Depuis la fin de saison dernière, les Girondins de Bordeaux sont passés par tous les états. Relégués en Ligue 2 puis proches d'un dépôt de bilan, le tout en passant par une relégation en National 1... Au final, ces deux mois estivaux n'auront pas été de tout repos. Pour tenter de s'y retrouver un petit peu avant d'évoquer les recrues de ce mercato, prenons quelques minutes pour retracer le récit des événements.
Un été indien aux Girondins de Bordeaux
Le 21 mai 2022, malgré une victoire convaincante (2-4) face à Brest, les Girondins officialisent le. Sportivement, cette fois. Les supporters girondins nourrissent très rapidement des regrets. Avec 31 points, le club au scapulaire ne termine qu'à un point de la place de barragiste. A cinq de la première place non relégable. D'autant que Bordeaux n'a pas réussi à prendre des points précieux face à ses concurrents directs lors des ultimes confrontations de la saison.
Un nul à domicile face à Lorient (0-0). Une lourde défaite à Angers (4-1). Une remontée impensable de Nantes à La Beaujoire (5-3). Et un nul à domicile face à l'AS Saint-Etienne (2-2) alors que les hommes de David Guion menaient 2-0 tôt dans la partie. Des regrets sportifs, il y en a évidemment. Sont invoquées de multiples raisons, mais celle qui revient le plus est inévitablement la faute qui incombe à l'actuelle direction. Toutefois, cette relégation sportive n'est que le début d'un long périple avant de valider la présence du club dans l'antichambre de la Ligue 2.
Le 14 juin 2022, la Direction nationale du contrôle des gestions (DNCG) s'exécute très logiquement. Elle relègue provisoirement les Girondins de Bordeaux en National 1. Coup de tonnerre ? Pas tant que ça. Tout le monde, au sein du microcosme bordelais, s'attendait à une telle décision. L'enjeu était prévu : s'activer entre cette première décision et la date de la deuxième audition pour vendre ses gros actifs. Au moment de la deuxième audition face à la DNCG, le 5 juillet 2022, l'optimisme fut de courte durée. Des supporters en pleurs qui s'expriment sur les réseaux. Le gendarme financier du football français a tranché en validant sa décision initiale. C'est fait, les Girondins de Bordeaux sont relégués administrativement en National 1. Un plan que Gérard Lopez et ses équipes n'avaient pas forcément pensé possible, et pourtant.
Désormais, il ne reste plus qu'un recours possible. Afin de se laisser une ultime chance de rester en Ligue 2, la direction girondine parvient à réduire considérablement sa dette et scelle cet état de fait par le tribunal de commerce de Bordeaux. La vente de Sékou Mara la veille du passage devant le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour une somme avoisinant les 13 millions d'euros, bonus compris, permet notamment au club d'être dans les clous.
La Ligue 2 reprend, le mercato non
Le 25 juillet 2022, le CNOSF se prononce pour un maintien des Girondins de Bordeaux en Ligue 2. Le club se sauve, mais pour combien de temps ? Quoi qu'il en soit, le championnat de deuxième division commence cinq jours après la décision officielle.
Le 30 juillet 2022, date de la reprise du championnat de France de Ligue 2, les Girondins de Bordeaux ont la chance de recevoir dans leur stade pour leur premier match. Dans une enceinte pleine, dont la moitié des tribunes a été fermée pour la saison, les hommes de David Guion - maintenu à son poste - ne parviennent pas à faire chavirer le stade (0-0). Mais alors se pose une question. Comment les Girondins de Bordeaux vont-ils faire pour s'en sortir sans recruter ? Le mardi suivant, 2 août 2022, la direction bordelaise doit de nouveau passer devant la DNCG. A l'issue de l'audition, le gendarme financier instaure un contrôle de la masse salariale du club. Résultat, le club ne peut homologuer aucune recrue tant qu'il n'a pas fait le nécessaire pour alléger considérablement sa masse salariale totale.
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Ainsi, Vital N'Simba et Yoann Barbet, rapidement arrivés au club, n'ont eu d'autres choix que de s'entraîner et de regarder les matchs en tribunes. D'autres rumeurs ont rapidement enflé au cours du mois d'août. Au final, il aura fallu attendre le 1er septembre, à la toute dernière heure du mercato, pour que les Girondins de Bordeaux officialisent l'arrivée de ses recrues. Mais certains ont longtemps été en stand-by. C'est le cas de Jonas Lössl, gardien danois, qui se trouvait dans la file d'attente bordelaise. Problème, a deux jours de la fin du mercato, les dirigeants de Midtjylland ont pris la décision de récupérer leur gardien, faute d'avoir trouvé un remplaçant en attendant. Mais alors, de quoi se constitue ce mercato finalement ?
Bordeaux recrute difficilement
Avant de parler des recrues, il est pertinent de se pencher sur la manière dont les dirigeants ont réussi à rentrer dans les clous afin d'homologuer les contrats des joueurs qui aspiraient à signer à Bordeaux. Plusieurs joueurs ont accepté une rupture de contrat, comme Enock Kwateng et Paul Baysse. Le club a vendu d'autres joueurs afin de renflouer les caisses. C'est par exemple les cas de Hwang Ui-Jo, parti à Nottingham Forest, et Jean Onana parti à Lens. Si Rémi Oudin est, de son côté, parti en prêt, les autres départs ont été sous la forme de transferts libres. M'Baye Niang, Mexer et Abdel Medioub.
Toutefois, ces transactions seules ne suffisaient pas aux dirigeants de Bordeaux pour officialiser les différentes arrivées. Ainsi, un nombre important de joueurs ont accepté de réduire leur salaire. C'est par exemple le cas tout récent de Gaëtan Poussin, mais aussi de Danylo Ignatenko, Fransergio, Rafael Straczek et Josh Maja.
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Du coup, grâce à tout cela, Gérard Lopez et ses équipes ont réussi à enregistrer - au moment de l'écriture de ce papier - 4 recrues. Yoann Barbet et Vital N'Simba, qui ont même accepté de réduire/reporter leur salaire afin de permettre d'homologuer le plus de contrats possibles, ont été les premiers arrivés, donc les premiers officialisés. Dans la soirée du 1er septembre, les officialisations de Clément Michelin et Aliou Badji ont rapidement suivi. Toutefois, une cinquième recrue est censée arriver sous peu. En effet, le Géorgien Zuriko Davitashvili est prêt à signer son contrat avec les Girondins de Bordeaux. Mais le club veut s'assurer d'être dans les clous avant de prononcer son officialisation.
Le mercato de Bordeaux est-il réussi ?
Avec 5 recrues, nous sommes tout de même loin des 9 que Gérard Lopez avait annoncées. Actuellement, les Girondins de Bordeaux se classent deuxième de Ligue 2 grâce aux performances surprenantes de la jeunesse bordelaise. Toutefois, des manques se font cruellement sentir.
En effet, le front offensif, s'il est parfois sauvé par la faiblesse générale des défenses que les Girondins de Bordeaux ont rencontrées, manque largement de poids et de concurrence. Josh Maja, esseulé, ne peut pas faire avancer l'équipe. Bakwa et Elis ont du mal à trouver preneur de leur centre et un appui fort sans un avant-centre puissant. Et ça tombe bien puisque Aliou Badji est arrivé. Le secteur de la défense, largement présent dans les recrues, est pourtant celui qui semble le mieux fonctionner (les Girondins n'ont encaissé qu'un but en cinq matchs, ndlr). Au milieu de terrain, aucune recrue alors que pour beaucoup d'observateurs, le chantier est immense. Les performances en deça de Fransergio et Tom Lacoux, et le faible impact offensif de Danylo Ignatenko, ont permis à Issouf Sissokho de - peut-être - gagner une place de titulaire.
Et heureusement pour les Girondins de Bordeaux qu'un milieu capable de se projeter et de devenir le fer de lance de l'équipe est présent dans l'effectif. Problème, aucun nouveau joueur à l'horizon pour permettre à Bordeaux de se passer de Sissokho quand il faudra le faire souffler.
Ainsi, on peut très largement se demander si le mercato est suffisant. Pour l'auteur, toutes les recrues sont pertinentes. Mais la pertinence aurait été parfaite si le milieu de terrain avait été plus fourni. Etant donné que ce n'est pas le cas, on peut croire que le mercato n'est pas totalement réussi. Toutefois, Bordeaux partait de loin, et Bordeaux a tout de même réussi à se débarrasser d'un certain nombre d'indésirables. Selon Sud Ouest, la masse salariale est finalement passée de 31M€ en janvier dernier, à 11M€ aujourd'hui.