Le Sénégal a su être patient

Anomalie réparée. Jamais dans son histoire le Sénégal n'avait remporté la Coupe d'Afrique des Nations. C'est désormais chose faite. Il était temps pour les Lions de la Teranga de laver l'affront. Celui de 2019 et de cette défaite face à l'Algérie de Riyad Mahrez. Face à l'Égypte, cette année, il a fallu être patient pour Sadio Mané et les siens et attendre les tirs au but pour forcer la décision (0-0, 4-2 t.a.b).

Le match aurait pu être débloqué dès la septième minute, mais Mané a vu son pénalty tiré en force repoussé par un énorme Mohamed Abou Gabal Ali dit "Gabaski", sur une autre planète depuis qu'il a dû remplacer le gardien titulaire, Mohamed El-Shenawy, blessé face à la Côte d'Ivoire. Le gardien de Zamalek a multiplié les parades, se montrant décisif lors de chaque rencontre jusque-là. Et la finale n'a pas dérogé à la règle.

Le gardien égyptien Gabaski a encore été héroïque en finale, mais cela n'a pas été suffisant en finale contre le Sénégal. Icon Sport
Le gardien égyptien Gabaski a encore été héroïque en finale, mais cela n'a pas été suffisant en finale contre le Sénégal. Icon Sport

Le Pharaon a dégoûté tous les attaquants sénégalais, réalisant huit arrêts lors de la finale, avant la séance de tirs au but. Pour Édouard Mendy, il aura tout de même fallu être très attentif sur la tentative de Mohamed Salah, en force au premier poteau, pour éviter que le trophée ne bascule dans le camp égyptien. Mais dans l'ensemble de la partie, ce sont bien les Lions de la Teranga qui ont dominé des Pharaons forcément atteints physiquement, après avoir joué des prolongations lors de chaque tour précédent.

Mané, comme un symbole

Et une de plus, avec celle vécue en finale. Mais c'était écrit. Il fallait que cette CAN, indécise plus qu'il n'en faut, se décide aux tirs au but. Et les premiers à craquer sont les Égyptiens. Mohamed Abdelmonem, deuxième tireur pour son pays, trouve le poteau droit d'Édouard Mendy. Mais Gabaski ne s'avoue pas vaincu et sort la tentative de Bouna Sarr pour remettre les deux équipes à égalité. À trois buts à deux pour le Sénégal, Mendy repousse la tentative de Mohanad Lasheen, offrant ainsi une balle de match à Sadio Mané.

Le gardien égyptien Gabaski a encore été héroïque en finale, mais cela n'a pas été suffisant en finale contre le Sénégal. Icon Sport
La réaction des joueurs sénégalais au tir au but victorieux de Sadio Mané. Icon Sport

À l'écart lors de l'intégralité de la séance de tirs au but, Mané ne tenait plus en place. Au bout de son pied, la première étoile du Sénégal. La première CAN pour tout un peuple. Il fallait « reset » le pénalty manqué quelques minutes plus tôt face à Gabaski. Alors, le Red a envoyé une frappe encore plus puissante et mieux placée que la première pour, enfin, donner la victoire au Sénégal. Provoquant, dans le même temps, les larmes des Égyptiens, et de son coéquipier à Liverpool Mohamed Salah. Lui n'aura pas eu l'occasion de tirer son tir au but, mais a été un des acteurs majeurs du parcours héroïque des Pharaons dans cette CAN.

Aliou Cissé, sur les terres de son bourreau

Cette victoire a provoqué des scènes de liesse à Dakar et dans tout le Sénégal, mais également en France. Le président sénégalais, Macky Sall, a décrété ce jour lundi "férié, chômé et payé", ce qui en dit long sur l'importance de la victoire des Lions de la Teranga dans cette CAN. Cette victoire, c'est d'ailleurs aussi celle d'un homme, Aliou Cissé.

Le sélectionneur sénégalais, ancien joueur international, a montré sa fierté de remporter ce trophée, lui qui l'avait perdu en 2002 contre le Cameroun. En finale, Cissé avait manqué son tir au but. Vingt ans plus tard, il soulève enfin ce trophée, sur les terres de son bourreau.

"Nous dédions cette victoire au peuple sénégalais, depuis les indépendances, on court derrière. Maintenant sur notre maillot, on a une étoile nous aussi. Le Cameroun est une terre de foot, gagner ici est un symbole, et gagner face à l'Égypte, qui a remporté sept CAN, est un autre symbole, c'est ce que je disais à mes joueurs, ils ont écrit l'histoire."

Aliou Cissé