Le Mondial 2022 au Qatar refait parler de lui. Et pour de mauvaises raisons. Après l'interdiction de la consommation d'alcool dans les stades (en dehors des loges), les organisateurs de l'événement se retrouvent sous le feu des critiques. En cause : la mort d'au moins 6.500 travailleurs migrants dans le pays depuis 2011. Une date qui correspond à l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar un mois plus tôt.
Des chiffres qui jettent l'opprobre sur le Qatar
Il convient de préciser que ces chiffres ne distinguent pas la cause de la mort ni le lieu du décès. Parmi les 6.500 travailleurs migrants qui ont perdu la vie, certains pouvaient donc travailler sur d'autres chantiers, sans être liés à la Coupe du monde 2022. D'autres ont également pu intervenir en dehors du cadre du travail. Néanmoins, le responsable d'une association de défense des droits du travail dans le Golfe l'affirme : la majorité des décès ont probablement eu lieu sur les chantiers de construction des infrastructures du Mondial.
« Une proportion considérable de travailleurs migrants morts depuis 2011 ne se trouvaient au Qatar que pour trouver du travail suite à l'attribution du Mondial 2022. »
Nick McGeehan, directeur de l'association FairSquare Project, au journal anglais The Guardian
De fait, depuis l'attribution de l'événement en décembre 2010, le Qatar a lancé de vastes projets de construction d'infrastructures. Outre sept stades flambant neufs, le Qatar a construit - ou finalise la construction - d'un aéroport, de transports en commun, de routes... Sans compter son "chef d'œuvre" : une nouvelle ville entièrement artificielle, sortie du sable pour abriter la finale de l'événement.
Une réalité encore plus sombre
Et le pire, c'est que ces chiffres sous-estiment largement le nombre total de morts. En effet, les statistiques dévoilées par les ambassades d'Inde, du Sri Lanka, du Pakistan, du Bangladesh et du Népal, ne prennent en compte que les ressortissants de ces pays. Un grand nombre de travailleurs migrants au Qatar proviennent également d'autres pays, comme le Kenya et les Philippines, qui n'ont pas communiqué de chiffres. De plus, les statistiques ne comprennent pas les morts survenues dans les derniers mois de l'année 2020.
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De nombreuses associations humanitaires dénoncent les conditions de travail et de sécurité qui règnent sur les chantiers du Qatar. Le pays ne ferait pas assez pour garantir la sécurité des travailleurs sur ses chantiers à haut risque. Les fortes chaleurs sont la cause principale des décès, devant les blessures causées par une chute et les insuffisances cardiaques.
Le Qatar et la FIFA rejettent la responsabilité des morts
Mais le porte-parole du gouvernement qatari assure qu'il s'agit d'un faux procès, et refuse de voir la gestion des sites comme la principale cause des morts.
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« Le taux de mortalité au sein de ces communautés se situe dans la fourchette prévue pour la taille et la démographie de la population. Cependant, chaque perte de vie est une tragédie, et aucun effort n'est épargné pour tenter d'éviter chaque décès dans notre pays ».
Le porte-parole du gouvernement qatari, au Guardian
Quant à la FIFA, elle s'est aussi défendue comme elle pouvait, affirmant que « les mesures de santé et de sécurité très strictes » sur les sites.
« La fréquence des accidents sur les chantiers de la Coupe du monde de la FIFA a été faible par rapport à d'autres grands projets de construction dans le monde » .
Un porte-parole de la FIFA, au Guardian
Des déclarations qui ne convaincront pas les sceptiques, ni ne soulageront la peine des familles des travailleurs morts...