Contrairement à Oscar, certains gros poissons du football professionnel ne restent en Chine qu’une ou deux saisons, le temps de toucher un salaire exorbitant pour mettre leur famille à l’abri. Puis, ils reviennent tranquillement en Europe (ou ailleurs) afin de renouer le fil d’une carrière sportive qu’ils peuvent désormais prioriser en dormant sur leurs deux oreilles.

C’est le cas d’Axel Witsel, notamment, qui a débarqué au Tianjin Tianhai en janvier 2017, alors qu’il s’imposait comme l’un des milieux les plus solides d’Europe avec la Belgique. Un an et demi plus tard et un pont d’or en poche, l’ancien de Benfica a considéré qu’il avait économisé suffisamment d’argent pour retrouver l’Europe, beaucoup plus attractive sportivement mais tellement moins "généreuse" financièrement.

Oscar, le petit prince de Chelsea qui a tourné le dos au trône

Oscar, lui, n’a pas du tout l’intention de bouger de son pays d’accueil, qu’il a rejoint en janvier 2017 (en même temps que Witsel). « Je ne pense pas à quitter la Chine. Il y a un grand projet pour moi ici », assurait-il au journal britannique The Guardian en janvier dernier.

Frustrant, terriblement frustrant pour certains adorateurs du Brésilien et fans de Chelsea, qui se rappellent encore les merveilles qu’Oscar pouvait produire en Premier League et en Coupe d’Europe. Sous le maillot des Blues, entre 2012 et janvier 2017, le milieu offensif a amassé trois trophées majeurs : la Premier League en 2015 et 2017, et la Ligue Europa en 2013. Mais le Brésilien a subitement tourné le dos aux nouveaux sacres et aux distinctions qui lui tendaient les bras. Le Shanghai SIPG s’est présenté, lui offrant un salaire estimé à 464.000 euros par semaine.

Oscar, la famille avant tout

Le choix a été vite fait pour Oscar. Voilà maintenant plus de quatre ans que le Brésilien amasse un pactole monumental, qui lui a permis de sortir sa famille de la pauvreté.

On me critique pour être venu en Chine. Mais les footballeurs sont comme n'importe quel autre travailleur : chaque personne veut gagner de l'argent pour aider sa famille. Je fais ça pour eux. Je suis issu d'un milieu social très pauvre au Brésil. J'encaisse ce que je reçois parce que je l'ai mérité. C’est le fruit de mon travail.

Oscar au Guardian en 2016

Avant de noyer Oscar sous un terrain d'insultes, les mauvaises langues auraient mieux fait de se pencher sur la situation personnelle du Brésilien. Son père a été tué dans un accident de la route alors qu'il n'avait que trois ans, laissant sa mère seule pour élever leurs trois enfants. Elle s'est mise à vendre des vêtements qu'elle fabriquait elle-même pour nourrir Oscar et ses frères et sœurs. Quoi de plus logique, aujourd'hui, que son fils qui a réussi veuille la remercier en lui retournant l'ascenseur ?

Le fait est qu'Oscar, au contraire de certains footballeurs qui pensent avant tout à leur carrière personnelle, a raisonné de façon collective. Il a sacrifié ses honneurs sportifs pour mettre sa famille au cœur de tout. « Je veux un travail dans ce sport une fois que j'aurai raccroché les crampons, mais un emploi qui me permette de rester au même endroit : j'ai besoin d'être proche de ma famille », confiait-il encore au Guardian en janvier dernier.

50% des footballeurs font faillite cinq ans après leur retraite

En dehors de son aspect collectif, le choix d'Oscar peut surtout être considéré comme totalement rationnel, prévoyant et pragmatique. En effet, une enquête du cabinet allemand Schips Finanz en 2013 certifiait que 50% des footballeurs professionnels font faillite cinq ans après leur retraite. Mauvais choix sportifs, investissements catastrophiques, dettes de jeu... Les raisons sont nombreuses et n'épargnent personne.

C'est ainsi que Louis Saha, l'ancien attaquant international français qui a passé 14 saisons en Premier League, avait créé en 2013 une plateforme destinée à informer les sportifs professionnels sur ce sujet. Le but : trouver les moyens d'anticiper un futur désastre financier pour eux.

Aujourd'hui, les footballeurs professionnels sont un peu mieux sensibilisés à cette problématique. Mais rares sont les clubs qui se prêtent au jeu en mettant leurs joueurs en garde à ce sujet. Et les mauvais entourages de certains joueurs, doublés d'agents véreux, n'hésitent jamais à profiter de la situation. Ainsi, comme l'a fait Oscar, privilégier la sécurité financière au détriment d'une possible consécration sportive n'est jamais un mauvais choix. La pandémie de Covid-19, qui a chamboulé l'économie mondiale du jour au lendemain et fait régner l'incertitude financière, est là pour le rappeler...