Tous ceux qui l'ont côtoyé le disent : Jürgen Klopp était fait pour devenir entraîneur. Pendant 15 ans, cet attaquant reconverti latéral droit a connu une honnête carrière de joueur. Il est même l'un des recordmen du nombre de matchs disputés en D2 allemande, avec 352 rencontres disputées sous le maillot de Mayence entre 1990 et 2001. Mais sa véritable vocation, à en croire ses anciens entraîneurs et coéquipiers, a toujours été de diriger une équipe.
Dans les trois clubs qu'il a eus sous ses ordres, Jürgen Klopp a laissé une empreinte indélébile. Il a fait de Mayence, club de bas de classement de D2 allemande, un pensionnaire de la première moitié de tableau de Bundesliga. Klopp a aussi fait entrer le Borussia Dortmund dans une autre dimension, l'emmenant notamment en finale de la Ligue des champions 2013. Il a enfin permis à Liverpool de remporter la Ligue des champions 2019, et de décrocher en 2020 un titre de champion d'Angleterre que les Reds attendaient depuis 30 ans.
De joueur à entraîneur en trois jours
Ainsi, lorsqu'il se lance le 28 février 2001, il y a exactement 20 ans, dans sa carrière d'entraîneur, tout le monde se doute que Jürgen Klopp connaîtra le succès. Mais peut-être pas aussi rapidement. Car les débuts de "Kloppo" sur le banc sont pour le moins inattendus. Le 27 février 2001, la veille de son premier match en tant qu'entraîneur, l'élu ne sait pas encore ce qu'il l'attend. Il est en effet toujours l'un des piliers de l'équipe de Mayence. Deux jours plus tôt, il était d'ailleurs titulaire à l'occasion d'un match de championnat.
Mais Mayence va mal, et la direction décide de licencier l'entraîneur en place. Sauf que le club a un match de championnat à disputer le lendemain. Les trois tauliers de l'équipe, qui forment le conseil des joueurs, suggèrent alors le nom de celui qui pourrait assurer l'intérim : Jürgen Klopp. Thomas Ziemer, son ancien coéquipier et futur joueur sous ses ordres à Mayence, se justifie :
« On savait que "Kloppo" finirait par devenir entraîneur en raison de sa personnalité et sa façon de voir le jeu. Et puis à ce moment-là, il n'était pas sûr de tenir sa place sur le terrain en raison d'une blessure. On s'est dit en rigolant : "il ne pourra peut-être pas jouer, mais il pourra quand même s'asseoir sur un banc : celui d'entraîneur". »
Thomas Ziemer, son ancien coéquipier et joueur à Mayence, auprès de Kicker
Le lifting de Klopp à Mayence
Ni une ni deux, Klopp relève le défi. Son baptême du feu est un succès : victoire 1-0. La suite ? Une série de cinq victoires et un match nul qui sauveront Mayence de la relégation. Suffisant pour convaincre la direction de promouvoir son novice entraîneur en chef la saison prochaine. La suite est connue : Mayence devient instantanément un gros morceau de D2, et s'installera en première partie de tableau de Bundesliga dans les années qui suivent, révélant le talent de Klopp au plus haut niveau.
« Il avait une grande humanité. Il pouvait être extrêmement jovial et brûler de rage de vaincre en même temps. »
Thomas Ziemer, son ancien coéquipier et joueur à Mayence
Un manager à la personnalité si authentique
Très apprécié pour son côté sociable et proche des joueurs, Klopp n'était pourtant pas un tendre. Dès ses débuts, il se mettait brutalement en colère quand les choses n'allaient pas dans son sens. "On pouvait voir sa carotide bondir dans son cou", rigole Thomas Ziemer. Mais c'est finalement ce côté si authentique, si passionné, si franc qui a fait sa réputation et son succès auprès de ses hommes.
« "Kloppo" a toujours été très honnête avec tous les joueurs. Si quelque chose ne lui convenait pas, alors il le disait cash. "Tu t'es entraîné comme une merde, tu ne joues pas. Point barre. Si tu te défonces la semaine prochaine, tu rejoueras". Cétait ça, Klopp. C'était plutôt simple, au final, mais il dégageait une telle impression d'authenticité que tout le monde se laissait prendre. »
Thomas Ziemer, son ancien coéquipier et joueur à Mayence, auprès de Kicker
Il suffit de voir le résultat partout où Klopp est passé : les supporters de Liverpool et de ses anciens clubs n'ont pas de mots assez forts pour décrire les émotions que "Klopp" leur a apportées !