Un pénalty manqué symbolique
Le dribble et la finition de Kylian Mbappé feront le tour du monde. Sa célébration aussi. Il est celui qui a débloqué la situation lorsque d'autres auraient pu le faire avant lui. C'était le cas de Lionel Messi, après un pénalty obtenu par l'international français à la suite d'une faute de Dani Carvajal. Mais l'Argentin a vu sa (timide) tentative repoussée par Thibaut Courtois. Tête baissée, la Pulga semblait ressasser cette occasion manquée de longues minutes après.
Leo Messi s'était déjà incliné la saison dernière sur cette même pelouse lors du huitième de finale retour de Ligue des champions. C'était avec le FC Barcelone face au PSG et Keylor Navas, alors que le Barça avait enclenché le mode remontada. Mais le raté de la Pulga avait enrayé la machine catalane. Ce pénalty avait fait énormément de mal à l'Argentin, trop souvent en échec depuis les onze mètres ces dernières saisons. Et ce qui dénote un manque de confiance, parfois même de caractère de l'astre argentin.
Messi, la tête ailleurs
Ailleurs, peut-être encore à Barcelone. Ville qu'il a dû quitter du jour au lendemain ou presque, pour rejoindre Paris et ses stars. Son climat parfois compliqué et son manque de repère. À Barcelone, il avait tout. L'équipe jouait pour lui et avec lui, parfois trop. Même avec une expérience longue comme le bras, un palmarès exceptionnel, Leo Messi peine à se faire une place durable dans le vestiaire parisien. Certains gestes sont forcés, et on retrouve un Messi qui surjoue plus qu'il ne joue. À vouloir trop montrer, son jeu en pâtit plus qu'il n'en sort grandi. Et sinon, demandez à son ami Neymar, grand spécialiste en la matière.
Messi sait que le temps ne joue pas en sa faveur. Mais poussée vers la sortie par le Barça, la Pulga devait se trouver un nouveau club, avec l'objectif d'être prêt pour la Coupe du monde au Qatar à la fin de l'année 2022. Sa dernière chance de réaliser son rêve de lever le trophée sous le maillot de l'Albiceleste. Le PSG n'est que de passage. Comme un contrat à l'amiable entre les deux parties, pour faire briller l'une, et maintenir la flamme de l'autre.
"Une erreur de casting", s'exclamait Jérôme Rothen sur RMC après la rencontre entre le PSG et le Real Madrid. "Le plus problématique, c’est que ce soir c’est un grand match, c’est là qu’on attend les grands joueurs et ce soir, c’est plus un boulet qu’autre chose. Il y a les erreurs techniques, les pertes de balle, le penalty raté, mais ça peut arriver à tout le monde. Mais c’est surtout dans le comportement. Il regarde ses chaussures, on a l’impression qu’il n’est pas heureux", a poursuivi l'ancien joueur du Paris Saint-Germain et aujourd'hui consultant.
Tout n'est pas à jeter
Certes, Messi ne semble pas tout à fait heureux et épanoui. Son manque d'entrain lors de la célébration des joueurs avec les supporters du Parc en est une preuve de plus. Pourtant, ce sont des images que l'on a déjà pu apercevoir lorsqu'il était encore à Barcelone. Une sorte de déconnexion momentanée durant une rencontre, ou après. La tête baissée après une défaite, comme pour rappeler qu'après avoir tout gagné, on peut encore avoir la haine de l'échec. C'est ce qui habite Messi. Depuis toujours.
Et pourtant, tout n'est pas à jeter dans la prestation de la Pulga face au Real Madrid. S'il a perdu 23 ballons durant les 90 minutes, il a également réussi 82 % de ses passes. Dans un rôle de faux numéro 9, Messi a décroché pour permettre à Di María et Mbappé de s'engouffrer dans les espaces. Face à un bloc bas proposé par Carlo Ancelotti et les siens, il n'avait d'autre choix que de dézoner pour créer des décalages, étirer la défense madrilène et permettre aux latéraux et aux ailiers de bonifier ces décalages. S'il n'a plus le coup de rein de ses 25 ans, Leo Messi est encore capable de faire des différences et de faire profiter de sa science du jeu et de la passe à des joueurs qui ne demandent que cela. La clé, c'est peut-être Emmanuel Petit qui l'a : se mettre au service de Mbappé, de Neymar et de Di María. Faire jouer plutôt que de jouer. Et à ce petit jeu, nul doute que la Pulga a encore beaucoup à donner.