Le racisme est l'un des grands problèmes de notre temps. Et le football n'y échappe malheureusement pas. Dans les tribunes ou au sein même de certains clubs, ce fléau continue de frapper - et semble même prendre de plus en plus d'ampleur. Dans un entretien accordé au Monde, Lilian Thuram est longuement revenu sur ce sujet. "J'ai l'impression que l'on parle du racisme avec superficialité, déplore le champion du monde 98.

Comme si c'était un phénomène individualisé, de personnes 'pas gentilles'. Non, c'est une idéologie politique qui a une profondeur historique !" Le président de la fondation Éducation contre le racisme poursuit : "Historiquement, ce ne sont pas les institutions qui font changer les choses. C'est une minorité de personnes qui lutte pour des revendications et qui oblige les institutions à agir." 

Thuram : "La parole d'un jeune Noir ou d'un jeune Maghrébin peut potentiellement se retourner contre lui"

Prenant pour exemple le cas de Vinicius Jr, Thuram appelle au soutien de toutes les victimes de racisme. "En Espagne, il se fait régulièrement insulter parce qu'il est noir. Mais cela a pris une ampleur différente quand Carlo Ancelotti, un homme blanc, a pris la parole pour dire qu'il fallait que ça s'arrête", constate-t-il.

Également auteur de l'essai La pensée blanche (2020) et du livre Mes étoiles noires, l'ancien défenseur témoigne : "Depuis des siècles, le monde s'est construit sur le suprémacisme blanc, et tout le monde en est conscient. Pour preuve, quand j'interviens publiquement (dans des écoles, des universités et des musées, ndlr), je pose une question simple : 'Qui voudrait ici être traité comme on traite les Noirs dans la société ?' Personne ne lève la main.". Interrogé sur l'affaire Galtier, Thuram pointe aussi du doigt le fait que "la parole d'un jeune Noir ou d'un jeune Maghrébin peut potentiellement se retourner contre lui."