Randal Kolo Muani a l'habitude des comparaisons. La moins pertinente, c'est celle qu'il a longtemps entendue au début de sa carrière. Même s'il est bien né en décembre 1998 à Bondy, celui qui a en fait grandi à Villepinte n'a pas grand-chose à voir avec Kylian Mbappé. De plus en plus rayonnant avec Nantes, le futur buteur de Francfort veut prouver qu'on peut atteindre les sommets autrement que par un début de carrière tonitruant. Ceux qui l'ont observé ces derniers mois ont du mal à imaginer le contraire.
"OH ! Ok... HUM ! Nwankwo Kanu."
La meilleure comparaison avec le style de Kolo Muani, c'est peut-être celle que nous a offerte Thierry Henry, le 19 septembre dernier. En découvrant son numéro plein de sang froid au cœur de la surface d'Angers, le meilleur buteur de l'histoire de l'Équipe de France est d'abord bouche bée au point de ne lâcher que des onomatopées. Puis il sort le nom d'un attaquant nigérian qu'il a connu du côté d'Arsenal. Nwankwo Kanu était connu pour un toucher de balle élégant que sa grande taille ne laissait pas présager. Cette qualité, évidente chez Randal Kolo Muani, l'aide à crever l'écran à mesure que son efficacité devant le but progresse.
Pourtant, rien n'a jamais été simple pour l'enfant de Villepinte. C'est en partie à cause de la maladie d'Osgood-Schlatter (une affection du genou) qu'il n'a réussi à quitter Torcy pour un centre de formation qu'à 17 ans. C'est aussi parce que son potentiel ne fait pas encore l'unanimité. Kolo Muani est par exemple moins affuté physiquement que son copain d'enfance Alexis Claude-Maurice (aujourd'hui à Nice), qui rejoint le monde professionnel avant lui. RKM persévère et passe même des essais infructueux en Italie. Finalement, c'est le FC Nantes qui l'accueille chez ses jeunes en 2015. Mais il devra encore faire preuve de patience.
Kolo Muani, le sens du collectif
En Loire-Atlantique, ses débuts convaincants avec les U18 l'envoient rapidement en équipe réserve. Mais il était écrit que le grand attaquant devrait attendre plus longtemps que les autres. De 2015 à 2019, Kolo Muani fait ses armes avec l'équipe réserve tout en se contentant de miettes chez les professionnels. Une première invitation avec le groupe pro en 2016-2017, puis six petites apparitions en Ligue 1 en 2018-2019 (une seule titularisation) : c'est trop peu, trop lent pour celui dont le potentiel ne fait pourtant plus aucun doute. Au point de vouloir être prêté à l'US Boulogne, en National. Reculer pour mieux sauter.
La saison 2019-2020 est un coup d'accélérateur dans la carrière du jeune Bondynois. À Boulogne, Randal Kolo Muani montre les crocs. Si la saison se termine plus tôt que prévu à cause de la Covid, le Franco-Congolais convainc très vite grâce à son sens du collectif. Avec cinq passes décisives, trois buts et, surtout, des performances régulières, plus personne dans le Nord ne doute que sa place soit au-dessus. Seule ombre au tableau : deux exclusions qui lui valent en tout huit matchs de suspension. Peu importe, NKM revient à la Beaujoire, enfin prêt à casser la baraque.
La table est dressée
Depuis, il y a moins de choses à raconter. Titulaire avec Nantes depuis le début de la saison 2020-2021, Kolo Muani est de plus en plus régulier, de plus en plus buteur, de plus en plus remarqué par les observateurs. Son style de jeu combinant athlétisme, technique et altruisme lui vaut même quelques apparitions en Équipe de France Espoirs. Pour Francfort, qui le récupérera gratuitement la saison prochaine, la bonne affaire ne fait aucun doute. Pour Kolo Muani, la voie vers les sommets est enfin dégagée.
En Bundesliga, on l'imagine bien marcher sur les pas de nombreux français. Nkunku (Leipzig), Mukiele (Leipzig), M.Thuram (Mönchengladbach), Upamecano (Leipzig puis Bayern), Diaby (Leverkusen) ou encore Pavard (Stuttgart puis Bayern); tous ont débuté en équipe de France après s'être expatriés jeunes en Allemagne. Dans un championnat réputé pour son jeu rapide, tout est réuni pour voir Kolo Muani s'éclater et imiter ses compatriotes. Là, on pourra le comparer avec Mbappé.