Vincent Labrune cherche des solutions pour sauver le football français

Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnel (LFP), s’est exprimé devant le Sénat et la commission de la culture, de l’éducation et de la communication ce mercredi 8 décembre 2021. Il n’était pas seul puisque le directeur général de la LFP, Arnaud Rouger, l’accompagnait. L’objectif de cette intervention était de présenter un plan pour sauver le football français. Il est aussi revenu sur les violences dans les stades qui gangrènent le championnat de Ligue 1 depuis le début de la saison.

Vincent Labrune : "Le stade de foot est le reflet de l'état de la société."

Au sujet des violences dans les stades, Vincent Labrune a tenu à s'exprimer clairement. "Quand vous dites que vous n’avez pas le souvenir d’avoir vu des évènements aussi graves, si, il y a eu des évènements bien plus graves. Pour rappel, il y a eu des morts autour des stades il y a une quinzaine d’années. Le stade de foot est le reflet de l'état de la société, a-t-il rappelé. La société française en crise sanitaire est malade, elle est inquiète, angoissée, se divise et est un peu folle. Le football français n’est pas responsable de la folie des gens. Peut-on pendre des mesures plus fortes? Je vous entends. Est-ce que la commission de discipline a pris une décision de référence sur le match Nice-OM ? Je n’en sais rien, je ne suis pas le mieux placé pour en parler, paradoxalement puisque nous avons un arsenal de sanctions très limité."

Vincent Labrune veut créer une société commerciale pour trouver de nouveaux fonds

Sur un autre sujet, le président de la LFP souhaite en outre créer une société commerciale. L’idée serait de trouver des fonds afin de sauver le football français, au bord de la rupture. Pour lui, avec les différentes réformes qui sont en train d’être mises en place, il est indispensable d'investir beaucoup d’argent. De même, il a également évoqué le passage à 18 clubs en Ligue 1 lors de la saison 2023-2024. Selon l'ancien président de l'OM, cela permettrait aux clubs français d’avoir de meilleures performances en Coupe d’Europe.

Vincent Labrune a ensuite expliqué la nécessité d’insuffler un changement culturel dans le football français. L’idée serait d’avoir une approche différente.  "On a fait l’erreur collectivement de se centrer prioritairement sur nos revenus domestiques ces dernières années. On a mis des œillères et on s’est concentré sur ces revenus qui ont augmenté de façon exponentielle sans se préoccuper d’aller capter les recettes internationales. Ça nous met un handicap fort par rapport à nos concurrents."

"Le problème qu’on a, c’est qu’on n’a pas le temps. À très court terme, à l’échéance d'un an et demi ou deux ans, on a l’impérieuse nécessité de recréer une compétition nationale ultra performante, attrayante et spectaculaire pour maximiser notre prochain appel d’offre domestique qui va arriver en 2023. On a dans le même temps, l’impérieuse nécessité d’être surperformant sur la scène européenne sur la même période puisqu’une réforme de l’UEFA se mettra en place en 2024."

"Si on n'est pas capable de rentrer de l'argent frais, le championnat de France deviendra le championnat de Slovénie"

"On est cinquième au classement européen. Les cinq premiers auront quatre places qualificatives en Ligue des champions qui génèrent des recettes importantes pour les clubs et donc pour la compétition nationale par conséquence. Si on sort de ce classement, le championnat de France sera définitivement en deuxième division européenne. On a le meilleur football de sélections nationales, le meilleur football de formation, je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas l’ambition d’avoir le meilleur football de club. Si à court terme on n'est pas capable de rentrer de l'argent frais dans les caisses pour nous sauver, rebondir, le championnat de France deviendra le championnat de Slovénie, avec tout le respect que j'ai pour nos camarades de Ljubljana."

Des pertes annuelles estimées entre 600 et 800 millions d'euros

Pour le président de la LFP, les pertes estimées pour les clubs français seraient entre 600 et 800 millions d’euros annuels. La LFP ne compte pas demander de l’aide à l’Etat. C’est ainsi que la création d’une société commerciale serait une hypothèse intéressante pour sauver le football français. "On ne brade pas nos actifs. Si on n’a pas une valorisation qui prend en compte notre projet à long terme, on ne le fera pas. Si on a une valorisation qu’on trouve juste pour sauver notre système et permettra de faire bénéficier ces fonds au monde amateur, oui, on se posera la question d’avancer."

Le football français est en train de préparer son avenir dans l’urgence. Il reste à espérer que les décisions seront bénéfiques pour les clubs professionnels et tous les amateurs du ballon rond.