour la troisième fois en quatre éditions. En 2008 et 2012, elle avait ramené la coupe à la maison...
La feuille du match :
Suisse 1-1 (3 tab à 1) Espagne
Buts : Shaqiri (68e) pour la Suisse / Zakaria (8e CSC) pour l'Espagne.
Suisse : Sommer - Elvedi, Akanji, Rodriguez - Widmer (Mbabu, 100'), Zakaria (Schär, 100'), Freuler, Zuber (Fassnacht, 90+2') - Shaqiri (Sow, 81'), Embolo (Vargas, 23’), Seferovic (Gavranovic, 82').
Espagne : Simon - Azpilicueta, Laporte, Torres (Thiago, 113'), Alba - Koke (Llorente, 90+1'), Busquets, Pedri (Rodri, 119') - Torres (Oyarzabal, 91'), Morata (Moreno, 54’), Sarabia (Olmo, 46’).