Il en aura mis du temps à retrouver un banc. Entre son licenciement du PSG, en juin 2016, et sa prise de fonction à Al-Rayyan (Qatar), le 19 décembre 2020, Laurent Blanc a patienté pendant quatre ans et demi. Une éternité pour un entraîneur de ce standing. Et surtout une énorme surprise pour celui qui aurait pu rebondir dans les plus gros clubs européens, mais qui a finalement fait le choix de l'exil dans le modeste championnat du Qatar.
Pourtant, Laurent Blanc ne semble pas regretter son choix, au contraire. Le champion du monde 1998 avec les Bleus s'amuse comme un petit fou à Al-Rayyan, comme il l'a expliqué lors d'une interview à L'Equipe.
Laurent Blanc, un entraîneur désabusé
Pour comprendre pourquoi Laurent Blanc prend autant son pied au Qatar, il faut se pencher sur la mentalité de l'ancien entraîneur du PSG. "Le football est en train de prendre une direction qui ne me plaît pas forcément. On est dans la spéculation totale, et c’est de plus en plus dur à gérer pour les entraîneurs" , confiait-il à Téléfoot en novembre 2020. En clair, "Lolo White" regrettait que les entraîneurs soient de plus en plus otages des choix de la direction des clubs, des choix souvent dictés par des motifs économiques et non sportifs.
Le Qatar redonne goût au football à Laurent Blanc
Mais à Al-Rayyan, Laurent Blanc a trouvé un cadre de travail où la pression de ses dirigeants est moins forte qu'ailleurs. La preuve, le technicien de 55 ans semble avoir le loisir de faire ce qui lui plaît, à savoir assumer le rôle d'un super-entraîneur qui anime aussi des séances d'entraînement à la manière d'un adjoint :
"J’ai repris du plaisir à travailler, le goût des entraînements et à animer des séances. Je m’amuse plus qu’au PSG. J’ai plus de boulot sur le terrain. Avant, c’était Jean-Louis Gasset (son historique adjoint) qui faisait surtout ça. Là, on se partage les groupes avec Franck Passi (ancien entraîneur intérimaire de l'Olympique de Marseille)".
Laurent Blanc à L'Equipe
Un choc des cultures que "le Président" boit comme du petit lait
En fait, Laurent Blanc a surtout fait la connaissance d'un environnement qui se rapproche de ce qu'il désirait : un football simple, plus proche des origines que de ses dérives modernes liées au business. C'est en tout cas la vision qu'en a l'ancien sélectionneur des Bleus :
"Les joueurs ont vraiment envie d’apprendre. Le niveau n'est pas fameux. Il y a parfois des bugs, mais on ne peut rien reprocher aux joueurs. J’ai même des semi-pros qui travaillent dans l’armée ou la police. Il y a des situations cocasses, mais je vis à la fois une expérience de vie et professionnelle inédite."
Laurent Blanc à L'Equipe
Et ça marche ! Troisième de D1 qatarienne avec Al-Rayyan, Laurent Blanc a aussi qualifié son club pour la Ligue des champions asiatique, qu'il s'apprête à jouer en Inde. Le début d'une belle histoire d'amour, comme celle que Xavi vit au Qatar depuis 2015 (d'abord en tant que joueur puis en tant qu'entraîneur depuis 2019) ? Non, à croire l'ancien libéro, qui a certifié à L'Equipe : "je sais que je ne ferai pas dix ans au Qatar !" Allez dire ça à Xavi, qui ne pensait peut-être pas rester aussi longtemps dans son pays d'adoption...